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Indonésie

Difficile organisation des législatives

par Solenn Honorine

Article publié le 06/04/2009 Dernière mise à jour le 06/04/2009 à 12:22 TU

Affiches de campagne électorale à Jakarta le 6 avril 2009.(Photo : Roméo Gacad/AFP)

Affiches de campagne électorale à Jakarta le 6 avril 2009.
(Photo : Roméo Gacad/AFP)

Alors que le grand archipel indonésien semble réussir sa transition politique, le scrutin législatif qui aura lieu jeudi prouve que certains détails techniques qui participent au bon fonctionnement d’une démocratie sont encore loin d’être maîtrisés. Le scrutin du jeudi 9 avril est un test grandeur nature pour la présidentielle de juillet prochain.

Il n’y a qu’un seul aspect dans le scrutin de jeudi qui mette tout le monde d’accord : « Ce sont les élections les plus mal organisées de l’histoire du pays », soupire Robin Bush, de Asia Foundation. En dix ans de démocratie, les Indonésiens ont déjà directement élu une fois leur président et deux fois leur Parlement national, sans compter d’innombrables scrutins locaux ; mais les élections de cette semaine s’annoncent si brouillonnes, que plusieurs voix se sont élevées pour demander leur report.

Faire voter, en l’espace d’une seule journée, plus de 171 millions d’électeurs dispersés sur des milliers d’îles relève, il est vrai, du casse-tête logistique. Et les Indonésiens sont également confus face à la complexité du scrutin : ils doivent choisir leurs députés parmi 44 partis, présentant chacun jusqu’à 10 candidats par circonscription.

Des bulletins de vote grands comme des posters

Le choix est si vaste que le bulletin de vote est aussi grand qu’un poster, qu’il faudra replier en cinq pour pouvoir le faire glisser dans l’urne… Et chaque électeur en aura quatre à cocher, puisqu’il devra choisir ses représentants aux différentes assemblées nationale et locales !

Pourtant, face à ce défi logistique, bien peu de moyens ont été mobilisés pour informer les électeurs des détails pratiques du vote et former les responsables du KPU, l’institution chargée de l’organiser. « Les dernières élections de 2004 avaient été si bien organisées qu’elles sont devenues l’exemple à suivre en matière de transition démocratique », explique Adam Schmidt, de l’ONG IFES. « Du coup tout le monde a considéré le mécanisme démocratique comme acquis alors que ce n’était absolument pas le cas ».

Des listes peu sûres

Premier facteur de confusion : les règles du jeu ont été changées plusieurs fois par le Parlement et la Cour constitutionnelle. De plus, les membres du KPU, tous inexpérimentés, se sont montrés largement incompétents. Ils ont passé des mois à débattre de détails – par exemple, faudra-t-il cocher, souligner ou entourer le nom du candidat choisi – tout en négligeant des aspects cruciaux comme l’exactitude des listes électorales. Or, une récente élection à Java Est a prouvé que celles-ci étaient truffées d’erreurs, ce qui a amené à une contestation des résultats dans une atmosphère de tension et d’accusations de tricheries.

Le cas de Java Est fait donc craindre un dépouillement d’autant plus houleux, que l’équilibre entre les forces en présence devrait changer. Les sondages prédisent que le parti du président, qui n’avait recueilli que 7% des voix en 2004, pourrait en récolter jusqu’à 20% cette année. On s’attend donc à de nombreuses contestations des résultats, ce qui pourrait affaiblir la légitimité du processus. « Or, si ces élections sont un échec, cela fragilisera les remarquables progrès accomplis par l’Indonésie ces dix dernières années », craint l’universitaire américain Jeffrey Winters.