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Madagascar

Le bras de fer continue

par  RFI

Article publié le 11/02/2009 Dernière mise à jour le 11/02/2009 à 13:20 TU

Le maire de la capitale malgache Andry Rajoelina, le 31 janvier 2009.( Photo : Reuters )

Le maire de la capitale malgache Andry Rajoelina, le 31 janvier 2009.
( Photo : Reuters )

Malgré les violences, malgré les appels au dialogue, le maire déchu d'Antananarivo, Andry Rajoelina, poursuit son bras de fer avec le pouvoir. Mardi matin devant la foule réunie sur la place du 13-Mai, le camp du maire destitué de la capitale malgache a annoncé la nomination de quatre « ministres » sensés remplacer, selon lui, les actuels titulaires des portefeuilles de la Sécurité intérieure, de la Décentralisation, de l'Intérieur et des Finances. Andry Rajoelina a aussi appelé à une nouvelle journée ville morte. Il demande aux Tananariviens de rester chez eux, ce mercredi. Dans ce contexte, l'envoyé spécial de l'ONU, Haïle Menkerios, a décidé de prolonger sa mission. Il a réclamé une solution « pacifique et démocratique ». De son côté l'ancien ministre ivoirien des Affaires étrangères, Amara Essy, envoyé par l'UA, n'était pas arrivé hier soir sur la Grande Ile.
Avec notre envoyé spécial et notre correspondant à Antananarivo,

Haïle Menkerios, l'envoyé spécial des Nations unies à Madagascar a décidé de prolonger sa mission à Antananarivo. Sans doute a-t-il été encouragé par l'accord qu'il a décroché des deux protagonistes sur le principe d'une sortie de crise négociée.

Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina devraient également faire part de leurs bonnes intentions lors de leur rencontre avec l'émissaire de l'Union africaine ou encore avec le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet.

Seulement une fois sortis de ces réunions les deux hommes continuent d'avancer dans leur logique de confrontation. Le maire déchu de Antananarivo a nommé quatre « ministres » de son contre-gouvernement, mardi. Le président Marc Ravalomanana a, lui, pour la troisième fois en quinze jours installé de nouveaux fidèles aux postes-clés à l'appareil sécuritaire de l'Etat.

Les proches de Ravalomanana organisent par ailleurs une importante réunion publique, aujourd'hui. De toute évidence l'objectif est de faire de l'ombre au rassemblement populaire de l'ex-maire, place du 13-Mai.

L'équipe d'Andry Rajoelina qui se dit encore aux commandes de la capitale a décidé de ne pas faire obstacle à cet événement qui se déroule dans le stade municipal de Mahamasima. Il n'empêche, ce rassemblement est un risque depuis la répression meurtrière de samedi, on ne peut plus rien exclure à Madagascar.

L'affaire Daewoo alimente la colère contre le gouvernement

Le mécontentement des Malgaches à l'égard du président Marc  Ravalomanana est en partie dû à l'affaire Daewoo. Daewoo est une importante société sud-coréenne, qui a conclu avec le gouvernement malgache un accord sur la location de terres à mettre en culture. L'Etat mettrait à disposition de Daewoo plus d'un million d'hectares de terres non cultivées pour produire de l'huile de palme et du maïs qui seront convertis en biocarburant pour la Corée du Sud alors que Madagascar, l’un des pays plus pauvres du globe, n’a pas assez de ressources pour nourrir sa population. Mais mardi Daewoo a annoncé que le projet pourrait être retardé.

Si le projet Daewoo déchaîne les passions, c'est que la terre est sacrée à Madagascar. Alors que la grande réforme foncière de 2005 ambitionne de rendre des millions de petits paysans propriétaires de leur parcelle, ce gigantesque projet mené par une multinationale a donc fait couler beaucoup d'encre.

Alors faut-il en passer par ce genre d'initiative pour développer le pays ? Pour Andry Rajoelina qui mène la contestation politique la réponse est clairement «non» et la foule qui le suit semble d'accord avec lui.

Ainsi l'opposition va certainement se gargariser de cette décision alors que Daewoo n'a pas dit qu'il avait entendu la complainte de la population malgache. Si les Sud-Coréens décident de faire une pause, c'est bien à cause de la chute du prix du maïs sur le marché international et en raison de la crise à Madagascar.

En effet, les ministères fonctionnent au ralenti depuis plusieurs jours et surtout si la situation politique évolue, il est peu probable que le nouveau gouvernement malgache, quel qu'il soit, persiste dans l'immédiat à mettre en place ce projet.