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Algérie

La voie est libre pour Bouteflika

par  RFI

Article publié le 12/11/2008 Dernière mise à jour le 12/11/2008 à 12:08 TU

Abdelaziz Bouteflika va pouvoir se présenter à l’élection présidentielle en 2009 pour un troisième mandat. Une écrasante majorité des députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) a voté, ce mercredi matin, pour la révision de la Constitution supprimant la limitation à deux du nombre des quinquennats présidentiels. Cinq-cents parlementaires ont voté en faveur du texte, 21 contre et 8 se sont abstenus, selon le décompte officiel.

Elu en 1999 puis réélu en 2004, Abdelaziz Bouteflika, 71 ans, n'a toutefois jamais évoqué sa possible candidature à l'élection présidentielle prévue en avril 2009.
Cette réforme, selon des sources proches de la présidence, est un renforcement de la démocratie. L’opposition considère, en revanche, que le texte aurait dû être soumis à un référendum et a accusé la majorité du Parlement d’avoir déclenché un « coup de force constitutionnel ».

Abdelaziz Bouteflika (d) a annoncé, le 29 octobre 2008, une prochaine révision de la Constitution permettant « <em>au peuple d'exercer son droit à choisir ses gouvernants</em> ».(Photo : AFP)

Abdelaziz Bouteflika (d) a annoncé, le 29 octobre 2008, une prochaine révision de la Constitution permettant « au peuple d'exercer son droit à choisir ses gouvernants ».
(Photo : AFP)


Abdelaziz Bouteflika, âgé de 71 ans, qui n’a pas évoqué officiellement son souhait de briguer un troisième mandat, a été élu en 1999 et réélu en 2004. Il est ainsi devenu le premier chef d’Etat démocratiquement reconduit depuis l’indépendance de son pays en 1962. Il va ainsi pouvoir se présenter à un nouveau scrutin, à l’expiration de son quinquennat actuel, en avril 2009.

Bouteflika bénéficie du soutien sans équivoque des trois partis de l’Alliance présidentielle : le Front de libération nationale (FLN), qui a conduit la lutte pour l’indépendance de l’ancienne colonie française, le Rassemblement national démocratique (RND), une formation libérale dirigée par l’actuel chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, et le Mouvement de la société de la paix (MSP, islamique).

« Choisir ses gouvernants »

Pour les cercles proches du pouvoir, cette réforme constitutionnelle vise à renforcer la démocratie et à poursuivre la reconstruction du pays, après une décennie de violences qui ont fait près de 150 000 victimes. Bouteflika avait été élu en 1999 avec le soutien de l’armée en promettant de mettre un terme à l’insurrection islamiste. Le journal gouvernemental El Moudjahid a affirmé que « les Algériens ont demandé à Abdelaziz Bouteflika de faire encore un sacrifice pour l’Algérie ».

Le 29 octobre dernier, le président avait d’ailleurs déclaré devant des magistrats que cette réforme allait « permettre au peuple d’exercer son droit légitime à choisir ses gouvernants et à leur renouveler sa confiance en toute souveraineté ». Selon Abdelaziz Bouteflika, « nul n’a le droit de limiter la liberté du peuple d’exercer son droit légitime à choisir ses gouvernants et à leur renouveler sa confiance en toute souveraineté ».  

Le pouvoir à vie

En revanche, l’opposition laïque considère que cette réforme va autoriser le président à rester au pouvoir à vie. Pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui ne dispose que de 19 députés à l’Assemblée populaire nationale, « les amendements remettent en cause les équilibres formels des pouvoirs pour consacrer la personnalisation du régime ».

Le général à la retraite Rachid Benyellès a également critiqué ce projet de révision constitutionnelle, considérant même que le maintien de Bouteflika au pouvoir serait « le pire fléau qui puisse frapper le pays ».

Dans une tribune publiée lundi dernier à Paris dans le journal Le Monde, Rachid Benyellès ancien chef d’état-major de la marine algérienne et ancien ministre des Transports, regrette que « pour empêcher le viol qui se prépare, on ne peut malheureusement compter ni sur les dirigeants des démocraties occidentales qui soutiennent à bras-le-corps un régime qui préserve leurs intérêts, ni sur les manifestations même pacifiques interdites au titre de l’état d’urgence ».    

A écouter

Fayçal Metaoui

Le débat au niveau populaire n'a pas eu lieu. Le président Bouteflika a tout fait pour éviter ce débat dans la mesure où il aurait pu, par exemple, recourir au référendum. 

12/11/2008