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12e sommet de l'Union africaine

Gêne et inquiétude après l'élection de Kadhafi

Article publié le 03/02/2009 Dernière mise à jour le 03/02/2009 à 16:11 TU

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi entend désormais se faire appeler « roi des rois traditionnels d'Afrique ».(Photo : Reuters)

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi entend désormais se faire appeler « roi des rois traditionnels d'Afrique ».
(Photo : Reuters)

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, réunis à Addis-Abeba, ont  élu hier à huis clos le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à la tête de l'organisation pour un an, en remplacement du président tanzanien Jakaya Kikwete. Selon la règle de l'UA, la présidence revenait cette année à l'Afrique du Nord, et Mouammar Kadhafi était le seul dirigeant de sa région présent à Addis-Abeba. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer son élection, notamment parmi les défenseurs des droits de l'homme.

Avec nos envoyés spéciaux à Addis-Abeba, Jean-Karim Fall et Christophe Boisbouvier

« Je vais vous provoquer, mais c’est pour le bien de l’Afrique », le colonel Kadhafi a annoncé la couleur dans son premier discours à huis-clos devant des chefs d’Etat gênés, dans une atmosphère glacial selon un témoin direct.

Celui qu’il faut désormais appeler « roi des rois traditionnels d’Afrique » est réaliste : « Je sais que certains d’entre vous sont déçus », a-t-il déclaré. Le président sortant de l’organisation, le Tanzanien Kikwete, n’a pas cité une seule fois le nom de son successeur dans son discours bilan.

Quoiqu’il en soit, le premier acte du nouveau président en exercice de l’Union a été de pratiquer la politique de la chaise vide. Le colonel Kadhafi n’a pas présidé la séance de travail hier après-midi consacrée au thème officiel du sommet, le développement des infrastructures. Il a préféré rester sous une tente dressée dans les jardins de l’un des palaces d’Addis-Abeba. Cette absence a suscité, parmi les délégués, des commentaires amers : « Il ne peut pas s’abaisser à siéger avec des présidents », a déclaré un vieux routier des conférences africaines.

L’accession du colonel Kadhafi à la tête de l’Union africaine risque, selon plusieurs diplomates, de paralyser une organisation qui venait de sortir d’un coma profond.

Ambiance tendue

Dans son discours bilan, le président sortant de l’UA, le Tanzanien Kikwete, n’a pas cité une seule fois le nom de son successeur.(Photo : Reuters)

Dans son discours bilan, le président sortant de l’UA, le Tanzanien Kikwete, n’a pas cité une seule fois le nom de son successeur.
(Photo : Reuters)

Le jeune chef d’Etat tanzanien n’aime pas les dinosaures en politique et il le dit. Hier, lors de son discours bilan à la tête de l’Union africaine, il a longuement parlé du Zimbabwe et a cité plusieurs fois le nom de Morgan Tsvangirai mais pas une seule fois celui de Robert Mugabe, qui était pourtant assis à quelques mètres de lui dans la grande salle de l’Africa Hall.

Jakaya Kikwete a été élu démocratiquement dans son pays et il aimerait bien ne pas être un oiseau rare. Dans son discours en kiswahili, il a eu cette phrase : « Nous, les chefs d’Etat africains, nous ferions bien de consacrer plus de temps au développement de nos pays et moins de temps à nous accrocher au pouvoir par tous les moyens ».

Quelle est l’opinion du président tanzanien sur Mouammar Kadhafi ? Pas très bonne apparemment car, toute la matinée d’hier, Kikwete a ignoré son successeur et s’est arrangé pour que celui-ci soit élu à huis clos et non par acclamation.

La réplique du numéro un libyen n’a pas tardé : « Je sais que certains chefs d’Etat ici présents sont déçus par mon élection et je vais les provoquer, mais c’est pour le bien de l’Afrique ». Ambiance.

A écouter

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