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Finance

Polémique sur les salaires des patrons des entreprises «aidées»

par Myriam Berber

Article publié le 05/02/2009 Dernière mise à jour le 05/02/2009 à 16:38 TU

Logos des six banques françaises aidées par l'Etat.(Photo : DR)

Logos des six banques françaises aidées par l'Etat.
(Photo : DR)

Les dirigeants des entreprises aidées par le gouvernement américain verront leurs revenus plafonnés à 500 000 dollars par an. Un changement de cap important aux Etats-Unis alors que se prépare une réforme du système financier. Des mesures de moindre ampleur ont aussi été prises en Europe.

Irrité par les 18,4 milliards de dollars de bonus distribués en 2008 à Wall Street, le président américain Barack Obama a annoncé, mercredi 4 février 2009, que les patrons des entreprises qui ont bénéficié du soutien financier de l’Etat ne pourront percevoir par an plus de 500 000 dollars, soit 390 000 euros. Les parachutes dorés, les sommes d’argent prévues en cas de rupture de contrat, seront aussi réduits à l’équivalent d’un an de salaire. Quant aux dépenses et autres avantages en nature, ils devront être approuvés par les administrateurs. Parmi les sociétés concernées, les constructeurs automobiles (General Motors et Chrysler) et les banques qui ont bénéficié du plan Paulson comme Citygroup, Bank of America ou bien encore l’assureur AIG.

Barack Obama entend ainsi répondre à la colère des Américains qui, par leurs impôts, ont contribué à maintenir à flot ces entreprises. Selon lui, l’argent du contribuable ne doit pas servir à verser les dédommagements excessifs à Wall Street. A titre d’exemple, Kenneth D. Lewis, le patron de l’assureur AIG, a touché 20 millions de dollars de rémunérations en 2007, bonus et stock-options compris. Rick Wagoner, patron de General Motors, a, quant à lui, reçu 15 millions de dollars.

La fuite des investisseurs

A Wall Street, la pilule est difficile à avaler. Les investisseurs sont évidemment défavorables à cet interventionnisme de l’Etat. De l’autre côté de l’Atlantique, en France, cette mesure fait également débat. La présidente du patronat français a désapprouvé cette décision qui risque, selon elle, de pénaliser les pays qui l’adopteraient. Les patrons pourraient, en effet, vouloir exercer leur talent ailleurs. « Il y a le risque que partent les hommes et les femmes qui sont peut-être pour partie responsables de la crise actuelle. Mais qui sont aussi les plus compétents pour mettre en œuvre les solutions », prévient Laurence Parisot.

En France, Nicolas Sarkozy a fait de la guerre aux bonus, un de ses thèmes de prédilection. Il devait s’exprimer jeudi soir à la télévision sur ce sujet. Sous sa pression, les patrons des banques renflouées par l’Etat ont renoncé à leur bonus. Le président et le directeur général de BNP Paribas ont été les premiers en janvier dernier. Leurs homologues de la Société Générale et du Crédit Agricole se sont ensuite pliés, suivis par l’ensemble de la corporation. Autre cible du gouvernement : les patrons du secteur automobile. Le premier à obtempérer a été le PDG de Renault, Carlos Ghosn.

Après les banquiers, les traders

En France, de nouvelles mesures sont à attendre. Un rapport d’information sur la rémunération des patrons a été confié au député UMP Philippe Ouillon. Il sera rendu public en juin. Dans d’autres pays européens, le besoin d’assainir la vie des affaires se fait sentir. En Grande-Bretagne, le Premier ministre Gordon Brown a annoncé mi-octobre que les dirigeants des banques ayant reçu des fonds publics (RBS, HBOS et Lloyds) ne recevraient aucun bonus en numéraire au titre de 2008. Même chose aux Pays-Bas où les dirigeants des banques renflouées par l’Etat ont renoncé à leurs bonus. L’Allemagne est le seul pays à avoir mis en place un dispositif de limitation des rémunérations des dirigeants dans le secteur financier. En Belgique, le gouvernement avait promis de mettre fin aux parachutes dorés en limitant les primes de départ à 12 mois de salaire. Mais l’avant-projet de loi a été recalé par le Conseil d’Etat.

Après les patrons, les gouvernements pourraient mettre la pression sur les traders. Certaines primes représentent parfois plusieurs mois de salaires, soit quelques centaines de milliers d’euros. La banque britannique Barclays a annoncé à tous ses cadres supérieurs qu’ils ne toucheraient aucune prime pour 2008.