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France

Les salaires des patrons sous surveillance

par Myriam Berber

Article publié le 09/04/2009 Dernière mise à jour le 09/04/2009 à 16:22 TU

Soumis à un ultimatum du gouvernement, le Medef, le patronat français, a fini par accepter la création d’un « comité des sages » pour surveiller la rémunération des grands patrons qui licencient ou recourent massivement au chômage partiel. Reste à définir les modalités d’action de ce comité.
Laurence Parisot présidente du Medef, le 24 mars 2009.( Photo : AFP )

Laurence Parisot présidente du Medef, le 24 mars 2009.
( Photo : AFP )


Les bonus, stocks options et autres parachutes dorés versés aux grands patrons embarrassent tous les jours davantage le gouvernement français. Pour mettre fin aux comportements excessifs, le Premier ministre François Fillon a présenté fin mars un décret limitant les revenus des patrons des secteurs de la banque et de la construction automobile qui reçoivent l'aide de l'Etat. Pour les autres entreprises qui connaissent des difficultés, le chef du gouvernement avait demandé la mise en place d'un « comité de sages », et ce avant la fin du mois d’avril, pour surveiller les rémunérations des grands patrons.

Hostile à cette idée, la présidente du Medef expliquait n’avoir « ni le pouvoir, ni le désir d’imposer des règles en la matière », renvoyant ce rôle de gendarme au comité d’éthique du Medef, créé en mars 2008 avec l’Association française des entreprises privées (Afep). Au cours d'un conseil exécutif exceptionnel, Laurence Parisot a finalement accepté, lundi 6 avril 2009, la création de ce comité de sages. Composé de « personnalités incontestables », il sera chargé de « veiller à ce que les dirigeants d’entreprises mettant en œuvre un plan social d’ampleur ou recourant massivement au chômage partiel reconsidèrent l’ensemble de leurs rémunérations ». Une décision annoncée officiellement ce jeudi 9 avril.

L’UMP s’invite dans le débat

Si le principe est désormais acquis, reste à définir les modalités d’action, voire de sanctions de ce comité. Pour Sophie de Menthon, la présidente du mouvement patronal Ethic (Entreprises à taille humaine indépendantes et de croissance), membre également du comité d'éthique du Medef, cette question ne peut se contenter d’un accord a minima : « les propositions du Medef ne vont pas assez loin ». Le mouvement Ethic estime « nécessaire » que ce comité des sages soit « totalement indépendant » du comité d'éthique du Medef et puisse  « prononcer des blâmes ». Afin de marquer son désaccord fondamental avec le Medef, Sophie de Menthon a annoncé, jeudi 9 avril 2009, sa démission du comité d’éthique du Medef.

Le débat sur le partage de la valeur ajoutée dans l’entreprise commence donc à prendre forme en France. Dans cette perspective, le parti majoritaire, l’UMP, a animé, jeudi, un atelier sur ce thème avec des experts, syndicalistes et patrons, la CGPME y prenant part mais pas le Medef. Une occasion pour Eric Besson, le secrétaire général adjoint de l’UMP de revenir sur le problème de la rémunération des patrons dans les colonnes du journal économique Les Echos. Pour Eric Besson, « il ne s’agit pas de contester le droit d’avoir dans les entreprises de hautes rémunérations, mais de mettre fin aux injustices. Il n’est pas acceptable que les salariés et les petits patrons aient le sentiment que quand ça va mal, ils en subissent les conséquences, alors que seuls les grands dirigeants en profitent quand tout va bien ».

Dans cette perspective, Nicolas Sarkozy a confié à Jean-Philippe Cotis, le directeur général de l’Institut national des statistiques (Insee), une mission sur le partage de la valeur ajoutée, le partage des profits et les écarts de rémunération, avec un état des lieux sur les entreprises. Le Conseil d’analyse économique (CAE) prépare par ailleurs un rapport sur cette question.