par RFI
Article publié le 21/04/2009 Dernière mise à jour le 21/04/2009 à 15:13 TU
Les humanitaires redoutent un bain de sang au Sri Lanka : des milliers de civils sont toujours pris au piège des combats entre l'armée et les rebelles des Tigres tamouls alors que l'armée menace maintenant de lancer l'assaut final. On parle d'un ultimatum. Colombo demandait la reddition du chef des rebelles et de ses lieutenants. Il est arrivé à échéance aux alentours de 6h30 TU, sans que rien ne se passe. Ces dernières 48 heures, si l'on en croit les militaires, plusieurs milliers de civils auraient fuit, la dernière zone de combats, une mince bande de terre dans le nord-est de l'île.
Photo diffusée par l'armée sri-lankaise, montrant des civils fuyant la zone controlée par les Tigres tamouls.
(Photo : AFP)
C’est un peu « Fort Alamo dans la jungle » qui se joue en ce moment au Sri Lanka et les Tigres ont perdu la guerre mais pas encore la dernière bataille sur ce bout de lagune du nord-est du pays. On parle ici d’un mouchoir de poche : 15 kilomètres carrés, pas plus, que l’armée gouvernementale est parvenue à couper en deux ces dernières heures.
Les soldats de la 58e division ont investi deux villages qui font partie de la zone démilitarisée, mais qui étaient en réalité tenus par les rebelles. D’où cet afflux massif de déplacés hier : 40 000 selon les autorités qui ont fui les combats. Colombo parle d’opération de « sauvetage de populations retenues en otages par la guérilla ».
Guerre des communiqués et guerre des images
Il s’agit d’une guerre des communiqués et guerre des images : l’armée a équipé ses avions de caméras et filme ses opérations depuis le ciel. De leur côté, les Tigres de libération de l’Eelam tamoul alignent les photos des victimes civiles sur le site « Tamil net » (http://www.tamilnet.com/art.html?catid=13&artid=29105) fait état ce mardi matin de plusieurs centaines de cadavres et d’au moins 600 blessés graves dans les combats de lundi.
Pour l’instant, chacun campe sur ses positions. Les Tigres n’ont pas répondu à l’ultimatum des autorités. Entre 30 et 60 000 civils seraient toujours présents dans cette dernière poche de résistance tamoule.
Une manifestante membre d’une association d’étudiants tamouls
« On nous annonce tous les jours qu’il y a des milliers de morts et personne ne réagit ! Ce n’est pas possible ! »
La guerre des chiffres |
Vous avez pu l’entendre, depuis quelques jours les deux parties se livrent à une guerre de chiffres. Environ 50 000 personnes auraient quitté la dernière poche de résistance des Tigres depuis ce lundi affirment les autorités. Colombo a sorti sa calculatrice, 20 000 personnes seraient toujours à l’intérieur de la zone, selon le gouvernement. Un chiffre sous-estimé selon les organisations humanitaires. Le porte-parole des Nations unies au Sri Lanka nous parlait ce mardi d’au moins 100 000 personnes qui seraient donc encore sur cette lagune, dernier carré de la guérilla dans le nord-est de l’île. Pour la Croix-Rouge, c’est plutôt 50 000. Une chose est sûre, ces population freinent la progression des soldats. L’armée sri-lankaise parle d’opérations de sauvetage de populations « otages » de la guérilla. Les rebelles accusent au contraire les militaires d’avoir tiré sur les civils faisant au moins 1 000 blessés et tués. Mais il est bien évidemment très difficile de vérifier ces chiffres, c’est une guerre sans témoin. RFI |
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