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Proche-Orient

A quand la réconciliation palestinienne ?

par Nicolas Falez

Article publié le 10/03/2009 Dernière mise à jour le 11/03/2009 à 12:40 TU

Le 25 février dernier, une première réunion avait  permis aux représentants du Hamas et de l’Autorité Palestinienne d’annoncer leur intention de surmonter leurs divisions. Le 7 mars, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a déclaré qu’il démissionnerait dès la formation d’un gouvernement de consensus national.


Dans une échoppe de Gaza, un poster représentant le leader du Hamas Ismaïl Haniyeh (G) et le président palestinien Mahmoud Abbas.(Photo : AFP)

Dans une échoppe de Gaza, un poster représentant le leader du Hamas Ismaïl Haniyeh (G) et le président palestinien Mahmoud Abbas.
(Photo : AFP)


Les efforts de réconciliation inter-palestinienne en 4 questions et réponses :

Pourquoi la situation semble-t-elle se débloquer ?

L’offensive israélienne contre le Hamas dans la Bande de Gaza (1 300 morts palestiniens) a visiblement pesé dans la volonté des deux camps de reprendre le dialogue. Pour l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas, c’est même une question de survie, tant elle est apparue fragilisée et impuissante alors que l’Etat hébreu bombardait la bande de Gaza.

La victoire de la droite aux élections législatives israéliennes du 10 février dernier est un autre facteur. Les Palestiniens savent que leurs divisions les affaiblissent, au moment où Benyamin Netanyahou s’apprête à gouverner l’Etat hébreu avec des alliés et un programme très ancrés à droite, ne reconnaissant pas la solution des « 2 Etats pour 2 peuples ».

Enfin, la communauté internationale presse les Palestiniens de surmonter leurs divergences. Les appels en ce sens se sont multipliés, notamment le 2 mars dernier, lors de la Conférence de Charm el-Cheikh sur le soutien à l’économie palestinienne pour la reconstruction de Gaza.

Sur quels points portent les discussions ?

- La composition du gouvernement : il pourrait inclure des membres du Hamas et du Fatah (le parti de Yasser Arafat et de Mahmoud Abbas, majoritaire au sein de l’Organisation de libération de la Palestine). Il pourrait aussi être composé d’indépendants ou de technocrates, non-affiliés à telle ou telle formation politique.

- L’organisation des élections : la législature en cours s’achève en janvier 2010. En ce qui concerne le mandat présidentiel, les positions divergent : le Hamas estime que le mandat de Mahmoud Abbas a pris fin en janvier 2009 alors que l’Autorité palestinienne juge que les deux élections doivent avoir lieu simultanément. Si les deux camps tombent d’accord sur un double scrutin (législatif et présidentiel) en janvier 2010, encore faut-il l’organiser de façon transparente et simultanée en Cisjordanie et à Gaza, alors que les 2 territoires sont gouvernés séparément depuis le coup de force du Hamas à Gaza en juin 2007 et que la bande de Gaza est soumise à un blocus israélien.

- La réforme de l’OLP : l’Organisation de libération de la Palestine représente juridiquement les Palestiniens (c’est elle qui signe les accords). Le Hamas n’en fait pas partie et son éventuelle entrée dans l’OLP constituerait un tournant historique dans le paysage politique et institutionnel palestinien.

- La réforme des services de sécurité : aujourd’hui, ils sont affiliés à l’un ou l’autre camp. A terme, ils devraient être unifiés et placés sous un commandement unique.

- D’autres points sont en discussions et notamment : comment réconcilier réellement les deux blocs alors que les violences inter-palestiniennes et la répression (contre le Hamas en Cisjordanie et contre le Fatah dans la bande de Gaza) ont nourri la méfiance réciproque?

Quel est le rôle de l’Egypte ?

L’Egypte, proche de l’Occident, occupe en fait un triple rôle de médiateur :
1° dans les discussions indirectes entre le Hamas et Israël pour tenter de consolider le cessez-le-feu et parvenir à une nouvelle trêve après les trois semaines de l’opération israélienne Plomb Durci.
2° dans les discussions indirectes entre Israël et le Hamas pour un échange de prisonniers palestiniens contre le soldat franco-israélien Gilad Shalit, capturé en juin 2006.
3° Entre les factions rivales palestiniennes.

C’est Omar Souleimane, tout-puissant chef des renseignements égyptien et proche du président Moubarak, qui supervise ces trois chantiers.

La communauté internationale reconnaîtra-t-elle un gouvernement avec des ministres du Hamas ?

En 2007, un premier gouvernement d’unité palestinienne avait vu le jour, grâce à une médiation saoudienne. Le Hamas en faisait partie mais ne s’était pas conformé aux trois conditions posées par le Quartette pour le Proche-Orient (ONU, Etats-Unis, Russie, Union Européenne), à savoir :
1° renoncement à la violence.
2° reconnaissance d’Israël.
3° reconnaissance des accords signés par l’OLP. Ce gouvernement n’a donc jamais été reconnu par la communauté internationale, jusqu’à sa mise à l’écart en juin 2007 (date de la prise de Gaza par le Hamas et de la formation d’un nouveau gouvernement palestinien, dirigé par Salam Fayyad).

Aujourd’hui, les membres du Quartette n’ont pas officiellement renoncé à leurs fameuses trois conditions mais tout porte à croire que les Occidentaux voudront se montrer plus souples. La politique d’isolement du Hamas a en effet largement atteint ses limites puisque le parti islamiste règne toujours sur la bande de Gaza et que la volonté occidentale de « renforcement » de l’Autorité Palestinienne n’empêche pas son affaiblissement progressif au regard des opinions publiques palestinienne et arabe.

 « Si le Hamas veut être respecté, il doit avoir une position respectable », a lancé Nicolas Sarkozy le 2 mars dernier, devant les 75 délégations réunies à Charm el-Cheikh pour la Conférence sur la reconstruction de Gaza. Un appel à peine voilé aux dirigeants du parti islamiste pour qu’ils fassent les gestes indispensables à la réconciliation et à la reconnaissance de la communauté internationale.

A écouter

Fatah et Hamas tentent d'oublier leurs rancoeurs

«La communauté internationale avait refusé de reconnaître le précédent gouvernement palestinien d'union, estimant que le Hamas devait au préalable reconnaître Israël et renoncer à la violence».

10/03/2009