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Economie

Les dirigeants de la Société Générale renoncent à leurs stock-options

par  RFI

Article publié le 22/03/2009 Dernière mise à jour le 22/03/2009 à 18:49 TU

Face à la polémique qui fait rage et aux demandes pressantes du gouvernement français, les quatre grands dirigeants de la Société Générale ont renoncé à leurs stock-options. Les salariés seront informés lundi par un courrier que la banque a transmis aux agences de presse. Alors qu' Américains et Européens se déchaînent contre les grands patrons, les PDG japonais, spartiates, n'hésitent pas à renoncer à leurs privilèges. Certains acceptent même de travailler gratuitement pour sauver leurs entreprises.

L'agence centrale de la Société Générale, située sur le boulevard Haussmann à Paris.(Source: Wikipédia)

L'agence centrale de la Société Générale, située sur le boulevard Haussmann à Paris.
(Source: Wikipédia)

« Pour couper court aux polémiques actuelles, nous avons décidé de renoncer au bénéfice de l'attribution de ces stock-options, et en avons informé le conseil d'administration », écrivent les dirigeants de la Société Générale, dans une lettre aux salariés.

La pression devenait trop forte. Après le porte-parole du gouvernement, Luc Châtel, le chef de l'UMP Xavier Bertrand, et le président de la République lui-même, la ministre de l'Economie a surenchéri ce dimanche. Christine Lagarde a déclaré « quil serait grand temps que Société Générale rime un peu plus avec intérêt général ».

Trop, c'est trop

L'octroi de quelque 300 000 stock-options concerne les quatre principaux dirigeants de la Société Générale, dont le président Daniel Bouton, qui, rappelons-le, n'avait pas vu venir la gigantesque fraude Kerviel. Il s’agit des stock-options au cours plancher actuel, qui promettaient de substantielles plus-values dans trois ans. Tout cela alors que la banque était sur le point de bénéficier d'une deuxième tranche d'aides publiques pour la sortir de la crise.

Les dirigeants de la Société Générale avaient pourtant accepté de faire une concession, promettant de ne pas exercer ces stock-options tant que la banque serait soutenue par l'Etat. Mais cela n’a pas convaincu. Christine Lagarde souhaitait qu'ils renoncent purement et simplement à leur attribution. C'est chose faite.

La ministre de l'Economie a également annoncé ce dimanche qu'elle souhaitait réformer le système des stock-options, qui « ne récompensent pas toujours la performance de l'entreprise », a-t-elle ajouté.

L'exemple des patrons japonais

Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

En cette période de crise, les très austères patrons japonais nous donnent un exemple à méditer. Certains assument les lourdes pertes de leur groupe et renoncent à leur fauteuil de PDG, comme c’est le cas chez Toyota, Toshiba, Hitachi ou encore Honda. D’autres abandonnent leurs privilèges et certains même n’hésitent pas à travailler gratuitement pour combattre la crise. On est loin des jets privés et des primes faramineuses des patrons européens et américains.

Prenez le patron de Japan Airlines, Haruka Nishimatsu. Il gagne moins que ses pilotes et il prend l’autobus pour se rendre à son travail. Autre patron moine-soldat, celui du fabricant de semi-conducteurs Elpida. Lui a renoncé à tout salaire pendant des mois et tant que sa société sera déficitaire, il se contentera d’un demi-salaire.

Selon le journal Nikkei, au moins deux cents grands patrons japonais ont amputé leur salaire, parfois de 50%, pour montrer l’exemple à leurs employés.

Les patrons des grandes entreprises japonaises gagnent en moyenne 400 000 euros par an, soit 75% de moins que les patrons américains et 55% de moins que les Français.

Au Japon, un patron gagne 11 fois plus qu’un simple ouvrier; aux Etats-Unis, 39 fois plus ; en France, 23 fois plus.

Pas de primes astronomiques non plus pour les patrons japonais. La part variante de leur salaire est de 22%, contre 62% aux Etats-Unis, 41% en France.

Et dire que les Japonais trouvent leur société beaucoup moins égalitaire qu’il y a vingt ans.