par RFI
Article publié le 26/01/2009 Dernière mise à jour le 26/01/2009 à 20:34 TU
Rassemblement des partisans d'Andry Rajoelina, le maire d'Antananarivo, le 24 janvier 2009.
(Photo : AFP)
La foule a fait brûler la centrale d’achats Magro qui appartient au chef de l’Etat, après s’être attaquée à la radiotélévision présidentielle MDS. Selon une information fournie par le maire Andry Rajoelina, il y aurait eu à cet endroit deux morts dans des affrontements avec la garde présidentielle. Plus tôt dans la journée, tout avait débuté sur la place du 13-mai, où le maire avait convoqué ses partisans et, à la fin de son discours, il a exhorté la foule immense, estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes, à le suivre vers le palais de Justice, pour réclamer la libération de trois étudiants accusés d’avoir lancé des cocktails Molotov la semaine dernière. C’est là que les violences ont commencé, avec le saccage de la radio et de la télévision nationale qui sont juste à côté de la place. Pendant tout ce temps, on n’a vu aucune force de l’ordre et même trois heures après, alors que des milliers de personnes étaient encore à s’acharner sur les locaux.
« Les gens brûlent le patrimoine du président, les gens réclament ce qu’il a pillé [...] Toute cette pagaille-là, c’est la manière pour les Malgaches d’exprimer que ce régime-là ne les satisfait plus ! »
La résidence de Moks, un proche conseiller du président Ravalomanana, a été saccagée. Cette maison se trouve dans l'est d'Antananarivo, un quartier résidentiel situé sur une colline. Moks et sa famille sont saufs, mais ils ont tout perdu.
« Une centaine de personnes sont venues, nous ont menacés, ont voulu incendier la maison, ils sont arrivés, ont tout saccagé, il ne reste plus rien… »
Les rapports sont très tendus entre le chef de l'Etat et le maire d’Antananarivo, dont les partisans ont des revendications à faire valoir. Des personnes présentes sur la place du 13-mai ont déclaré, ce lundi, que le président Ravalomanana avait fait beaucoup de promesses qu’il n’avait pas tenues, et que la vie était « toujours très difficile pour manger et éduquer ses enfants ».
Beaucoup ont évoqué aussi la démocratie, puisque tout a débuté avec la fermeture de la télévision du maire, Viva-TV, le 13 décembre 2008, après la diffusion de déclarations de l’ancien président Ratsiraka éxilé en France depuis 2002. Mais ensuite il y a eu cette violence. Tout le monde ne partage pas ces actions qui sont intervenues devant beaucoup de personnes qui se contentaient de regarder. Ce phénomène de pillage semble assez nouveau à Madagascar. Une dame a déclaré qu’elle soupçonnait une « manipulation » visant à décrédibiliser le mouvement. Les manifestants se sont donc attaqués aux symboles Magro et MBS qui appartiennent au président de la République. Il y a donc un fort ressentiment contre le chef d’Etat malgache.La place du 13-mai est le symbole de la prise du pouvoir de Marc Ravalomanana. En 2002, des dizaines de milliers de personnes s’y réunissaient chaque jour pour réclamer sa victoire à l’élection présidentielle à l’issue du premier tour. En appelant ses partisans à la grève et à venir, ce lundi, sur cette même place, le maire Andry Rajoelina, 34 ans, dit « TGV » comme train à grande vitesse, espère sans doute que l’histoire se répétera à son bénéfice cette fois.
Dimanche, le président Marc Ravalomanana a lui aussi réussi à rameuter la foule, même si elle n’était pas entièrement acquise à sa cause. La partie s’annonce donc serrée entre les deux camps. Le président a la légalité pour lui et il le rappelle chaque fois, assimilant l’action d’Andry Rajoelina à une « tentative de coup d’Etat ». Les émetteurs et les studios de la radio télévision Viva du maire sont sous surveillance populaire. Mais l’enjeu dépasse désormais cette question qui avait déclenché la crise il y a un mois. Le clan d’Andry Rajoelina « TGV » dit vouloir « aller jusqu’au bout » sans que l’on sache ce que cela veut dire.Le gouvernement français « suit avec attention la situation » et a appelé lundi au respect de « l’ordre constitutionnel » et des principes démocratiques à Madagascar. Le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères a notamment déclaré que « seul un dialogue politique entre les parties permettra une solution pacifique à cette crise ». Des conseils de prudence ont été donnés, « à titre de précaution », à la communauté française, l’incitant à éviter de se rendre dans le centre de la capitale malgache. Le ministère français des Affaires étrangères conseille aussi « aux voyageurs de différer tout déplacement non indispensable vers Madagascar ».
Premier ministre
« La sagesse malgache vérifiée au niveau des dirigeants, de monsieur le maire et de monsieur le président de la République nous amène à croire que la solution de paix sera retrouvée très vite ».
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