par Sophie Malibeaux
Article publié le 22/04/2009 Dernière mise à jour le 23/04/2009 à 04:06 TU
Quelques milliers de sri-lankais partis d'une zone sans combats controlée par les Tigres tamouls, dans un camp temporaire, au nord du pays, le 22 avril 2009.
(Photo : Reuters)
Ils seraient 81 420 hommes, femmes et enfants à avoir fui la zone des combats cette semaine à en croire les informations délivrées par l’armée. Mais les journalistes ne sont pas autorisés à approcher la zone des combats, ce qui empêche toute évaluation indépendante de la situation.
Il semble bien néanmoins que les autorités sous-estiment le nombre de civils encore présents dans la zone des combats, au regard des évaluations faites par des organisations telles que la Croix rouge internationale (CICR) et les Nations Unies, qui estiment pour leur part que des dizaines de milliers de civils restent piégés dans cet espace de plus en plus restreint.
Les autorités sri-lankaises affirment malgré tout continuer leurs opérations de « sauvetage » sur les 12 kilomètres carrés sur lesquels se trouvent retranchés les derniers combattants LTTE.
Situation humanitaire chaotique
Quand à l’accueil réservé aux populations quittant la zone des combats, il se fait avec des moyens extrêmement limités. Karen Stewart volontaire de MSF présent à Vavuniya, décrit une « situation chaotique ». « Les lits collés les uns aux autres ressemblent à un seul lit géant, avec deux personnes par matelas, auxquels s’ajoutent un patient sous chaque lit ».
Jusque là, l’ONG affirmait assister à l’arrivée de 200 blessés par semaine depuis un mois, mais ce mardi, ce sont 400 blessés de guerre qui sont arrivés par bus en une journée. Dans les bus, des blessés mais aussi des morts, en raison des conditions difficiles du voyage.
« En trois jours, nous avons vu 400 à 450 bléssés ; ce sont les totaux que nous avons en trois semaines d'habitude... la structure n'est pas capable de les absorber. »
Les civils arrivent à bout de force, après avoir vécu des mois sur une bande de terre saline dépourvue d’eau potable, et très mal approvisionnée. Les sources d’information tamoules évoquent des cas de malnutrition chez les enfants et une situation déplorable sur le plan de l’hygiène dans les camps organisés par les autorités pour parquer les refugiés. Ceux-ci ne sont pas autorisés à circuler librement, ils sont encadrés par des paramilitaires dans des camps entourés de barbelés.
Sur les bléssés et les autres hôpitaux
« Ce sont des patients qui sont vraiment dans un état qui nécessite une intervention très rapide... on a aussi pas mal de gens qui meurent en route... »
L’armée satisfaite des « redditions » de cadres Tamouls
La raison pour laquelle les autorités n’accordent qu’un accès restreint aux humanitaires et aux organisations internationales pour les aider à gérer cet afflux de déplacés, c’est qu’elles craignent l’exfiltrations de rebelles tamouls aux milieux de civils.
Les autorités qui martèlent leur détermination à en finir avec les Tigres multiplient les appels à la reddition. Jusqu’ici sans succès. Ce mercredi pourtant, un communiqué de l’armée signalait la reddition de deux cadres LTTE. L’un, Velayudam Dayanidi, alias Daya master, est un ancien professeur d’anglais devenu porte-parole des Tigres, en charge des contacts avec la presse et les ONG. L’autre, appelé Georges, faisait office d’interprète aux côtés de l’ancien chef de l’aile politique des Tigres avant son assassinat en 2007. L’armée, pourrait en tirer des informations concernant l’état major des Tigres et notamment la localisation de leur leader Prabhakaran.
Ce mercredi 22 avril, le porte-parole du ministère de la Défense estimait encore qu’il y avait de fortes chances que Vellupillai Prabhakaran se trouve encore dans les 12 kilomètres carrés encerclés par l’armée.
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