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France

La guerre aux bonus est déclarée

par Myriam Berber

Article publié le 21/01/2009 Dernière mise à jour le 21/01/2009 à 18:10 TU

Pour faire face à la crise financière, le gouvernement français va de nouveau aider les banques. En échange, leurs dirigeants s'engagent à renoncer à leur bonus. Sur la question des dividendes, les banques n’ont pas pris d’engagements formels. Après les banquiers, le gouvernement met la pression sur les patrons du secteur automobile.

Michel Pébereau (d) et Baudouin Prot (g), ont été les premiers à annoncer, le 17 janvier, qu’ils renonçaient à leur bonus de 2008.(Photo : AFP)

Michel Pébereau (d) et Baudouin Prot (g), ont été les premiers à annoncer, le 17 janvier, qu’ils renonçaient à leur bonus de 2008.
(Photo : AFP)

Nicolas Sarkozy a finalement eu gain de cause. Après avoir traîné les pieds, les patrons des grandes banques françaises ont finalement tous obtempéré. Conformément au vœu de chef de l’Etat, ils renoncent à leur bonus de fin d’année. Ce revirement  ne doit rien au hasard. En échange, les banques vont avoir le soutien financier de l’Etat. Les présidents et directeur général de BNP Paribas, Michel Pébereau et Baudouin Prot, ont été les premiers à annoncer, le 17 janvier, qu’ils renonçaient à leur bonus de 2008. Leurs homologues de la Société générale et du Crédit Agricole se sont ensuite pliés, suivis par l’ensemble de la corporation.

Pour les dirigeants des banques, la pilule est difficile à avaler, car ces bonus sont souvent supérieurs aux salaires fixes. A titre d’exemple, le directeur général de BNP Paribas, Baudouin Prot, a touché pour 2007 un salaire de 900 000 euros et un bonus de 2,27 millions d’euros. Ces bonus sont liés à des résultats, et avec la crise, ceux-ci devraient être moins bons. Natixis, filiale de la Caisse d’épargne, qui affiche des pertes en 2008, ne devrait pas être concernée. Mais ce pourrait être le cas pour BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Agricole bénéficiaires en 2008.  

Renforcer les fonds propres des banques

Autre objectif du gouvernement : les dividendes versés aux actionnaires. « Il faut limiter les dividendes versés aux actionnaires », a réaffirmé la ministre de l’Economie Christine Lagarde. Sur cette question sensible en revanche, les banques n’ont pas pris d’engagements formels. Ceci apparaît pourtant comme un préalable indispensable à l’attribution d’une nouvelle aide publique de 10,5 milliards d’euros. Un premier prêt d’un montant équivalent avait été accordé fin 2008 aux établissements bancaires.  

Ces fonds sont destinés à renforcer les fonds propres des banques, afin qu’elles puissent faire des prêts aux entreprises et aux ménages.  Pour les pouvoirs publics, il faut sortir de la spirale : baisses des cours de la Bourse, hausse des coûts de refinancement, baisse de la confiance et crise de liquidités. Les six établissements qui ont bénéficié de la première aide de l'Etat, se partageront les fonds publics de la deuxième tranche. A savoir : la Société générale, BNP Paribas, le Crédit Agricole, les Banques populaires, les Caisses d’Epargne ainsi que le Crédit mutuel.

La fédération syndicale Force ouvrière des banques s’est déclarée satisfaite de cet engagement. Ce renoncement est « une bonne chose ». De même, « les pressions du gouvernement sur les dividendes vont dans le bon sens », a jugé FO Banques dans un communiqué. De son côté, la présidente du Medef, le patronat français, a estimé, mercredi 21 janvier 2008, que ce rappel à l'ordre des banquiers par l'Elysée n'était pas « forcément nécessaire ». Pour Laurence Parisot, il s'agit « d'un geste de solidarité qu'ils s'apprêtaient tous à faire».

La Grande-Bretagne, l’Allemagne et les Pays-Bas

Après les banques, la ministre de l’Economie Christine Lagarde espère qu’à leur tour, les patrons du secteur automobile vont devoir renoncer à leur bonus. Sur la chaîne de radio RTL, Christine Lagarde a ainsi jugé « tout à fait normal et légitime » que, compte tenu du soutien financier de l’Etat, les dirigeants des constructeurs automobiles renoncent à leur bonus comme viennent de le faire leurs homologues des banques.  

La chasse au bonus est à l’ordre du jour dans de nombreux pays européens. En Grande-Bretagne, le Premier ministre Gordon Brown a annoncé mi-octobre que les dirigeants des banques ayant reçu des fonds publics (RBS, HBOS et Lloyds) ne recevraient aucun bonus en numéraire au titre de 2008. Même chose en Allemagne, où le président de la Deutsche Bank, Josef Ackermann, a annoncé renoncer à sa prime annuelle « par solidarité » avec ses salariés. Aux Pays-Bas, ce sont les assureurs ING et Aegon qui ont renoncé à leurs bonus, en contrepartie de l’aide du gouvernement.