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Télécommunications

La 3G en Chine, c’est parti !

par Myriam Berber

Article publié le 07/01/2009 Dernière mise à jour le 07/01/2009 à 21:03 TU

L'équipementier chinois Huawei Technologies profitera de la manne de la 3G.

L'équipementier chinois Huawei Technologies profitera de la manne de la 3G.

Le gouvernement chinois a officiellement attribué les licences de téléphonie mobile de troisième génération (3G). L’arrivée de la 3G en Chine permettra aux opérateurs de proposer de nouveaux services payants comme l’accès à internet, le téléchargement de musique, la vidéo ou encore le GPS, autant de services potentiellement payants.

Avec plusieurs mois de retards, le gouvernement chinois a accordé, mercredi 7 janvier 2009, les licences de téléphonie mobile de troisième génération (3G). Trois opérateurs, China Mobile, China Unicom et China Telecom, vont donc se partager ce nouveau marché de la téléphonie. China Mobile utilisera la norme nationale, TD-SCDMA, développée par la Chine, tandis que les deux autres opérateurs, China Unicom et China Telecom utiliseront respectivement des standards étrangers, l’européen WCDMA et l’américain CDMA 2000. 

Selon les premières estimations, près 30 milliards d'euros devraient être dépensés dans ces réseaux. La 3G va permettre aux utilisateurs de téléphones mobiles d’accéder à une panoplie de services multimédia, souvent payants : surfer, consulter et envoyer des e-mails, téléchargement de musique, écouter de la musique, de jeux, visiophonie, télévision… grâce à un débit supérieur à celui offert par la norme GSM actuelle.

Certaines interrogations persistent pourtant sur la mise en place technique et la rentabilité à court terme de la 3G. Le Japonais NTT DoCoMo a été le premier opérateur au monde à lancer une offre mobile de troisième génération en 2001. Mais depuis la 3G a essuyé quelques revers. Payante, plutôt chère, elle n’a pas trouvé sa place face au Wi-fi. Une technologie internet sans fil qui permet de se connecter en haut débit par ondes hertziennes, à coût relativement bas, d’une part en terme d'investissements sur place, et d’autre part en terme d'exploitation et de maintenance.

Les premiers consommateurs mondiaux de téléphones

Ce lancement de la 3G intervient alors que le marché de la téléphonie mobile enregistre une moindre croissance en Chine. Selon le cabinet d’études spécialisé Gartner, les ventes de téléphones mobiles auraient progressé de 6% durant le troisième trimestre 2008 à comparer à la croissance de 16% enregistrée à la même période de l’année 2007. Reste que le chiffre d’affaires total de l’industrie chinoise des télécoms a tout de même progressé de 7,6% durant les onze premiers mois de l’année 2008. Avec 634 millions d’abonnés, les Chinois sont devenus les premiers consommateurs mondiaux de téléphones et de communication mobiles. Le cabinet Gartner estime qu’au moins 270 millions d’entre eux devraient être au rendez-vous en 2011.

L’arrivée de la 3G est également très attendue par les grands équipementiers et fabricants de téléphones étrangers. Outre les équipementiers locaux comme ZTE et Huawei, les groupes occidentaux pourraient profiter de la manne. Alcatel-Lucent a ainsi décroché un contrat d'un milliard de dollars pour fournir des équipements 3G et notamment la fourniture de solutions de réseau mobiles.

Une grande muraille informatique

Mais comme pour l’internet, il faut s’attendre à ce que les autorités chinoises opèrent un contrôle sur les contenus multimédias accessibles sur ces téléphones troisième génération. Cette semaine, le ministère chinois de la Sécurité publique a décidé de sanctionner pas moins de dix-neuf fournisseurs d'accès internet et sites Internet qui ont failli aux recommandations gouvernementales. Ces sociétés ont été censurées pour ne pas avoir suffisamment régulé les contenus présents sur le Web.

Depuis 1997, les autorités chinoises ont mis en place une grande muraille informatique autour du pays. Cette politique de restriction de l’accès à Internet s’est manifestée par la mise en place de filtres installés par les fournisseurs d’accès chinois pour barrer l’accès aux informations politiquement sensibles. Et notamment les sites de médias étrangers (les sites de CNN, du New York Times) sont régulièrement inaccessibles de la Chine), d’organisations de défense des droits de l’homme où les internautes peuvent être confrontés au risque d’un déferlement d’idées étrangères subversives.

Mais, incapable de tout surveiller, l’Etat chinois a fait preuve de pragmatisme. La stratégie de la « cybermuraille » a été délaissée au profit d’un contrôle effectué par les fournisseurs d’accès et surtout par les responsables des sites eux-mêmes. Cette nouvelle stratégie avait consisté à établir, dès 2001, un cadre législatif très strict permettant de punir la « cybercriminalité et la cyberdissidence ». Aux termes de cette réglementation, les responsables de sites d’informations doivent censurer eux-mêmes les contenus qui vont à l’encontre des lois promulguées par les autorités. Et les sites web sont tenus pour responsables de la diffusion de toute information sensible, y compris sur les forums de discussions et tous les espaces dédiés aux internautes pour s'exprimer. Tout récemment, les autorités chinoises ont lancé une campagne nationale contre les moteurs de recherche Google et Baidu accusés d’attenter à la morale en diffusant des contenus indécents sur Internet.