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Corée du Nord / Iran

Les missiles au cœur de la coopération

par Nicolas Vescovacci

Article publié le 03/04/2009 Dernière mise à jour le 03/04/2009 à 17:08 TU

Des experts iraniens sont en Corée du Nord pour aider au lancement prévu entre le 4 et 8 avril 2009 d’un missile balistique. Pyongyang présente cet événement comme un tir de fusée « scientifique » destiné à mettre en orbite un « satellite » de télécommunication. Les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud soupçonnent un tir de missile déguisé. Selon l’édition du 22 mars du Sankei Shimbun, qui cite des sources anonymes, les quinze experts iraniens seraient arrivés en Corée du Nord au début du mois de mars. Ces ingénieurs auraient même transmis un courrier du président iranien au numéro un nord-coréen. Si Mahmoud Ahmadinejad a bien écrit à Kim Jong-il, ce n'est pas pour souder l'axe du mal, cher à George Bush, mais pour souligner l'importance d'une coopération entre les deux pays dans le domaine balistique et spatial.

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad (g) et le président nord-coréen, Kim Jong-il (d).(Photos : AFP)

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad (g) et le président nord-coréen, Kim Jong-il (d).
(Photos : AFP)

Dans le domaine des missiles, la Corée du Nord et l'Iran travaillent ensemble depuis plus de vingt ans. Au début des années 1980, ce sont les Iraniens qui commencent à s’intéresser à des missiles nord-coréens : les Hwaseong-5, qui ne sont ni plus ni moins que des Scuds soviétiques améliorés. Les Nord-coréens ont acheté leurs premiers Scuds à l’Egypte à la fin des années 60 et ont bricolé à leur manière ces engins à faible rayon d’action. En juin 1987, à la fin de la guerre Iran-Irak, Téhéran décide d’acheter une centaine de ces engins pour 500 millions de dollars américains. Ramenés au pays, ces missiles d'une portée de 300 kilomètres sont rebaptisés par le régime iranien. En Iran, ils s’appellent les Shahab-1.

En 1993, la Corée du Nord prépare un nouveau missile : le Nodong-1, qui dispose, cette fois, d'un rayon d'action de 1 500 kilomètres. En mars, lors du test, l'invité de marque n'est autre que le général iranien Mantequei, responsable du programme de missile mis en place par le guide suprême de la Révolution. Les Iraniens sont ravis de la démonstration et passent une nouvelle commande : 150 Nodong qui deviendront les Shahab-2 et Shahab-3.

A cette époque, Téhéran ne se contente pas uniquement d'acheter de la technologie nord-coréenne. Les ingénieurs iraniens développent, à coups de pétrodollars, leur propre système balistique. La technologie « Shahab » est déclinée à l’infini. Grâce aux Nord-coréens, il en existe aujourd’hui une sixième version.

A Pyongyang, les militaires vivent sous embargo. Ils n’ont pas de moyens financiers illimités. L’élève iranien se transforme alors en maître et étale fièrement ses capacités balistiques. Le 2 février 2009, une fusée Safir-2 place en orbite le premier satellite 100% iranien Omid («espoir» en persan), provoquant l’inquiétude d’une partie de la communauté internationale. Cette coopération entre l’Iran et la Corée du Nord a produit un axe technologique proliférant aux multiples ramifications : la Syrie, le Pakistan, la Libye, la Russie, la Chine, même les Emirats Arabes Unis ont tous eu des contacts avec Pyongyang.

Parmi ces anciens alliés, les Iraniens sont toutefois les mieux placés pour aider la Corée du Nord à lancer son fameux Taepodong-2, un missile d'une portée théorique de 6 700 kilomètres.