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Malaisie

Najib Razak, nouveau Premier ministre au nom entaché par des scandales

par Arnaud Dubus

Article publié le 03/04/2009 Dernière mise à jour le 03/04/2009 à 07:00 TU

Le nouveau Premier ministre de Malaisie, Najib Razak, après la cérémonie d'investiture qui s'est tenue vendredi 3 avril à Kuala Lumpur.   Il devient le 6e chef du gouvernement, après avoir été investi la semaine passé à la tête du parti majoritaire UMNO.( Photo : AFP )

Le nouveau Premier ministre de Malaisie, Najib Razak, après la cérémonie d'investiture qui s'est tenue vendredi 3 avril à Kuala Lumpur. Il devient le 6e chef du gouvernement, après avoir été investi la semaine passé à la tête du parti majoritaire UMNO.
( Photo : AFP )

Jeu de chaises musicales à Kuala Lumpur. Le Premier ministre Abdullah Badawi, démissionnaire, est remplacé par l'ancien vice-Premier ministre Najib Razak. Tous deux sont issus du parti Umno, Union nationale des Malais, une formation au pouvoir depuis 51 ans mais désormais à bout de souffle. Le nouveau Premier ministre, dont la personnalité est controversée, affrontera les urnes le 8 avril lors d'élections partielles importantes. 

Le roi de Malaisie, Tunku Mizan Zainal Abidin, a nommé vendredi 3 avril Najib Razak Premier ministre de Malaisie. Habillé d'un costume traditionnel malais noir, Najib Razak, fils du second Premier ministre de la fédération, Abdul Razak, a prêté serment devant le souverain, promettant d'exercer les fonctions qui lui sont confiées « au mieux de (ses) capacités » et de « protéger et maintenir la Constitution ». 

Quand son père Najib Razak avait pris les rênes de la Malaisie en 1970, la fédération était au bord du gouffre. Des émeutes anti-chinoises le 13 mai 1969 avaient provoqué des centaines de morts, mettant en exergue l'instabilité de ce pays issu de la décolonisation et composé de trois principales ethnies : Malais (60 %), Chinois (25 %) et Indiens (8 %).

Son fils Najib Razak fait face à une situation de crise égale en gravité : après 51 ans au pouvoir, le Barisan Nasional (Front national, coalition gouvernementale formée de partis malais, chinois et indiens), dirigé par le parti Umno (Organisation nationale des Malais unis), est à bout de souffle. Le Front a essuyé en mars de l'an dernier sa plus sévère défaite aux élections depuis l'indépendance en 1957. Il a conservé de justesse une majorité simple au Parlement face à une opposition galvanisée par le charismatique Anwar Ibrahim, un ancien leader de l'Umno éjecté de la coalition en 1998.

 Un Premier ministre à la réputation controversée

Najib Razak est-il le mieux placé pour reprendre en main ce pays de 27 millions d'habitants à la charnière du monde bouddhiste theravada et du monde malais islamisé ? Ce politicien au physique arrondi de 55 ans connaît à fond les rouages du Barisan Nasional : il a fait toute sa carrière, depuis sa première élection comme député à l'âge de 23 ans, au sein de l'Umno, anciennement dirigé par son père. Formé à Oxford, il est plutôt bien placé pour tenter d'amoindrir le choc de la récession économique mondiale sur une économie fortement orientée vers les exportations.

Mais sa réputation est loin de l'image intègre et ascétique de son prédécesseur, le pieux Abdullah Badawi. Des sommes considérables ont circulé pendant le congrès de l'Umno afin d'assurer que les lieutenants de Najib Razak contrôlent tous les postes importants. Najib a aussi une réputation de playboy, ce qui nuit à son image dans les campagnes traditionnalistes peuplées de Malais. Elu non pas par le peuple, mais par les sections du parti, il n'est pas populaire.

 L'affaire Altantuya Shaaribbu

Son nom est également entâché par l'affaire Altantuya Shaaribuu, du nom d'une jeune femme mongole assassinée près de Kuala Lumpur en octobre 2006. Cette interprète de 28 ans avait joué un rôle dans les négociations entre la France et la Malaisie pour la vente de trois sous-marins. Elle était la maîtresse du principal intermédiaire malaisien, Abdul Razak Baginda, mais aussi, selon un détective privé malaisien, l'amante occassionnelle de Najib Razak, alors vice-Premier ministre et ministre de la Défense. Ses meurtriers sont deux policiers d'une unité spéciale attachée à Najib Razak. Ils ont comparu devant le tribunal et le jugement doit être prononcé le 9 avril. Bien que Najib Razak ait juré sur le Coran n'avoir jamais rencontré Altantuya, l'opposition continue d'utiliser cette affaire sordide pour nuire au nouveau Premier ministre.

Un scrutin test pour le nouveau pouvoir  

Cela d'autant plus que trois élections partielles cruciales doivent se dérouler le 8 avril ; elles vont constituer le premier test pour le nouveau Premier ministre, décidé à enrayer l'érosion électorale que connaît l'Umno.