par RFI
Article publié le 06/01/2009 Dernière mise à jour le 06/01/2009 à 21:48 TU
Les avocats de Pierre Falcone, Arcadi Gaydamak, Jean-Charles Marchiani, Jean-Christophe Mitterrand et Charles Pasqua, tous soupçonnés d'avoir participé à un vaste trafic d'armes de guerre vers l'Angola, ont demandé mardi une interruption du procès et un supplément d'enquête dans le cadre de l'instruction. Cette demande a été formulée à la suite de l'ajout au dossier, lundi, d’une note déclassifiée de la Direction de la surveillance du territoire (DST) concernant le rôle de l’un des principaux inculpés, Arcadi Gaydamak, dans la libération de deux pilotes français capturés par les Serbes en 1995. Le président du tribunal correctionnel de Paris a considéré que ces demandes n’étaient pas de nature à empêcher la poursuite du procès.
Pierre Falcone (G), Arcady Gaydamak, Charles Pasqua et Jean-Christophe Mitterrand sont les quatre personnalités plus en vue dans le procès de vente d'armes à l'Angola.
(Photo : AFP)
Les avocats constatent que la note de la DST, datant de 1998 et confirmant l'intervention d'Arcadi Gaydamak et Jean-Charles Marchiani dans la libération de deux pilotes français capturés par les Serbes en 1995, n'a pas été jointe au dossier de l'instruction. Les avocats ont exprimé un certain étonnement, en précisant que le juge Philippe Courroye, lui-même, avait demandé la « déclassification » de cette note confidentielle, et qu'il n'avait finalement pas jugé utile de joindre sa demande au dossier. Marchiani avait remis en 1996 l’Ordre national du mérite à Gaydamak.
Voulant savoir s'il s'agissait d'une volonté délibérée d'instruire le dossier seulement à charge, les avocats de la défense ont demandé une suspension du procès Angolagate, pour supplément d'information. N'ayant pas eu gain de cause lors de l’audience de mardi après-midi, ils n'excluent pas la possibilité de porter plainte contre le juge Philippe Courroye, qui doit en principe être entendu comme témoin le 5 février prochain.
Cette vaste affaire de trafic d’armes vers l’Angola de 1993 à 1998 – 420 chars, 150 000 obus, 170 000 mines antipersonnel, 12 hélicoptères et six navires de guerre, entre autres - a rapporté aux deux principaux accusés, l’homme d’affaires français Pierre Falcone et à son associé israélien d’origine russe Arcadi Gaydamak, 790 millions de dollars. Une fortune qu’ils auraient en partie redistribuée à leurs différents «soutiens», une sorte de réseau d’influence financé par des paiements frauduleux.
Selon l’accusation, ces armes ont été vendues illégalement, sans les autorisations de l’Etat français, au gouvernement du président José Eduardo Dos Santos qui voulait en finir avec la rébellion de l’Unita dirigée par Jonas Savimbi. Quarante-deux personnes, dont des personnalités politiques françaises parmi lesquelles Charles Pasqua, Jacques Attali, Jean-Christophe Mitterrand et l’écrivain Paul-Loup Sulitzer, sont poursuivies aux côtés des deux hommes d’affaires.
Le procès qui a commencé le 6 octobre 2008 doit se poursuivre, en principe, jusqu’au 4 mars prochain. Lors de son ouverture, les avocats de Pierre Falcone ont notamment affirmé que la justice française n’était pas qualifiée pour juger cette affaire et que la vente d’armes à l’Angola était un « secret d’Etat ».
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