par RFI
Article publié le 10/03/2009 Dernière mise à jour le 11/03/2009 à 11:53 TU
Le ministre de la Défense malgache, le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, a annoncé sa démission le 10 mars 2009.
( Photo : AFP )
Tout est allé très vite mardi à Antananarivo. Le ministre de la Défense a été contraint à la démission par les soldats mutins et le chef d’état-major de l’armée malgache a fixé un ultimatum de 72 heures aux « décideurs politiques » pour mettre fin à la crise politique que connaît le pays, faute de quoi l’armée fera « fonctionner les affaires nationales ». Face à ces événements, le président Marc Ravalomanana est sorti de son silence et a fait une sorte d’autocritique à la télévision nationale, en déclarant « avoir fait des erreurs », que « cette crise politique doit cesser » et en se disant « prêt à écouter ». Son rival, le maire déchu de capitale Andry Rajoelina, a abandonné les installations de l’ambassade de France où il s’était réfugié depuis deux jours.
Tout s'est accéléré en l'espace de quelques heures dans la capitale malgache. C’était un climat véritablement insurrectionnel, mardi matin au ministère de la Défense, où plus d’une centaine de soldats on retenu le ministre jusqu’à ce qu’il accepte de lire publiquement sa lettre de démission. Lettre qu’il venait de signer sous la contrainte. Le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo a résisté près d’une heure, mais constatant qu’il ne pouvait quitter les lieux, il a finalement obtempéré. Avant de s’engouffrer dans son 4x4, l’officier supérieur, visage impassible et très digne, a cité un verset de la Bible pour dire aux soldats qu’il fallait « aimer même ses ennemis ».
Un peu plus tôt dans la matinée, le chef d'état-major général des armées, le directeur de la police et le commandant de la gendarmerie déclaraient ensemble qu’ils donnaient 72 heures aux responsables politiques pour trouver une issue à la crise.
Un peu plus tard, le chef de la mutinerie, le colonel Noël Rakotonandrasana, annonçait, lui, qu’il avait démis de ses fonctions le chef d’état-major-général Edmond Rasolofomahandry. En fin d'après-midi, ce dernier n'occupait plus son bureau au quartier-général. Le mouvement de contestation, parti il y a 48 heures du camp Capsat (Corps d’administration du personnel et des services de l’armée), semble en effet faire tâche d’huile. Les chefs de la mutinerie assurent que tous les régiments de la capitale les ont rejoints et que les commandants des six régions militaires du pays les ont appelés, par téléphone, pour leur apporter leur soutien.
Le président Marc Ravalomanana est sorti de son silence, peu de temps après l’annonce de la démission de son ministre de la Défense. Dans une allocution à la télévision nationale, il a reconnu « avoir fait des erreurs » et s’est dit « prêt à écouter », pour trouver une issue à la crise. Il a également parlé des assises nationales qui devront se tenir de jeudi à samedi dans la capitale et qui devront être, selon le chef de l’Etat malgache, « un événement majeur pour le pays ». Toutefois, le camp d'Andry Rajoelina, l'ancien maire, a annoncé qu'il ne participerait pas à ces assises, tout comme l'ensemble de l'opposition qui affirme ne plus faire confiance au chef de l'Etat.
Le maire déchu a quitté l’ambassade de France
L’opposant Andry Rajoelina a quitté, entre temps, la résidence de l’ambassadeur de France à Antananarivo, où il s’était réfugié depuis vendredi soir. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a annoncé mardi en fin de matinée à Paris que le maire déchu de la capitale malgache est actuellement « sous la protection des Nations unies » et que c’est à l’Onu de communiquer à ce sujet.
Un rassemblement de partisans et d’adversaires du président Ravalomanana s’était déroulé, mardi matin, devant la représentation diplomatique française. Les partisans des deux camps ont même failli aller à une confrontation. Plusieurs manifestants ont été blessés par des jets de pierre. Les forces de police sont intervenues rapidement avec beaucoup de calme. Les policiers se sont interposés pour empêcher, évidemment, tout contact. En moins d’une heure, tout est rentré dans l’ordre. Les partisans des deux camps sont repartis chacun de leur côté. Antananarivo reste sous tension.
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