Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Thaïlande

Les « chemises rouges » lèvent le camp

Article publié le 14/04/2009 Dernière mise à jour le 14/04/2009 à 11:55 TU

Des centaines de manifestants antigouvernementaux, cernés depuis lundi soir par d'importantes forces de sécurité près du siège du pouvoir à Bangkok, ont commencé à se disperser mardi sur ordre de leurs dirigeants, au lendemain d'une journée de violence et d'anarchie qui avait fait au moins 2 morts et 113 blessés.

Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus

Une manifestante appelle à l'arrêt de la violence en distribuant des roses aux soldats le 13 avril 2009 à Bangkok.(Photo : Chaiwat Subprasom / Reuteurs )

Une manifestante appelle à l'arrêt de la violence en distribuant des roses aux soldats le 13 avril 2009 à Bangkok.
(Photo : Chaiwat Subprasom / Reuteurs )

Les leaders des « chemises rouges » ont donné un ordre de dispersion. Ils ont déclaré qu'aujourd’hui n’était pas le jour de leur victoire, mais que ce le sera peut-être demain ou après-demain. Et au moindre signal, ils reprendront la lutte pour « rétablir une démocratie à 100% ».   

Les gens se dispersent peu à peu, sac au dos, barres de fer à la main. Les militaires, quant à eux, prennent totalement possession du quartier qu’occupaient les manifestants, bloc de maisons par bloc de maisons, comme une vraie opération militaire.

Cependant, des bouteilles de gaz propane explosent de temps à autres dans des autobus qui ont été mis en flamme par les « chemises rouges ». Il s'agit d'une victoire pour le gouvernement, qui a réussi à calmer ces manifestations en faisant un minimum de victimes.  

La fin de la mobilisation des « chemises rouges » ?

Cette mobilisation va être suspendue pendant quelques temps et ensuite, en fonction de la situation politique, elle pourrait reprendre. Mais il est certain que l’image des « chemises rouges » a été très fortement affectée par les violences qui sont venues essentiellement de leur fait : plusieurs leaders ont été arrêtés. Il est probable que d’autres chefs qui ont incité à la violence le seront aussi. Par conséquent, le mouvement devrait être décapité.

Thaksin Shinawatra, qui attisait cette révolte à partir de l’étranger, est déconsidéré. Le gouvernement américain a, par exemple, publié un communiqué condamnant les violences utilisées par les manifestants pendant ces dernières journées.

Sophie Boisseau du Rocher

Chercheuse à Sciences Po

« Le gouvernement ne devait pas laisser s'installer le doute sur ses intentions. Il a donc montré qu'il avait la situation en main. C'était, à court terme, le plus important. »

14/04/2009


Voir le diaporama des affrontements

Les dernières « chemises rouges » quittent les barricades

Avec Marie Normand, à Bangkok

Il est 7h ce mardi matin et les manifestants se réveillent lentement au son de l'hymne des « chemises rouges ». Mais le coeur n'y est plus. L'espoir de victoire des derniers jours a été balayé, ce lundi, par les avancées déterminantes de l'armée. Ce matin, les soldats encerclent le campement et menacent de donner l'assaut. Cette militante attend avec impatience des directives : « On a eu beaucoup d'informations différentes depuis notre réveil. Maintenant on attend on ne peut rien faire d'autre ».

Il ne reste que 2 000 manifestants tout au plus ici, un chiffre qui diminue d'heure en heure. Fatigués, beaucoup se dirigent vers des bus mis à disposition par le gouvernement qui offre de les ramener gratuitement chez eux. C'est le cas de ce manifestan, inquiet de la recrudescence des violences avec les riverains, aux abords du campement : « Nous ne nous sentons plus en scurité. Hier, une femme qui marchait simplement dans la rue et portait un tee-shirt rouge a été attaquée. Quand on sort du camp, il faut penser à enlever tous nos accessoires rouges ».

Peu de temps après, les leaders du mouvement demandent aux « chemises rouges » de se disperser par mesure de sécurité. Les habitants de Bangkok vont pouvoir retourner tant bien que mal aux célébrations du Nouvel an thaïlandais, gravement entachées par l'instauration de l'état durgence et les violences de lundi.