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Etats-Unis

La polémique enfle autour du sauvetage d’AIG

par Myriam Berber

Article publié le 16/03/2009 Dernière mise à jour le 16/03/2009 à 21:58 TU

Les banques européennes sont les premières bénéficiaires du sauvetage de l’assureur AIG sauvé de la faillite par l’Etat américain. Outre-Atlantique, AIG a annoncé qu’il allait payer des bonus à ses cadres dirigeants. La nouvelle a suscité la colère de l’administration Obama. Le président Barack Obama a dit lundi vouloir employer tous les moyens juridiques pour empêcher AIG de verser des centaines de millions de primes à des responsables.

Le siège de l’assureur américain AIG (American International Group) à New York, (2 mars 2009).(Photo : Reuters)

Le siège de l’assureur américain AIG (American International Group) à New York, (2 mars 2009).
(Photo : Reuters)

La pilule va être difficile à avaler pour les contribuables américains. Le groupe AIG (American International Group) qui a reçu 170 milliards de dollars d’aides publiques, a publié, dimanche 15 mars 2009, les détails des sommes remboursées à ses principaux créanciers. La plus grosse partie de l’argent public a servi à dédommager des banques européennes. Près de 100 milliards de dollars ont ainsi été redistribués. La française Société Générale (11,9 milliards de dollars) est la première bénéficiaire, devant l'allemande Deutsche Bank (11,8 milliards de dollars).

Dans la liste, on trouve encore, mais pour des sommes bien moindres, la Britannique Barclays, la Suisse UBS ou encore les Françaises BNP Paribas et Calyon, la banque d’investissement du Crédit Agricole. Les banques américaines sont également concernées : Goldman Sachs Merrill Lynch, JP Morgan Chase, Morgan Stanley et Citigroup.

Un risque d’effondrement en dominos

Tout cela a provoqué la colère du Sénat américain qui demande plus de transparence sur les opérations de sauvetage. Pour leur part, les autorités fédérales défendent leur choix. La faillite d’AIG aurait eu des conséquences catastrophiques avec un risque d’effondrement en dominos. American Group est un conglomérat géant qui compte 74 millions de clients dans une centaine de pays. Ses activités s'étendent du leasing aérien à l'automobile en passant par la réassurance des crédits contractés par les banques. C’est cette activité qui a mis l’assureur américain en mauvaise posture. AIG a aussi beaucoup investi dans les produits dérivés des crédits immobiliers à risques (« credit default swap ») qui l’ont d’ailleurs conduit à perdre 99 milliards de dollars en 2008.

Outre-Atlantique, AIG continue de semer la polémique. Si l’on en croit des informations rapportées par le Wall Street Journal, le groupe d’assurance compte verser cette année 450 millions de dollars de bonus aux responsables de ses activités financières, ceux-là mêmes qui ont investi massivement dans des actifs immobiliers toxiques ayant poussé la société au bord de la faillite. Une partie de cette somme, 165 millions de dollars, a d’ores et déjà été réglée.

« Des raisons légales et contractuelles »

Plusieurs conseillers du président Barack Obama, des dirigeants, démocrates et républicains, du Congrès ont exprimé leur colère. Interrogé sur la chaîne de télévision ABC, Lawrence Summers, le conseiller économique du président, a qualifié l’initiative d’AIG de «scandaleuse». Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a tenté, en vain, d’empêcher l’assureur de verser les bonus promis avant le sauvetage du groupe.

Tout en reconnaissant que la mesure était « de mauvais goût et difficile à recommander », le président d’AIG Edward Liddy, mis en place par le gouvernement en septembre, invoque « des raisons légales et contractuelles ». L’intervention du secrétaire au Trésor Timothy Geithner a toutefois permis de réduire le montant des primes qui seront versées pour le reste de l’année 2009.

Obama en colère contre les bonus

Barack Obama veut bloquer le versement de bonus aux dirigeants du géant de l'assurance AIG. Le président américain s'est dit scandalisé par les 165 millions de dollars que vont recevoir les cadres d'une entreprise qui a bénéficié de 170 millards de dollars de l'Etat pour éviter la faillite.

Le président des Etats-Unis a indiqué avoir demandé à son secrétaire au Trésor d'utiliser tous les moyens légaux pour empêcher le versement de ces 165 millions de dollars de bonus promis aux cadres du géant de l'assurance.

« C'est une société qui se trouve en plein désarroi financier en raison d'imprudences et de l'appât du gain, argumente Barack Obama. Dans ces conditions, il est difficile de comprendre que des traders reçoivent des primes. Comment justifier ce scandale auprès des contribuables, qui ont permis à cette société de rester à flot ? Ce n'est pas qu'une question d'argent. Il y va de nos valeurs fondamentales ! ».

Le président américain ne s'est pas attardé sur la manière de bloquer les bonus. Ses conseillers admettent que, même si le gouvernement détient de fait 80% de AIG, il est très difficile de revenir sur des engagements contractuels. Mais peu importe les détails.

L'essentiel, pour Barack Obama, c'est de contenir la déferlante populiste contre les banques, qui risque de compromettre ses projets. Bien qu'il se présente souvent comme le champion de Main Street (Monsieur Tout-le-monde) contre Wall Street, la Bourse de New York, le chef de la Maison Blanche a prévenu que d'autres plans de renflouement du secteur bancaire seraient sans doute nécessaires.

RFI