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Togo

Kpatcha Gnassingbé inculpé

Article publié le 15/04/2009 Dernière mise à jour le 16/04/2009 à 07:20 TU

Gnassingbé Kpatcha, député et frère du président du Togo.( Photo : republicoftogo.com )

Gnassingbé Kpatcha, député et frère du président du Togo.
( Photo : republicoftogo.com )

Le frère du président togolais, interpellé mercredi matin, devant l'ambassade américaine à Lomé qui lui a refusé l'asile, a été inculpé dans la soirée de « complot » et de « tentative d'attentat contre la sûreté de l'Etat », a annoncé le procureur de la République Robert Bakaï, avant d'ajouter que « les investigations ont révélé des indices graves et concordants impliquant l'honorable député comme organisateur » d'un complot.

Les officiers, interpellés dimanche soir chez Kpatcha Gnassingbé, auraient finalement parlé et avoué aux gendarmes qu’il y avait bien un coup d’Etat en préparation au Togo. Les conjurés devaient profiter du voyage du président Faure Gnassinbgé en Chine pour prendre le pouvoir.

Et de sources proches de la gendarmerie, parmi les initiateurs, Kpatcha Gnassingbé figurerait au premier plan. La gendarmerie a donc tenté à nouveau de l’arrêter dans la nuit à son domicile, mais il a réussi à s’enfuir. Il a d’abord cherché à se réfugier à l’ambassade des Etats-Unis, avant d'être interpellé devant le bâtiment, autour duquel s'était positionné des militaires et des gendarmes.

Kpatcha Gnassingbé a été arrêté devant les portes de l'ambassade américaine. C'est le commandant de la gendarmerie, mandat d'arrêt en main, qui est venu cueillir le demi-frère du chef de l'Etat. Les Etats-Unis venaient alors de lui refuser l'asile estimant qu'il n'était pas approprié de lui accorder refuge alors qu'un processus judiciaire est en cours.

Des indices graves

Aussitôt après son arrestation, le député de Kara a été conduit dans les locaux de la gendarmerie de Lomé et dans la soirée c'est le procureur de la République qui a annoncé par communiqué l'inculpation de Kpatcha Gnassingbé. Selon Robert Bakaï, les investigations ont révélé des indices graves et concordants impliquant le député comme organisateur d'un complot.

Les charges pesant sur l'ex-ministre de la Défense sont lourdes puisqu'une information judiciaire a été ouverte pour tentative d'attentat contre la sûreté de l'Etat, groupement de malfaiteurs, rébellion, violences volontaires avec usage d'armes à feu, et complicité de violences volontaires.

Le chef de l'Etat lui ne s'est toujours pas exprimé sur cette affaire. Alors que la famille Gnassingbé apparait plus déchirée que jamais, comme si de rien n'était, le président a reçu mercredi le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires etrangères. Mais dans la capitale togolaise, on parle également d’une réunion de la famille Gnassingbé qui doit se tenir à Lomé-2, un quartier de la ville.

Les réactions concernent jusqu'ici seulement l’intervention des militaires dans la résidence du député, dans la nuit de dimanche à lundi. L’opposition considère que ce n’est pas aux gendarmes d’intervenir dans ce type d’opération. Selon Patrick Lawson, vice-président de l'Union des forces de changement (UFC), « l’interpellation de citoyens, pour quelque motif que ce soit, est une opération de police judiciaire qui ne relève nullement de la compétence des Forces armées togolaises (FAC) et encore moins de la Force d’intervention rapide (FIR) », une unité d’élite commandée par le colonel Félix Katanga, beau-frère du député. Ce parti d’opposition a l’intention de saisir la présidence de l’Assemblée nationale en vue d’un débat dans lequel doit être notamment discutée la question de l’immunité parlementaire.*

« Divergences dictées par des ambitions »

Du côté du parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), on reconnait l’existence de « certaines divergences qui peuvent être dictées par des ambitions » qui seraient donc à l’origine de ces événements. Selon Solitoki Esso, secrétaire général du RPT, « ces ambitions deviennent dangereuses, lorsqu’elles vont à l’encontre de la communauté, de la société ». Pour ce responsable, il faut « aller vers l’apaisement et inviter les uns et les autres à cela ».

Elu en octobre 2007 député de la circonscription de Kara (environ 420 km au nord de Lomé), principal fief du parti au pouvoir et surtout de la famille Eyadema, Kpatcha Gnassingbé était, jusque-là, considéré comme un « poids lourd » du RPT. Après avoir dirigé la zone franche du port de Lomé, il a été ministre de la Défense de 2005 à 2007, un poste sensible dans un pays où l'armée a un rôle important et dont il a été écarté.

Faure Gnassingbé a succédé à son père Eyadema en 2005 à la suite de violences et d'élections contestées. Eyadema régnait sur le pays d'une main de fer depuis 1967. La prochaine élection présidentielle doit se tenir en 2010.