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Madagascar

Quel dialogue après la répression ?

Article publié le 09/02/2009 Dernière mise à jour le 09/02/2009 à 09:42 TU

Après la terrible répression de samedi, les Malgaches ont pleuré leurs morts dimanche. Le bilan officiel de la gendarmerie fait état de 28 morts, mais selon les sources hospitalières jointes par RFI, ce sont au moins 40 personnes qui ont été tuées par les tirs de la garde présidentielle sur la foule des partisans d'Andry Rajoelina devant le palais présidentiel samedi. Sans nul doute, cette sanglante répression marque un tournant dans la crise politique que traverse le pays. Andry Rajoelina, l'opposant du président promet de continuer la lutte, mais a décrété ce lundi jour de deuil national. Un répit dont la communauté internationale veut profiter pour tenter d'imposer la reprise du dialogue politique. L'ONU demande que les responsables de la tuerie soient jugés. On a appris ce lundi matin la démission de la ministre de la Défense Cécile Manorohanta, « après tout ce qui s'est passé ».

Les Malgaches sont venus rendre un dernier hommage aux victimes des événements du 8 février 2009 dans la capitale.( Photo : Walter Astrada/AFP )

Les Malgaches sont venus rendre un dernier hommage aux victimes des événements du 8 février 2009 dans la capitale.
( Photo : Walter Astrada/AFP )

Avec notre correspondant et notre envoyé spécial à Antananarivo

Antananarivo a célébré hier les morts tombés samedi. Le camp d'Andry Rajoelina, qui avait fait marcher la population sur un palais présidentiel de la capitale, a organisé une grande cérémonie oecuménique où se sont pressés des milliers de personnes solidaires du mouvement.

Reportage : Hommage aux victimes

« Une foule immense a défilé devant les cercueils... Nous rendons hommage à ceux qui sont morts pour la cause de la démocratie... Personne ne veut plus revivre ce genre de cérémonies »

09/02/2009 par Grégoire Pourtier

La capitale malgache entame sa 3e semaine sous couvre-feu : interdiction de circuler le soir, la consigne est claire, mais tout le reste l’est moins.

La journée de lundi devrait se dérouler dans le calme. Le maire déchu Andry Rajoalina a déclaré ce jour journée de deuil national, et ne prévoit pas de rassemblement populaire, ce sont les coulisses qu’il faudra surveiller de près ce lundi. 

Andry Rajoelina, ex-maire d'Antananarivo

« La population veut un changement aujourd'hui. Quelle a été la réponse du gouvernement ? Quelle a été la réponse de M. Ravalomanana ? Il a répondu par des tirs et cela est condamnable. »

08/02/2009 par Nicolas Champeaux

Andry Rajoalina devrait rencontrer l’envoyé spécial de Ban Ki-moon dans la matinée. Haïle Menkerios a consacré sa journée de dimanche à des entretiens avec des représentants diplomatiques dans la capitale, il devrait bien évidemment aussi rencontrer le président.

Commentaire : Yves Sorokobi, un des porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, sur le dialogue politique

« Le secrétaire général demande qu'une enquête soit menée... Il est important de retourner au processus démocratique... L'ONU est diposée à apporter toute l'aide nécessaire pour résoudre la crise... »

09/02/2009 par Ghislaine Dupont

Commentaire : Yves Sorokobi, un des porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, sur les conditions d'une médiation

« (L'ONU ne va pas proposer de médiation)  de façon officielle... Quand le gouvernement acceptera de coopérer avec la communauté internationale, le SG étudiera la possibilité d'un processus de médiation... »

09/02/2009 par Ghislaine Dupont

L’Union africaine a aussi décidé de déployer un médiateur ; les chefs religieux, la société civile et des ministres évincés par le président Ravalomanana espèrent, eux aussi, apporter leur pierre à la réconciliation.

La communauté internationale a déjà essayé de réunir Andry Rajoalina et Marc Ravalomanana à la même table avec de bien maigres résultats jusqu’ici. Aujourd’hui elle essaie à nouveau, alors que les balles tirées sur la foule samedi résonnent encore dans la tête de Malgaches ; reste à savoir quel camp saura en tirer partie devant les envoyés des grandes capitales.

Reportage : Ceux qui souhaitent le dialogue, et les jusqu'au-boutistes

« Prêtres et pasteurs ont appelé à la réconciliation... L'archevêque de Tana a été conspué car il n'a pas souhaité condamner la répression... Certains veulent aller jusqu'au bout, d'autres veulent pardonner... »

09/02/2009

La démission de la ministre de la Défense, Cécile Manorohanta

C'est la radio privée Antsive qui a fait état de ce communiqué, lundi matin.

« En cette période de crise politique, je compatis et je soutiens moralement toutes les familles qui ont eu des décès », écrit la ministre dans un texte daté de dimanche, assurant : « En tant que mère je n'accepte pas cette violence ».« Selon ce qui avait été convenu au niveau du gouvernement, les forces de l'ordre étaient censées protéger la population et ses biens », a poursuivi Cécile Manorohanta, ajoutant : « Alors, après tout ce qui s'est passé, je décide de ne plus faire partie de ce gouvernement à partir de ce moment ».

Avec AFP