Article publié le 12/02/2009 Dernière mise à jour le 13/02/2009 à 10:53 TU
Le secrétaire d’Etat français à la Coopération Alain Joyandet qui est à Antananarivo, au titre de la Commission de l'Océan indien (COI), a pu rencontrer les deux protagonistes de la crise : le maire déchu d'Antananarivo Andry Rajoelina et le chef de l'Etat Marc Ravalomanana. « Le dialogue est ouvert : deux délégations sont en train de travailler. Ces négociations sont conduites par les représentants des Eglises qui sont très importantes ici », a déclaré ce jeudi le secrétaire d’Etat français. Les contacts se poursuivent. Après les graves incidents du 7 février qui ont fait une trentaine de morts, quand la garde présidentielle a tiré sur des manifestants, la situation semble se décrisper. Pour sa part, le médiateur de l’Union africaine a rappelé les risques de paupérisation du pays.
Le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet (G) a rencontré le maire déchu d'Antananarivo, Andry Rajoelina, le 12 février 2009.
(Photo : AFP)
Avec notre envoyé spécial à Antanarivo, Nicolas Champeaux
Les délégations des deux camps se rencontrent sous l’égide du Conseil des Eglises chrétiennes de Madagascar (FFKM) qui regroupe catholiques et protestants. C’est la première fois que les deux parties se parlent, depuis les événements meurtriers de samedi dernier. On assiste donc à Antanarivo à un fragile début d’apaisement.
Alain Joyandet a obtenu des deux protagonistes qu’ils renoncent à toute initiative susceptible de relancer la violence. Alors il a notamment indiqué que le président Marc Ravalomanana était disposé à revenir sur un mandat d’arrêt visant son rival Andry Rajoelina. De son côté, le maire aurait renoncé à organiser des marches vers les ministères pour y installer son contre-gouvernement, c’est du moins ce qu’affirmait hier son entourage, même si le maire a tout de même procédé, ce jeudi matin, à la nomination de quatre « ministres », place du 13-Mai.
En tout cas, Alain Joyandet espère que Ravalomanana et Rajoelina tiendront leurs engagements. Le ministre français affiche un optimisme prudent, reconnaissant que la situation est « tendue entre les deux camps ». Il a surtout prévenu, devant la communauté française présente à Madagascar, que la résolution du conflit pourrait prendre « beaucoup, beaucoup de temps ».
Médiation de l’UA
L’Union africaine (UA) a dépêché sur place un émissaire. Amara Essy, ancien ministre des Affaires étrangères de la Côte d’Ivoire a déclaré, jeudi matin, avoir trouvé Marc Ravalomanana « assez serein ». Il lui a transmis le message de l’UA, un peu en forme de rappel, puisqu’il lui a dit que les Malgaches devraient eux, œuvrer sans tarder pour le rétablissement de la paix dans leur pays, s’ils souhaitent que Madagascar accueille le prochain sommet de l’UA dans quelques mois.
Alain Joyandet et Amara Essy ont encouragé Marc Ravalomanana à adopter des politiques plus sociales. « C’est le fond du problème », selon le secrétaire d’Etat français. Amara Essy, qui avait œuvré pour dénouer la précédente crise malgache de 2002, a souligné qu’il s’agissait d’un contentieux électoral mais que « cette fois c’est différent : avec la paupérisation tous les régimes sont en danger ».
Les négociations entre les deux camps doivent se poursuivre ce vendredi.