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Madagascar

Confusion politique, les militaires en arbitre

par  RFI

Article publié le 12/03/2009 Dernière mise à jour le 12/03/2009 à 11:44 TU

Plusieurs centaines de partisans de l'opposant malgache Andry Rajoelina se sont rassemblés ce jeudi à la mi-journée à Antananarivo devant le bâtiment abritant le bureau du président Marc Ravalomanana. Mercredi, l'armée malgache a remplacé son chef d'état-major nommé par le président et annulé son ultimatum de 72 heures fixé la veille aux « décideurs politiques » pour régler la crise majeure secouant le pays. Les assises nationales qui devaient débuter ce jeudi à Antananarivo pour mettre fin aux troubles ont, elles, été reportées sine die après le refus de l'opposant Andry Rajoelina, en conflit ouvert avec le président Marc Ravalomanana, d'y participer.

Des militaires malgaches devant le ministère de la Défense, le 10 mars 2009.( Photo : Reuters )

Des militaires malgaches devant le ministère de la Défense, le 10 mars 2009.
( Photo : Reuters )


Après l’armée, c’est une partie des officiers et sous-officiers de gendarmerie qui ont basculé du côté des soldats mutinés depuis dimanche dernier. Hier mercredi à Fort Duchesne, l’un des camps de gendarmerie les plus importants de Antananarivo, les gendarmes ont dénoncé l’illégalité des opérations de maintien de l’ordre qui ont conduit à tuer des manifestants pendant la crise de ces dernières semaines. Tout comme les militaires hier, les gendarmes, aujourd’hui, ne veulent pas être considérés par les populations comme des tueurs. C’est désormais le colonel Bruno qui dirige les gendarmes de Fort Duchesne.

« Nous avons décidé cette action, c’est pour redorer le blason de la gendarmerie, explique le colonel Bruno. Notre rôle, c’est de protéger les biens et les personnes. Je coordonne les actions ici des officiers, sous-officiers qui sont venus volontairement rejoindre notre position. Parce que notre position, c’est d’être vraiment tout à fait d’accord avec notre confrère de l’armée. Presque tous les gendarmes ont leurs convictions, mais il y en a qui sont ambivalents, timides pour prendre position. »

Ravalomanana perd le contrôle de ses forces armées

 Pour l’instant, il est difficile d’évaluer l’ampleur du ralliement des gendarmes aux soldats du camp mutinés de Capsat. Le général Pily, patron de la gendarmerie malgache, n’a pas encore réagi à ce basculement d’une partie de ses troupes. Pour le colonel Bruno, leur chef est toujours à son poste.

Que veulent les militaires et gendarmes ? Entrer en sédition ? La situation n’est pas encore très claire. Seule certitude, au fil des jours qui passent, le président Ravalomanana perd le contrôle de ses forces armées.

Le président poussé vers la sortie


Le nouveau chef d’état-major général et le colonel Noël qui l’a nommé sont de la même promotion. Depuis hier mercredi, les deux hommes ont pris le contrôle de tous les régiments de la capitale et ont obtenu le ralliement d’une partie de la gendarmerie, pièce maîtresse sur l’échiquier.

Alors, que veulent aujourd’hui les militaires ? Renverser le président Ravalomanana ? Prendre le pouvoir ? Difficile de le savoir, mais selon nos sources, quelques généraux, parmi lesquels l’ancien chef d’état-major, ont proposé de se constituer en directoire chargé de mettre en place un gouvernement d’union nationale transitoire.

La figure du père

Dans ce schéma, Marc Ravalomanana restait président, dépouillé sans doute de certaines de ses prérogatives. Les officiers et sous-officiers séditieux se sont opposés à cette formule et c’est, sans doute, cette proposition qui a coûté son poste au chef d’état-major général.

Toujours selon nos sources, les militaires ont, semble-t-il, choisi comme interlocuteur le président de l’Assemblée nationale. Hier, Jacques Sylla et le colonel Noël se sont rencontrés pour discuter. L’officier supérieur aurait chargé le président de l’Assemblée de dire à Marc Ravalomanana qu’il fallait qu’il démissionne.

A Madagascar, la figure du père est très importante et très respectée. Dans la culture malgache, le chef de l’Etat incarne, dans une certaine mesure, cette figure paternelle. Raison qui expliquerait que les militaires souhaitent que le président parte volontairement, plutôt que sous la contrainte.