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Sommet des Amériques

Menace sur la déclaration finale

Article publié le 19/04/2009 Dernière mise à jour le 19/04/2009 à 08:49 TU

Ce dimanche se termine à Trinité-et-Tobago le 5e sommet des Amériques. Malgré la bonne ambiance remarquée lors de ce grand rendez-vous, le cas de Cuba risque de perturber la fin du sommet. Plusieurs Etats latino-américains demandent la levée pure et simple de l'embargo américain sur l'île communiste et menacent de ne pas signer la déclaration finale. Réplique de la Maison Blanche : « la balle reste dans le camp du régime castriste ».

Les 34 chefs d'Etat et de gouvernement, réunis à Trinité-et-Tobago, vont clore ce dimanche le 5<sup>e</sup> sommet des Amériques.(Photo : AFP)

Les 34 chefs d'Etat et de gouvernement, réunis à Trinité-et-Tobago, vont clore ce dimanche le 5e sommet des Amériques.
(Photo : AFP)


Avec notre envoyée spéciale à Port d'Espagne,
Stefanie Schüler

La déclaration finale fait, apparemment, toujours débat, même si on a pu entendre de tous les côtés que l’ambiance des négociations s’était nettement améliorée durant la journée de samedi.

Un front de contestation s’était créé juste avant le sommet des Amériques à Port d’Espagne. Ainsi, sept pays de la gauche latino-américaine comme le Venezuela, la Bolivie ou encore, le Nicaragua, avaient déclaré que par solidarité avec Cuba, grand absent du sommet, ils ne signeraient pas la déclaration finale si le projet n’était pas modifié.

Le président vénézuélien, bien qu’en pleines retrouvailles avec les Etats-Unis, s’est montré ferme : « Je ne crois pas que nous ayons le temps pour changer la déclaration. Et comme il n'y a pas de temps, nous n'allons pas la signer ».

Si le groupe des sept refusait de souscrire au document final, cela créerait une situation inédite dans l’histoire des sommets des Amériques, mais surtout, ce serait un mauvais signal à envoyer aux marchés financiers et économiques dans la région.

« Une irresponsabilité gravissime »

Ce n’est donc pas étonnant que les premières voix s’élèvent pour mettre en garde contre une telle éventualité. Le président du Guatemala a ainsi déclaré que se serait « une irresponsabilité gravissime » de ne pas parvenir à un accord.

Ce qui semble plus probable, c’est que nous nous dirigeons ici à Trinité-et-Tobago vers un accord a minima. Ce sont les pays modérés d’Amérique latine, comme par exemple le Brésil et son président Lula, qui pourraient faire pression pour arracher un consensus.

Mais cela non plus ne satisfait pas tout le monde. Le président équatorien Rafael Correa a déjà estimé, ce samedi, que la déclaration finale serait beaucoup trop superficielle et protocolaire. Il est vrai qu’au cours de la journée de samedi, aucune mesure novatrice n’a filtré à travers les portes closes de la salle des négociations.

Les citoyens en Amérique latine attendent en tout cas beaucoup plus de ce sommet à Port d’Espagne qu’un simple compromis de façade.

L’Amérique latine est inquiète

Avec la crise économique mondiale, c’est l’ensemble du continent qui risque de retomber dans la précarité. Précarité dans laquelle la région vient tout juste de sortir, grâce à une croissance économique constante durant six années consécutives. Mais les analystes sont formels : le sud du continent américain va entrer en récession cette année. L’Amérique latine comptera 6 millions de pauvres et 4 millions de chômeurs en plus.

En temps de crise économique, quatre phénomènes sociaux connaissent généralement une forte croissance : la mortalité infantile, la mortalité maternelle, la malnutrition et le décrochage scolaire. Ce sont précisément ces quatre indicateurs de crise qui vont être dans les prochains mois au centre de toutes les attentions en Amérique latine. Au centre aussi d’une stratégie sur laquelle se sont entendus samedi les 34 dirigeants du continent américain réunis à Port d’Espagne.

Selon Rebeca Greenspan, du programme du développement des Nations unies, le temps presse : « L’Amérique latine a mis 25 ans pour revenir au même taux de pauvreté que nous avons eu avant la crise des années 80. C’est seulement en 2005 que nous sommes arrivés au taux de 40% de pauvreté que nous avons eu avant la dernière crise. Parce qu’à l’époque nous n’avions pas les filets de sécurité nécessaires pour protéger les femmes, les enfants et les jeunes des conséquences de la crise ».

Créer maintenant le plus vite possible ces filets de sécurité, est devenu l’une des priorités pour l’Amérique latine. Plusieurs champs d’action ont ainsi été discutés à Port d’Espagne : le renforcement du système de la santé pour prévenir la mortalité infantile et maternelle, le renforcement du système de l’éducation pour prévenir l’exclusion sociale des enfants en échec scolaire et enfin le soutien financier des petites et micro-entreprises. Principal employeur en Amérique latine, ces petites entreprises devraient bénéficier de crédits spécifiques pour empêcher une vague de licenciements. Si ce plan d’action a le mérite d’exister, aucun budget n’a encore été présenté pour le financer.