par Myriam Berber
Article publié le 08/01/2009 Dernière mise à jour le 08/01/2009 à 17:27 TU
Des travailleurs chinois arrivent à la gare de Xian dans la province de Shaanxi après avoir perdu leur emploi dans la région de Guangdong, le 23 novembre 2008.
(Photo : AFP)
Si la Chine n’a pas directement souffert de la crise financière, elle est frappée de plein fouet par le ralentissement des économies occidentales qui sont les principaux moteurs de sa croissance. Depuis l’été dernier, l’économie chinoise donne des signes d’essoufflement. Pour 2009, la Chine devrait se contenter d’une croissance de 8%. Un rythme d'expansion considéré comme minimum pour créer les 10 à 15 millions d’emplois nécessaires chaque année pour absorber l’augmentation de la population active dans les villes. Selon le Fonds monétaire international, la croissance chinoise pourrait descendre à 6% en 2009.
Ce ralentissement économique est essentiellement dû à la baisse de la demande des Etats-Unis et de l’Europe. Après des années de croissance annuelle supérieure à 20%, le rythme des exportations chinoises se situe aux alentours de 10%. Depuis cet été, des milliers d’usines ont fermé leurs portes dans le sud du pays, tandis que de nombreux groupes étrangers comme Adidas ont annoncé le déplacement de tout ou partie de leur production dans d’autres pays.
Des licenciements massifs
Dans la province du Guandong au sud, surnommée « l’atelier du monde », plus de la moitié des entreprises de jouets ont fait faillite, mettant au chômage des milliers de salariés. Les PME sont en première ligne mais également les grosses sociétés. Le fabricant de jouets Smart Union qui fournissait de grandes marques américaines de jouets a ainsi fermé à la mi-octobre et licencié des milliers d’ouvriers.
Selon les médias proches du pouvoir, dix millions de migrants ont perdu leur emploi, et depuis le troisième trimestre, les offres d’emploi ont baissé de 5,5%, particulièrement dans le sud, région exportatrice. Selon des chiffres officiels, la croissance de la province du Guandong a fortement baissé pour atteindre 10% en 2008 contre 14,7% en 2007. Les millions de travailleurs migrants chinois, venus des zones rurales, sont les plus vulnérables face à ce ralentissement économique. En raison de la crise, près de 600 000 travailleurs migrants ont quitté en 2008 cette région industrielle pour rentrer dans leurs provinces d’origine. Cette province industrielle, pionnière des réformes économiques, est avec la région du delta du Yangtze, dans l’est du pays, un des principaux pôles de la croissance chinoise. Ces deux régions ne couvrent que 2,6% du territoire, mais contribuent au tiers de son PIB et à 40% de ses revenus fiscaux, attirant une main d’œuvre abondante, venue de tout le pays.
L’immobilier et l’automobile, deux secteurs menacés
Autres illustrations de l’impact de la crise : les stocks de voitures invendues ont atteint leur plus grand niveau depuis quatre ans. Le constructeur Chery, le fer de lance de l’automobile chinoise à l’étranger, pourrait licencier 6 000 personnes et le français PSA Peugeot-Citroën prévoit de supprimer un millier d’emplois. Comme le marché de l’automobile, l’immobilier est également en crise. En 2008, les ventes ont ainsi chuté de près de 20% dans le pays.
Pour soutenir l’économie, les autorités chinoises ont annoncé, en novembre 2008, la mise en place d'un vaste plan de relance de 455 milliards d’euros sur les deux prochaines années. L’objectif est de dynamiser la consommation intérieure pour compenser la chute des exportations. L’essentiel de cet argent public sera consacré à des grands travaux d’infrastructure et à des politiques sociales. Des sommes importantes de ce plan vont donc être consacrées à la protection de l’environnement, aux projets éducatifs et au secteur de la construction. Chaque mois, la Chine doit construire l’équivalent d’une ville d’un million d’habitants pour répondre à ses besoins en logements.
Pour recentrer la croissance sur la consommation, le gouvernement chinois devra agir sur la propension des ménages à épargner. En raison des insuffisances du système de protection sociale, les Chinois économisent, en effet, plus de 50% de leurs revenus pour pouvoir payer leurs soins, leur retraite et l’éducation de leurs enfants. Pour soutenir l’activité, le gouvernement a également décidé de jouer sur toute une série de mesures fiscales : baisse des impôts et facilitation du crédit. Il en a les moyens avec ses gigantesques réserves de change. Fin octobre 2008, elles se montaient à 1 900 milliards de dollars, placées principalement en bons du Trésor américain.