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Algérie / Présidentielle

Un scrutin sur fond de frustrations et d'attentes sociales

par Myriam Berber

Article publié le 08/04/2009 Dernière mise à jour le 08/04/2009 à 15:38 TU

Le président Abdelaziz Bouteflika est quasiment assuré d’être réélu, jeudi 9 avril 2009, pour un troisième mandat. Cette élection présidentielle soulève très peu d’enthousiasme dans un pays rongé par une crise économique et sociale des plus dures.

Officieusement, le taux de chômage atteindrait 30 % de la population active, en Algérie. (Photo : Reuters)

Officieusement, le taux de chômage atteindrait 30 % de la population active, en Algérie.
(Photo : Reuters)

Plus de quarante ans après son indépendance, l’Algérie, malgré des ressources en pétrole et en gaz qui en font le pays le plus riche du Maghreb, traverse toujours une crise sociale profonde. Les caisses de l’Etat sont pleines avec 140 milliards de dollars de réserves de change, mais la grande majorité de la population est pauvre, faute d’une redistribution équitable des richesses. Même s’il a baissé, le chômage frappe toujours officiellement 14% de la population active, le taux officieux le situe plutôt à 30%. Il touche essentiellement les jeunes. La démographie galopante – l’Algérie est passée de 10 millions d’habitants en 1962 à 34 millions en 2008 – a accentué la paupérisation et aujourd’hui près de 20% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Le salaire minimum fixé à 12 000 dinars (120 euros) est dérisoire face à la hausse constante du coût de la vie. Les salaires, les plus faibles du Maghreb, font l’objet d’une contestation récurrente. Lors de la campagne électorale, les fonctionnaires, les enseignants et les médecins sont descendus dans la rue pour demander l’augmentation de leurs salaires et de leur pouvoir d’achat. Un médecin généraliste de l’hôpital public, par exemple, débute sa carrière avec 250 euros contre 727 euros au Maroc et 791 euros en Tunisie.

Explosion des importations

Hormis la construction de près d’un million de logements depuis 2001 (on estime à 3 millions le nombre de logements nécessaires) et l’amélioration de la distribution de l’eau potable dans les grandes villes, le président Bouteflika n’a pas réussi au cours de ses deux mandats à sortir l’économie d’une dangereuse dépendance vis-à-vis des hydrocarbures (pétrole et gaz) qui constituent 98% des exportations.  Le prix du baril du pétrole, en dessous des 50 dollars, a une influence immédiate sur les recettes extérieures. En 2009, celles-ci seront moins abondantes, et loin de l’année 2008 qui a rapporté 80 milliards de dollars à l’Etat.

Avec l’épuisement annoncé des réserves de gaz et de pétrole vers 2040, le pays aura du mal à faire vivre sa population. L’Algérie ne produit quasiment rien et importe l’essentiel de ses besoins en produits et services. Les importations ont augmenté de 300% entre 2002 et 2008. L’Algérie importe la quasi-totalité des véhicules de transport qu’elle utilise, 75% des médicaments qu’elle consomme et une bonne partie de ses produits alimentaires.

Mariage forcé pour les investisseurs étrangers

Pour encourager la production nationale, le gouvernement algérien a mis en place une série de mesures durcissant les conditions d’investissement des étrangers. Les entreprises importatrices étrangères doivent désormais faire entrer dans leur capital un partenaire algérien à hauteur de 30%. L’ensemble des sociétés étrangères qui importent des matières premières et des produits destinés à la revente sont concernées.

Une autre mesure interdit à tout investisseur étranger de détenir plus de 49% du capital d’une société tout en répartissant les 51% restants entre plusieurs partenaires algériens, de sorte qu’ils restent majoritaires. Enfin, la Banque d’Algérie a durci davantage les conditions de transfert de devises pour les importateurs. Ces mesures visent également à rassurer les Algériens de plus en plus inquiets de l'arrivée d'une abondante main d'œuvre étrangère, notamment chinoise.