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Kirghizistan / Etats-Unis

Manas, une base stratégique pour l'Afghanistan

par Sylvain Biville

Article publié le 05/02/2009 Dernière mise à jour le 05/02/2009 à 12:19 TU

La base américaine de Manas au Kirghizistan.(Photo : Vyacheslav Oseledko/AFP)

La base américaine de Manas au Kirghizistan.
(Photo : Vyacheslav Oseledko/AFP)

Le gouvernement kirghiz a décidé de faire fermer une base américaine située sur son territoire et pour cela un projet de loi sera examiné la semaine prochaine au Parlement. La décision avait été sous-entendue ce mercredi à Moscou, par le président kirghiz, Kourmanbek Bakiev, en compagnie de son homologue russe Medvedev. La Russie souhaitait depuis longtemps la fermeture de cette base au Kirghizistan.

La base aérienne américaine de Manas, au Kirghizistan, est l'un des points de passage pour les vivres, les équipements et le carburant destinés aux 50 000 soldats de l'OTAN stationnés en Afghanistan. La voie principale reste Peshawar, au Pakistan, plus au sud, par où transitent actuellement 75% de l'approvisionnement. Mais cette route montagneuse, empruntée par de nombreuses armées depuis Alexandre le Grand, est de moins en moins sûre. Elle a encore été fermée pendant 24 heures cette semaine, après une attaque des talibans qui ont dynamité un pont.

L'état-major américain prévient depuis des mois qu'il va falloir diversifier les voies d'approvisionnement. C’est d’autant plus urgent que les Etats-Unis s'apprêtent à doubler leur contingent en Afghanistan, avec l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires dans les 18 mois, voulu par Barack Obama. Dans ce contexte, le Pentagone comptait renforcer les approvisionnements par l’Asie centrale. Manas, au Kirghizistan, est « une base aérienne d’une importance capitale », confiait mardi un porte-parole du ministère américain de la Défense.

Dernière base américaine en Asie centrale

Un millier d’hommes, dont des Français et des Espagnols sont actuellement stationnés en permanence sur la base de Manas, ouverte par les Etats-Unis en décembre 2001, dans la foulée des attentats du 11 septembre. C'est la dernière base américaine en Asie centrale depuis la fermeture, en 2005, d'une autre installation dans l'Ouzbékistan voisin, en raison de différends entre Washington et Tachkent sur la question des droits de l’homme.

Le gouvernement kirghize a une première fois demandé le départ des soldats américains en 2006, après une bavure qui a coûté la vie à un civil. Un accord est intervenu après une augmentation du « loyer » : les Etats-Unis payent actuellement 63 millions de dollars annuels. En janvier, le général David Petraeus, qui dirige le Commandement central des forces américaines (CentCom), a laissé entendre, lors d’une visite sur place, que les Etats-Unis étaient prêts à accroître leur aide au Kirghizistan.

La fermeture de la base de Manas, un test pour Obama ?

« Barack Obama s’est engagé à faire de l’Afghanistan l’une de ses priorités. Et la base de Manas au Kirghizistan est l’un des éléments de la réussite de sa stratégie. Dans ce contexte, les menaces de fermeture ressemblent fort à une manière, pour Moscou de tester le nouveau président américain. »

05/02/2009 par Sylvain Biville