Article publié le 18/02/2009 Dernière mise à jour le 19/02/2009 à 10:17 TU
De notre envoyé spécial à Bamako, Frédéric Garat
Ils sont nombreux en Afrique à se dire soulagés d’avoir été relativement épargnés par la crise des « subprimes » et par les effets des produits financiers toxiques. Si certaines places boursières, sud-africaine ou kényane, ont suivi l’effondrement international, l’économie africaine a, de fait, été, pour le moment, relativement en marge de cette crise.Nonobstant, à la BEAC, la Banque des Etats d’Afrique Centrale, on continue de chercher activement quelques 16,4 milliards de Francs CFA imprudemment confiés à un supérieur de Jérôme Kerviel à la Société Générale qui les a frauduleusement placé en actions. Si une institution aussi vénérable que le BEAC a été piégée par des placements douteux est-on bien sûr que d’autres banques commerciales échapperont au phénomène ?
Mais le véritable effet de la crise internationale, c’est son incidence sur l’activité économique du continent. 200 000 à 300 000 mineurs mis au chômage pour la seule province du Katanga, en RDC, à cause de la chute de la demande de cuivre, de fer ou de cobalt. Le japonais Nissan se retire du projet de construction d’une usine automobile à Tanger, tandis que son partenaire Renault temporise et repousse la création de 6 000 emplois, prévus initialement pour 2010 au Maroc. En Afrique de l’Ouest, ce sont tous les acteurs de la filière coton qui s’alarment de la chute abyssale des cours de l’or blanc, menaçant ainsi un secteur déjà très fragilisé.
Ces premiers effets tout le monde les constatent et certains experts prédisent que ce ne sont là que les prémices d’un ralentissement, plus prononcé encore, de l’activité en Afrique. Même si le continent restera, avec l’Asie, l’un des rares à connaître une croissance positive pour 2009, le FMI prévoit un chiffre revu à la baisse, passant de 5,5% à 3,2%. Dans ce contexte et face aux turbulences qui s’annoncent, la bonne gouvernance parait être plus que jamais nécessaire pour le continent. Une question qui sera au cœur des débats pendant trois jours à Bamako.Dossier spécial