Article publié le 23/04/2009 Dernière mise à jour le 23/04/2009 à 08:55 TU
Au Sri-Lanka, selon l’ONU, des dizaines de milliers de civils restent coincés dans la zone de combats, entre l’armée sri-lankaise et les rebelles des Tigres Tamouls. L’organisation se dit très inquiète pour eux. Selon des chiffres de l’ONU, non confirmés, plus de 4000 civils auraient déjà péri dans les combats. L'émissaire des Nations Unies pour le Sri Lanka, Vijay Nambiar, a qualifié la situation humanitaire de « désespérée ». Les membres du Conseil de sécurité ont adopté une déclaration, pour demander aux Tigres tamouls de rendre les armes, et au gouvernement de respecter ses obligations envers les civils. Mais cette déclaration était informelle.
Avec notre correspondant à New York, Philippe Bolopion
A l’ONU, où tout est symbole, les membres du Conseil de sécurité ont choisi de se retrouver dans les sous-sols, pour parler du Sri Lanka. La Russie et la Chine ne voulaient pas que le Conseil se réunisse officiellement, dans la salle qui lui est réservée. Pour ces pays, l’affaire sri-lankaise est une affaire interne, qui ne regarde pas le Conseil de sécurité - pas plus que la situation au Tibet ou en Tchétchénie. Malgré tout, sous la pression de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, Pékin et Moscou ont accepté de se joindre à une déclaration informelle qui demande aux rebelles des Tigres tamouls de déposer les armes, de renoncer au terrorisme et de laisser partir les civils dont ils se servent comme bouclier.
Une déclaration informelle et mesurée
La déclaration appelle également le gouvernement sri-lankais à respecter ses obligations envers les civils. Mais le texte n’a aucune valeur juridique. Il n’appelle pas à une pause humanitaire dans les combats et n’insiste pas pour que le gouvernement laisse entrer les organisations humanitaires.
On est donc loin de ce que réclamaient les ONG qui rappellent que l’ONU a reconnu en 2005, la responsabilité de protéger, un concept en vertu duquel la communauté internationale est censée intervenir lorsqu’un gouvernement ne veut pas ou ne peut pas protéger sa propre population.
La sévérité de l'ONU envers les Tigres |
Ce qui est frappant dans cette déclaration c'est que le Conseil de sécurité s'en prend très durement aux Tigres de l'Eelam tamoul, considérés c'est vrai, depuis les années 1990, comme une organisation terroriste. Le Conseil juge que les séparatistes se servent toujours des populations comme bouclier humain afin de protéger leur fuite et de gagner du temps. Il est beaucoup moins sévère avec le gouvernement de Colombo auquel il est demandé de respecter le droit international. On est loin de ce que réclame les ONG. Pas un mot par exemple pour appeler l'armée sri-lankaise à la retenue. Et pour cause, la Russie ou la Chine considèrent que le conflit est un problème interne Dans cette affaire, l'objectif final des Nations unies est louable, mettre un terme à la guerre puis, résoudre le conflit. Mais sur le terrain les choses sont beaucoup plus compliquées qu'une déclaration sans aucune valeur juridique faite dans un troisième sous-sol du bâtiment des Nations unies. Le gouvernement de Colombo veut aller jusqu'au bout de sa guerre pour clamer sa victoire après 37 ans d'un conflit très meurtrier. Dans l'autre camp, les Tigres résistent encore avec leurs armes, prêts à mourir pour leur cause. La guerre conventionnelle est peut-être bientôt fini, mais pas le conflit. RFI |