par Myriam Berber
Article publié le 26/11/2007 Dernière mise à jour le 26/11/2007 à 15:11 TU
Le président français Nicolas Sarkozy (G) et son homologue chinois Hu Jintao se félicitent après la signature de plusieurs contrats avec des entreprises françaises.
(Photo : Reuters)
Au deuxième jour de la visite de Nicolas Sarkozy en Chine, Paris et Pékin ont signé, lundi 26 novembre 2007, pour environ 20 milliards d’euros de contrats commerciaux. Le double de ce que la presse économique annonçait ces derniers jours. Sans surprise, dans le dossier du nucléaire, le groupe Areva a finalisé la commande de deux réacteurs nucléaires de troisième génération (EPR). Seules deux centrales de ce type sont en construction, l’une en Finlande, l’autre sur le site EDF de Flamanville dans la Manche.
Les deux réacteurs seront livrés début 2014 au premier électricien nucléaire chinois, China Guangdong Nuclear Power Corps (CGNPC) sur le site de Taishan, dans le sud-est de la Chine, près de Macao. Cet accord prévoit également la fourniture du combustible uranium nécessaire à leur fonctionnement des deux réacteurs pendant 15 ans. Montant du contrat : 8 milliards d'euros. Pour Areva, il s'agit du plus gros contrat jamais signé depuis sa création en 2001. Fait rare, le groupe français a aussi obtenu que la majeure partie de ce contrat historique soit libellé en euros et non en dollars. « Nous n'avons pas de risques de change, c'est une première », s'est félicitée Anne Lauvergeon, la présidente du groupe, qui fait partie de la délégation d'une quarantaine de grands patrons qui accompagnent Nicolas Sarkozy.
Des centrales, des Airbus et des laboratoires
Avec cette signature, Pékin équilibre les contrats en matière de nucléaire. En décembre 2006, Areva s’était fait soufflé par son concurrent Westinghouse, contrôlé par le Japonais Toshiba, un contrat de près de 8 milliards de dollars pour la livraison de quatre centrales. Pékin avait, en effet, choisit le système à eau pressurisée de l’américain Westinghouse plutôt que la technologie EPR développée par Areva. Maintenant, c’est donc au tour du Français. L’accord de partenariat entre Areva et la CGNPC prévoit aussi un important volet coopération, notamment en matière d'ingénierie et de transfert de technologie. En marge du contrat avec Areva et avec la China Guangdong Nuclear Power Corps (CGNPC), l’électricien français EDF a signé avec la CGNPC un accord sur la création d’une société commune qui exploitera la centrale de Taishan.
Outre Areva, l’avionneur européen Airbus a signé avec les autorités chinoises une commande ferme de 160 appareils : 110 A-320 et 50 gros porteurs A-330. Montant de la facture : 12 milliards d’euros. Dans le domaine de la santé, le laboratoire Sanofi-Aventis, numéro un mondial des vaccins, et qui possède déjà trois usines de médicaments en Chine, a signé un accord pour la construction en 2008 d’un nouveau site de production de vaccins anti-grippaux dans le sud-est du pays, à Shenzen. Montrant de la facture : 64 millions d’euros. « Il s'agit du plus gros contrat jamais réalisé dans la biopharmarcie en Chine », s’est félicité Jacques Cholat, président de Sanofi Pasteur, la branche vaccins de Sanofi-Aventis. Le groupe français prévoit de produire plusieurs millions de vaccins contre la grippe saisonnière et en cas de pandémie de la forme humaine de la grippe aviaire.
Paris a signé avec Pékin plusieurs autres contrats. Alcatel a ainsi conclu un accord de 750 millions d'euros avec China Mobile, Alstom de 43 millions d'euros pour la signalisation du métro de Shanghai, Eurocopter de 80 millions d'euros pour la fourniture de dix hélicoptères EC-155.
Réévaluer le yuan
En marge des contrats commerciaux, les grands patrons comptent également sur le président pour dénouer une série de conflits en cours. Nicolas Sarkozy a ainsi abordé, lundi, avec son homologue Hu Jintao les difficultés des sociétés françaises Danone et Schneider Electric sur le territoire chinois. Le groupe alimentaire français Danone est ainsi en litige avec son partenaire historique chinois Zong Qinghou, avec lequel il a fondé Wahaha, numéro un local des boissons. Danone reproche à l’homme d’affaires chinois d’avoir développé tout un système de production et de distribution écoulant des produits de la marque Wahaha, en dehors du partenariat conclu en 1996. Autre litige, Schneider s’est fait condamner pour contrefaçon par son partenaire local.
Même s’ils sont en discussion depuis plusieurs mois, le fait que ces contrats soient finalisés pendant la visite de Nicolas Sarkozy est le signe que les autorités de Pékin entendent travailler en parfaite coopération avec la France. Mais « entre partenaires, on a le devoir de se parler », a expliqué Nicolas Sarkozy à son homologue le président chinois Hu Jintao. Comme il l’avait fait à Washington le mois dernier, il a appelé Pékin à réévaluer sa monnaie et à respecter les règles du commerce international. Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, accusent Pékin de maintenir leur monnaie nationale à un niveau artificiellement bas, ce qui favorise les exportations chinoises. Les économistes estiment que le yuan est sous-évalué, ce qui revient, selon eux, à subventionner illégalement les produits chinois à l'étranger. Hormis le débat sur la valeur du yuan, d’autres sujets entre les présidents français et chinois ont été abordés et notamment la lutte contre la contrefaçon et la protection de la propriété intellectuelle.