par Myriam Berber
Article publié le 04/12/2008 Dernière mise à jour le 05/12/2008 à 10:31 TU
Alors que la récession menace et que le nombre de chômeurs est repassé au-dessus de la barre des 2 millions, le président Nicolas Sarkozy a dévoilé, lors de son déplacement à Douai, un plan de relance consacré en priorité à l’investissement. Ce n’est pas un hasard si le chef de l’Etat a choisi cette ville dans le nord de la France. C’est à Douai que le candidat avait fait son premier grand discours économique. Une ville qui est également le siège d’une des usines du constructeur automobile Renault.
« La meilleure politique de relance possible, c’est celle qui soutient l’activité d’aujourd’hui et qui prépare la compétitivité de demain. »
Pour soutenir la production, Nicolas Sarkozy a dévoilé un plan de relance essentiellement ciblé sur l’investissement qui met largement à contribution les grandes entreprises publiques et les collectivités locales. L’Etat va accélérer la mise en chantier de projets d’infrastructures publics pour l’essentiel déjà programmés. Le chef de l'Etat a cité notamment l'entretien des réseaux (électricité, gaz, RATP, Poste), la construction ou rénovation des maisons de retraite, hôpitaux, crèches. Parmi les travaux envisagés : la réalisation du canal Seine-Nord et l'avance en parallèle de quatre lignes de TGV. Pour financer ce premier volet de mesures, l’Etat va mobiliser 10,5 milliards d’euros d’investissements supplémentaires.
Un fonds de 300 millions d’euros pour la filière automobile
Le second volet de mesures concerne la trésorerie des entreprises. Ces dernières semaines, de nombreuses PME ont fait part de leurs difficultés à accéder au crédit. Les frais augmentent, les relations avec les banques sont de plus en plus difficiles. Dans ce contexte, Nicolas Sarkozy a annoncé des mesures pour soulager la trésorerie des entreprises et leur permettre d’investir. L’Etat va ainsi rembourser par anticipation ses dettes à hauteur de 11,5 milliards d’euros : crédit d’impôt recherche, remboursement d’acompte de l’impôt sur les sociétés ou de TVA. Pour lutter contre la hausse du chômage, les entreprises de moins de 10 salariés seront exonérées de la totalité des charges patronales pour les embauches réalisées en 2009 de salariés payés jusqu’à hauteur de 1,6 fois le Smic. Du côté des salariés, les mesures prévoient l’extension du contrat de transition professionnelle (CTP) et l’assouplissement de la réglementation sur le chômage partiel.
Les secteurs de l’automobile et logement, particulièrement frappés par la crise, bénéficient également de mesures de soutien. En ce qui concerne l’automobile, la fameuse prime à la casse, déjà expérimentée dans les années 1990, fait son retour. Afin d’écouler les stocks d’invendus, cette prime passe de 300 euros aujourd’hui pour une voiture de plus de 15 ans à 1 000 euros pour les véhicules de plus de 10 ans. Le plan prévoit également de soutenir les sous-traitants de la filière automobile avec la création d'un fonds de restructuration de la filière automobile, financé par les constructeurs et par l'Etat à hauteur de 300 millions d'euros. De plus, le plan envisage la mise en place d’un dispositif d’une déduction des intérêts d’emprunt et un programme de soutien au développement de véhicules propres.« Il s'agit d'abord d'écouler les stocks pour que la production puisse reprendre. [...] L'autre urgence est de débloquer le crédit automobile. »
Une prime de 200 euros en attendant le RSA
Autre secteur favorisé : le bâtiment. Les ventes de logements neufs en France continuent de reculer. Les mises en chantier et les permis de construire ont également baissé. Dans ce contexte, le prêt à taux zéro (PTZ) va être doublé pour l'achat du logement neuf. Le doublement du prêt destiné à l'achat de la première résidence principale est distribué sous conditions de ressources. Du côté des ménages les plus démunis, Nicolas Sarkozy a annoncé le versement par l’Etat, fin mars 2009, d’une prime de 200 euros. Ce montant qui représente 760 millions d'euros, anticipe la mise en place, en juin, du revenu de solidarité active (RSA).« Nous avons décidé de doubler le prêt à taux zéro et un programme supplémentaire de construction de 70 000 logements sera lancé dès l’année 2009. »
Ces mesures françaises devraient atteindre 1,3% du produit intérieur brut (PIB), soit une enveloppe globale de 26 milliards d’euros. Sans surprise, ce plan sera financé pour une bonne part par un accroissement du déficit budgétaire de la France, qui frôle déjà la limite de 3% du PIB fixée par Bruxelles. Le chef de l'Etat a promis que « ce dérapage, évalué à 15,5 milliards d'euros en 2009, serait limité à l'année prochaine ». Mais le plan français reste cohérent avec le plan de relance de la Commission européenne qui prévoit une fourchette d’1,5% du PIB pour chacun des 27 Etats membres.
Beaucoup de réactions
« C’est largement insuffisant bien sûr. Les titulaires du RSA qui souffrent terriblement d’une absence de pouvoir d’achat prendront ce chèque dès le printemps prochain ».
05/12/2008
« La France n'a toujours pas de plan à la hauteur... Ce qui bloque la relance c'est le problème du pouvoir d'achat. Toute l'Europe dit qu'il faut relancer le pouvoir d'achat, le logement, les infrastructures... »
05/12/2008
« Si les marchés continuent de baisser, l'industrie automobile devra procéder à des coupes supplémentaires de production... »
05/12/2008
« L'Etat a raison de nous soutenir... Ce plan contribuera à un ralentissement des suppressions de postes, cela va dans le bon sens...»
05/12/2008
« La prime à la casse est un peu juste et on aurait voulu que les véhicules plus récents soient concernés... Les mesures devraient être plus pérennes... Le marché a surtout besoin de confiance... »
05/12/2008
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