par Myriam Berber
Article publié le 06/01/2009 Dernière mise à jour le 06/01/2009 à 23:15 TU
La guerre du gaz entre la Russie et l’Ukraine se traduit par une baisse des livraisons du gaz vers l’Europe.
( Photo : AFP )
La Russie se classe au troisième rang pour les réserves d’hydrocarbures, derrière l’Arabie Saoudite et l’Iran. Détenu à 50% par l’Etat russe, le géant Gazprom contrôle environ 87% des réserves de gaz en Russie et 20% des réserves mondiales. L’Union européenne est le marché favori et de loin le plus profitable pour Gazprom. Ses clients se trouvent en Europe centrale et occidentale, ainsi que dans les anciennes républiques soviétiques.
Mais le poids de la Russie dans les importations de gaz a chuté passant de 75% dans les années 1990 à plus de 40% aujourd’hui, selon Eurostat. La Bulgarie, la Finlande et la Slovaquie sont dépendants à 100%. La République tchèque à 80%, la Grèce à 75%, la Turquie, l’Autriche et la Hongrie à 60%, la Pologne à 50%, l'Allemagne à 42% et l’Italie à 28%. Et seuls 24% du gaz consommé en France et 16% au Royaume-Uni vient de Russie. Le gaz en direction de l'Union européenne est transporté essentiellement via l'Ukraine (80%) et la Biélorussie (10%).
Une situation différente selon les Etats européens
Avec cet arrêt des livraisons de gaz russe en Europe, tous les pays ne sont pas dans la même situation, d’autant plus que les températures ont baissé, un phénomène qui provoque une hausse de la consommation. Dans un communiqué au ton inhabituellement ferme, Bruxelles a dénoncé une rupture d'approvisionnement « complètement inacceptable, sans avertissement préalable et en contradiction manifeste avec les assurances données par les plus hautes autorités russes et ukrainiennes à l'Union européenne ».
La Bulgarie a prévenu qu'elle n'avait des réserves que « pour quelques jours » et appelé les consommateurs à utiliser « tout carburant alternatif possible ». Quant à la Croatie, non membre de l'UE, elle a décid é de réduire temporairement les fournitures à son secteur industriel. Pour sa part, l’Italie affirme que ses stocks sont à leur maximum, à 90%. La Pologne, qui importe 40% de son gaz de Russie, assure, elle aussi, que ses réserves sont importantes. En France, selon le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, le conflit russo-ukrainien « n’a aucun impact sur les approvisionnements ». Les premiers fournisseurs de gaz de la France sont le Norvégien StatoilHydro ou l’Algérien Sonatrach. La France peut également s’approvisionner en gaz naturel liquéfié (LNG) auprès des Caraïbes ou de Trinidad.
Gazprom, une entreprise très endettée
Le géant russe est présent sur les maillons de la chaîne gazière : extraction, transport, stockage et distribution jusqu’au client final. Gazprom est le premier exportateur de gaz au monde, son chiffre d'affaires est estimé à environ 84 milliards de dollars. Il représente, à lui seul, 8% du produit intérieur brut du pays. En Russie, Gazprom est considéré comme un Etat dans l’Etat. Le groupe emploie plus de 300 000 salariés, possède ses villes, ses hôpitaux et même des avions. Il détient des positions dans les banques, les assurances, les médias et la construction.
Mais avec la tourmente financière, Gazprom est devenu un colosse aux pieds d’argile, le géant russe ne fait ainsi plus partie des dix capitalisations mondiales. Le groupe reste l’une des entreprises russes les plus endettées. Frappé par la crise et la baisse du prix du pétrole, le géant russe a accumulé 35,4 milliards d’euros de dettes en 2008 et perdu 76% de sa valeur en Bourse. Depuis sa création en 1989, et sa privatisation cinq ans plus tard, Gazprom a toujours été une puissante arme pour le Kremlin pour asseoir son influence sur la scène internationale, que ce soit pour contrôler l’approvisionnement énergétique de l’Europe de l’Ouest, ou pour mettre au pas ses voisins, comme la Géorgie ou l’Ukraine, deux pays qui ont décidé ces dernières années de se rapprocher des Occidentaux et particulièrement des Etats-Unis.
Mais cette stratégie touche à sa fin, les trois principaux gisements gaziers commencent à s’épuiser et la Russie n’a pas engagé d’investissements massifs. Excepté ses projets de nouveaux gazoducs, qui ont en commun d’éviter le territoire ukrainien. La construction du Northstream, sous la mer Baltique, doit commencer cette année et pourrait s’achever en 2011. Le Southstream, construit avec l'appui du groupe pétrolier italien Eni, entre le Caucase russe et les Balkans, pourrait être mis en service en 2013.
« L’Europe cherche d’abord à diversifier ses approvisionnements en allant vers des nouveaux pays comme le Qatar ou l’Egypte, elle va également faire appel de plus en plus au gaz liquéfié, ce qui permettra de diversifier les approvisionnements ».
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