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Economie/Etats-Unis

Le fonds pour racheter les crédits toxiques rassure les marchés

par Myriam Berber

Article publié le 23/03/2009 Dernière mise à jour le 24/03/2009 à 16:24 TU

Le Secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a détaillé, ce lundi 23 mars 2009, un plan pour assainir les bilans des banques de leurs actifs toxiques. Pour ce nouveau programme, le gouvernement fédéral demande l’aide des investisseurs privés. Il s’agit de débloquer l’accès au crédit pour faire repartir l’économie américaine. Signe de la confiance suscitée par ce nouveau plan, Wall Street a clôturé à +7%.
Timothy Geithner, le 23 mars 2009.( Photo : AFP )

Timothy Geithner, le 23 mars 2009.
( Photo : AFP )

Pour son second grand oral, le Secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a fait beaucoup mieux que le 10 février dernier, quand il avait esquissé une première ébauche de ce plan. Les marchés ont accueilli, lundi, favorablement le nouveau plan américain d’aide au secteur bancaire. Largement fondé sur la participation des investisseurs privés (fonds spéculatifs, firmes à capital-risque, fonds d’épargne retraite), ce dispositif devrait permettre de lever 1 000 milliards de dollars et de purger le secteur bancaire de ses actifs « toxiques », à l'origine de la crise des crédits hypothécaires à risques (« subprimes »).

« 4 dollars de l’Etat pour 1 dollar de financement privé »

Le gouvernement fédéral espère ainsi que les banques débarrassées de ces créances douteuses recouvreront la capacité de financer l’économie réelle, c’est-à-dire les entreprises et les consommateurs. Timothy Geithner a annoncé que « l’Etat fédéral allait consacrer entre 75 et 100 milliards de dollars au lancement de ces partenariats public-privé ». Cette somme sera puisée dans le plan de sauvetage du secteur bancaire, le Tarp, (Troubled Asset Relief Program) de 700 milliards, voté en octobre par le Congrès.

Pour inciter à cette prise de risques, les investisseurs privés recevront une aide gouvernementale sous forme de capital apporté par le Trésor, et sous forme de prêts, apportés par la Réserve fédérale (Fed) et par le Fonds de garantie des dépôts bancaires (FIDC). Le gouvernement fédéral pourrait ainsi participer jusqu’à hauteur de 80% du financement dans certains cas « en mettant 4 dollars pour 1 dollar de financement privé ».

Le fonds Blackrock intéressé

Les fonds intéressés ont jusqu’au 10 avril pour se faire connaître. D’ores et déjà, le fonds Blackrock, un des premiers gestionnaires d’actifs au monde, a exprimé son intérêt. Pour convaincre le secteur privé, Timothy Geithner a précisé que les investisseurs qui participeront à ce programme ne se verront pas imposer de restriction de salaire ou de primes de rendement pour leurs cadres dirigeants comme les établissements ayant été secourus par l’Etat. Le Congrès américain a, en effet, voté la semaine dernière, un texte qui vise à annuler les primes versées dans les établissements renfloués par des aides publiques.

Le secrétaire au Trésor a reconnu que l'Etat « prenait des risques » avec son plan de rachat des actifs invendables des banques. Mais « on ne peut pas résoudre une crise financière sans que l'Etat assume des risques », s'est-il aussitôt justifié avant de préciser que « l’argent du contribuable ne serait pas utilisé pour récompenser ceux qui ne le méritent pas ». Une allusion directe au scandale entourant les primes de l’assureur AIG.

Wall Street réagit favorablement au nouveau plan : +7% à la clôture

Avec notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua

Wall Street a salué le nouveau plan américain d’assainissement des bilans bancaires par sa plus forte hausse depuis fin octobre. Le rebond de 7% permet de limiter à 9% la chute de Wall Street depuis le début de l’année. Les valeurs bancaires ont confirmé leur redressement marqué de ces deniers jours, car le risque de nationalisation, qui diluerait la valeur des actions en circulation, semble s’éloigner encore.

Au Congrès, des leaders républicains jugent que le plan de Tim Geithner représente un véritable effort pour stabiliser le système financier. Ils notent toutefois que rien ne garantit son succès, en particulier que les banques dont les actifs sont les plus vulnérables pourraient ne pas avoir assez d’incitations à vendre leurs créances en acceptant une décote assez forte pour attirer les investisseurs privés.

Les premiers achats de créances en tout cas ne devraient pas avoir lieu avant le mois de mai, et il est beaucoup trop tôt pour dire si le plan Geithner sera un succès ou non. Les investisseurs privés, en revanche, ont une forte incitation à y participer, car ils vont bénéficier de centaines de milliers de dollars de financement, garantis par l’Etat américain, pour spéculer sur l’appréciation de prêts et de titres aujourd’hui invendables.