par Piotr Moszynski
Article publié le 08/01/2009 Dernière mise à jour le 08/01/2009 à 20:07 TU
De droite à gauche : Helge Lund, PDG de StatoilHydro, Aslaug Haga, ministre norvégien du Pétrole et de l'Energie, Tom Rotjer, directeur de projet d'Ormen Lange Hydro, Stephen Timms, ministre d'Etat à la Compétitivité, Eivind Reiten, PDG de Hydro, Jeroen Van der Veer, PDG de Shell, avant l'ouverture du terminal de raffinerie du gaz du champ d’Ormen Lange, le 6 octobre 2007.
(Photo : AFP)
L’exportation actuelle de 85 milliards de mètres cubes par an place la Norvège à la troisième place parmi les fournisseurs mondiaux du gaz naturel, derrière la Russie et le Canada. Toutefois, la mise en service du champ d’Ormen Lange en octobre 2007 lui permettra de monter d’une place dans le classement. Lorsque la production d’Ormen Lange aura atteint sa capacité optimale – ce qui est prévu en 2010 – les volumes exportés grimperont à 120 milliards de mètres cubes par an, ce qui permettra aux Norvégiens de devancer le Canada et de satisfaire 20% des besoins européens. Selon les projections du gouvernement, en 2020 la Norvège devrait devenir le premier fournisseur en gaz de l’Union européenne.
Les équipements sous-marins d’Ormen Lange sont conçus pour couvrir, à eux seuls, 20% des besoins de la Grande-Bretagne en gaz pour les quarante ans à venir. Le champ est connecté au plus long gazoduc du monde (1 200 km) qui achemine le gaz norvégien directement en Angleterre, ce qui assure à la Norvège le statut d’un fournisseur particulièrement fiable et stable.
La fiabilité et la stabilité caractérisant le royaume de Norvège également sur le plan politique et macroéconomique, le pays pourrait potentiellement jouer un rôle beaucoup plus important sur la scène internationale que celui qui est le sien aujourd’hui. Est-ce que c’est son ambition ? Rien n’est moins sûr.
Pureté et pragmatisme
Le fait de disposer de grandes ressources pétrolières et gazières lui garantit non seulement un bien-être exceptionnel mais, du moins en théorie, une capacité de pression politique tout aussi exceptionnelle. Cependant, rien n’indique que la Norvège ait l’intention d’en profiter. La raison principale en est sans doute la tradition scandinave d’une certaine pureté, d’un grand pragmatisme et d’un goût très peu prononcé pour les ambitions impériales. Cette attitude générale envers le monde et ses problèmes se manifeste en particulier dans le domaine de la protection de l’environnement (les installations pétrolières et gazières norvégiennes sont d’ailleurs exemplaires sur ce plan), mais aussi dans le commerce, ou encore en politique internationale.
Pour l’anecdote, on pourrait se souvenir d’une juge d’origine norvégienne qui, conduite par la force de ses principes immuables et celle d’une foi un peu naïve dans les principes des autres, tentait de moraliser la vie politique en France et a finalement dû déclarer forfait et rentrer en Norvège. Mais, au-delà de l’anecdote, il n’est pas difficile de remarquer que les Norvégiens jouent souvent un rôle important et constructif dans le jeu international mais, pour le faire, ils se font toujours très discrets, sans jamais hausser le ton ou montrer les muscles.
Endroit privilégié
On sait, par exemple, qu’Oslo fait partie des endroits privilégiés pour développer des contacts ou mener des entretiens plus ou moins secrets pour résoudre les problèmes qui comptent parfois parmi les plus importants au monde. Les accords d’Oslo, fruit de longues négociations menées dans la ville entre l’Organisation de libération de la Palestine et l’Etat d’Israël, en sont l’exemple le plus connu. Négociations qui aboutirent, le 13 septembre 1993, à la poignée de main historique entre Itzhak Rabin et Yasser Arafat. Les Norvégiens étaient aussi toujours très présents – et toujours très discrètement – dans les négociations entre les Tigres tamouls et le gouvernement de Sri Lanka.
Ainsi, même s’ils triplaient leur richesse provenant du gaz et du pétrole, les Norvégiens ne seraient probablement pas trop enclins à abandonner cette voie où ils privilégient toujours la coopération et le compromis négocié. On les voit mal s’essayer au chantage par rapport aux Britanniques ou menacer la petite Islande plongée dans la crise financière. Si, un jour, ils décident vraiment de renforcer leur position politique – ce qui ne semble pas être, pour le moment, à l’ordre du jour – ils auront certainement tendance à utiliser des méthodes beaucoup plus subtiles. En tout cas, ils en ont maintenant les moyens.
A écouter
Si la Norvège veut rivaliser avec la Russie, il faut d'abord qu'elle augmente sa production, or c'est en mer et donc coûteux.
08/01/2009
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