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Algérie

Une fin de campagne en demi-teinte

par  RFI

Article publié le 06/04/2009 Dernière mise à jour le 06/04/2009 à 13:58 TU

Fin de campagne en Algérie( Photo : Zohra Bensemra /Reuters )

Fin de campagne en Algérie
( Photo : Zohra Bensemra /Reuters )

Jeudi, l'Algérie élit son président. La campagne électorale officielle s’achève ce lundi soir à minuit. Contrairement à la campagne précédente, le sujet des disparitions n’a pas été évoqué par les six candidats. L’association SOS Disparus fera de nouveau entendre sa voix le 8 avril, la veille du scrutin, place Addis Abeba à Alger. Ce lundi matin, la presse locale tire les premières conclusions de la campagne. Elles sont globalement positives pour la plupart des titres qui n’écartent pas pour autant le spectre de l’abstention.

Ce n’est pas une blague. Depuis environ deux semaines, les légumes ont brusquement doublé, voire triplé de prix, comme c’est le cas de la pomme de terre. « Elle s’est imposée en septième candidat à cette élection présidentielle », soutient Ech Chorouk, le premier quotidien national arabophone, qui relève que cela grève le pouvoir d’achat des Algériens, et en déduit qu’ils pourraient se venger en s’abstenant de voter.

El Khabar ne s’attarde pas sur la campagne électorale. Il relève juste qu’elle va déboucher sur une compétition de façade. En revanche, L’Expression tire un bilan globalement positif de cette campagne. Sans étayer son propos, il affirme qu’il n’y a pas de doute au sujet de la participation massive au scrutin de jeudi. L’Expression n’exclut pas qu’il en sorte « une nouvelle carte politique ».

Il reste que cette campagne électorale finissante pourrait déboucher sur une affaire politico-judiciaire. Le Midi Libre croit savoir, en effet, que le Parquet de la cour d’Alger « serait sur le point d’enclencher une action contre le Rassemblement pour la culture et la démocratie » pour atteinte à l’emblème national. En signe de protestation contre les conditions générales de la tenue de cette élection présidentielle, le RCD a hissé un drapeau noir à la place du drapeau national.

Les familles des disparus dénoncent le silence autour des disparitions durant la campagne électorale

Mères des disparus algériens, brandissant les photos de leurs enfants.( Photo : Blog/Algerie_Politique )

Mères des disparus algériens, brandissant les photos de leurs enfants.
( Photo : Blog/Algerie_Politique )

Pendant les années 1990, les années noires du terrorisme, des milliers d'Algériens ont disparu en Algérie après avoir été raflés par les forces de sécurité ou les groupes armés islamistes. Au total, ils seraient entre 8 000 et 15 000 personnes, selon les sources, à avoir subi ce sort, à une époque où le pays était déchiré par une guerre civile qui ne disait pas son nom.

Pour de nombreuses familles de disparus, le constat est amer. Le président Bouteflika termine son deuxième mandat et elles n’ont pas obtenu la vérité sur la disparition de leurs proches. Aujourd’hui, le sujet n’est même plus d’actualité.

« Malheureusement, durant cette campagne et contrairement à la précédente, le sujet des disparitions n’a pas été évoqué par les six candidats, puisque la charte nationale considère que la question des disparus a été résolue et qu’il n’est plus question maintenant de parler de ce problème-là », déplore Adnane Bouchaïb, vice-président de l’association Somoud qui représente les familles de victimes enlevées par les islamistes armés.

Dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation, l’Etat a indemnisé des milliers de familles. Mais pour Fatima Yous, présidente de l’association SOS disparus, cette compensation financière ne correspond pas aux vraies attentes. Elle plaint ceux qui ont reçu l’indemnisation, « ils leur avaient dit que c’était une aide sociale, c’est pour cela qu’ils ont couru pour toucher cet argent, mais maintenant ils regrettent beaucoup ». Et elle ajoute « moi je n’accepterai jamais, je ne vendrai pas mon petit fils. On se battra jusqu’à la fin, jusqu’à ce que la vérité éclate ». L’association SOS Disparus demande au futur président l’ouverture d’un dialogue sur la question des disparus.

Sihem Bensedrine, militante tunisienne des droits de l'homme, n'a pas pu entrer en Algérie

La militante des droits de l'homme tunisienne Sihem Bensedrine s'est vue refuser, samedi, l'entrée en Algérie. Sihem Bensédrine arrivait en provenance de Paris à l'invitation de la Ligue algérienne des droits de l'homme. Abdel Moumen Khelil est membre de la Ligue. Il s'était rendu à l'aéroport d'Alger pour accueillir la militante tunisienne et, d'après lui, aucune raison n'a été donnée pour justifier ce refus d'entrée sur le territoire.

Abdel Moumen Khelil, membre de la Ligue algérienne des droits de l'homme

« ...Connaissant sa lutte pour la démocratie et les droits de l'homme en Tunisie de la militante, Sihem Bensédrine est victime de la coopération entre les services de sécurité des deux pays. Je rappelle qu'elle a créé une radio indépendante qui a été interdite en Tunisie...».

06/04/2009 par Cyril Bensimon