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Etats-Unis

La justice envoie Bernard Madoff en prison

par Myriam Berber

Article publié le 12/03/2009 Dernière mise à jour le 12/03/2009 à 18:02 TU

Le procès de l’homme d’affaires Bernard Madoff s’est ouvert, jeudi 12 mars 2009, à New-York. Le juge en charge de l’affaire a prononcé la mise en détention immédiate du financier américain, accusé d’une fraude pyramidale estimée à 50 milliards de dollars. Bernard Madoff risque jusqu’à 150 ans de prison. La décision sera rendue le 16 juin 2009.
Bernard Madoff lors de son arrivée au tribunal, le 12 mars 2009.( Photo : Reuters )

Bernard Madoff lors de son arrivée au tribunal, le 12 mars 2009.
( Photo : Reuters )


« Monsieur Madoff, dites nous ce que vous avez fait
 », lui a demandé le juge Denny Chin, après que Bernard Madoff eut plaidé coupable de onze chefs d’inculpation, dont ceux de fraude sur le marché des valeurs, fausses déclarations aux autorités boursières, faux en écritures, blanchiment d’argent. Le financier américain qui s’exprimait pour la première fois publiquement, s’est dit « profondément désolé et honteux », mais a expliqué qu’il espérait s’en sortir : « Je pensais que cela s’arrêterait vite et que j’arriverais à me dépêtrer de cette situation. Mais cela s’est avéré difficile, et finalement impossible ».

Bernard Madoff, 70 ans, a décidé de plaider coupable pour tous les chefs d’inculpation retenus contre lui. Cette procédure lui permet d’éviter un procès devant un jury populaire. Ecartant toute possibilité de négociation, le procureur Marc Litt a indiqué qu’il allait requérir le maximum, soit 150 ans de prison. Aux Etats-Unis, les peines de prison ne se cumulent pas. En attendant le jugement qui sera rendu le 16 juin 2009, le juge Denny Chin chargé de l’affaire a prononcé la mise en détention immédiate de l’homme d’affaires.

Un nombre incalculable de victimes

A ce jour, Bernard Madoff est le seul accusé dans cette affaire aux proportions mondiales. Près de 50 milliards de dollars auraient été perdus par des banques du monde entier. L’espagnole Santander, la britannique HSBC et la française Paribas ont perdu chacune plusieurs centaines de millions d’euros. Parmi les autres victimes escroquées, on compte aussi des organisations caritatives et des investisseurs particuliers. On trouve notamment le cinéaste Steven Spielberg ou bien encore l’acteur John Malkovitch. L’avocat de Bernard Madoff lui-même fait partie des victimes.

Depuis près d’une trentaine d’années, Bernard Madoff gérait un fonds, la BMIS, qui proposait des investissements avec un rendement exceptionnel de 8 à 12% par an garanti. Derrière tout cela, il y avait l’une des plus grandes escroqueries de l’histoire de la finance. Le financier américain opérait une fraude pyramidale appelé « schéma Ponzi », où les intérêts sont payés avec les fonds apportés par les nouveaux clients.

Plusieurs enquêtes de la SEC

Ce schéma pyramidal aurait fonctionné ainsi plus de vingt ans. Mais la crise financière internationale est passée par là, enrayant la mécanique. Le système s’est effondré lorsque certains investisseurs ont voulu retirer leurs fonds, alors même que les liquidités venaient à manquer. Si le système a pu fonctionner autant de temps, c’est grâce avant tout à la personnalité de son auteur.

Bernard Madoff est l’ancien patron du Nasdaq, la bourse électronique. Ce prestigieux courtier de Wall Street incarnait jusqu’à son arrestation par le FBI, la police fédérale américaine, un modèle de réussite. Il n’y avait pas plus aimé et respecté que Bernard Madoff, ce génial courtier était également connu pour ses activités caritatives comme la lutte contre le cancer. Cette affaire porte un coup dur à la crédibilité de la finance américaine, déjà critiquée pour son incapacité à empêcher la crise des subprimes. La SEC, le gendarme américain, avait enquêté à plusieurs reprises, en 1992, en 2005 et 2007 sur la société d’investissement BMIS de Bernard L. Madoff. Sans rien découvrir de suspect.

Retour sur l'affaire Madoff

« Le financier proposait aux clients qui lui confiaient leur argent un rendement exceptionnel de 8 à 12% par an garanti. C'est-à-dire qu'il leur offrait de rémunérer leur patrimoine mieux que n'importe quel autre fonds de gestion qui, en moyenne, proposait des taux de rémunération 3 à 4% inférieurs à ceux de Madoff. Mais derrière tout cela, il y avait l'une des plus grandes fraudes de l'histoire de la finance. »

12/03/2009 par Mounia Daoudi