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Sri Lanka

L'offensive contre les Tigres tamouls continue

par  RFI

Article publié le 24/04/2009 Dernière mise à jour le 24/04/2009 à 16:52 TU

Le gouvernement sri-lankais semble déterminé à utiliser la force  pour en finir une fois pour toute avec le leadership des Tigres tamouls. Plus aucune issue politique n'est considérée. Le fait est qu'aujourd'hui, les autorités croient savoir que le numéro un des Tigres se trouve toujours aux côtés de ses combattants sur une bande de terre de 10 km carrés, entre la mer et la lagune.

Des manifestants pro-tamoul devant le quartier général européen des Nations unies à Genève, le 24 avril 2009.(Photo : Reuters)

Des manifestants pro-tamoul devant le quartier général européen des Nations unies à Genève, le 24 avril 2009.
(Photo : Reuters)

Le 23 avril 2009 on apprenait par un communiqué de l'armée que deux cadres des LTTE  s'étaient constitués prisonniers. A en croire l'armée, ils ont parlé.  Aujourd'hui les militaires affirment avoir obtenu d'eux,  l'assurance que leur chef Prabhakaran était encore sur le terrain, avec l'intention de se battre jusqu'à la dernière extrêmité.

L'objectif maintenant c'est donc: Prabhakaran, mort ou vif. Parce que si l'armée arrive à ce résultat, les autorités pensent que le mouvement est décapité pour de bon. Mais en choisissant cette voie de la résolution du conflit par la force, il va falloir maintenir une imposante présence militaire à long terme.

C'est ce qu'affirme Jehan Perera qui dirige le National Peace Council, il nous en dit plus sur cette accumulation de forces déployées contre les Tigres tamouls :

« L'armée sri lankaise compte 200 000 hommes  on peut doubler ce chiffre car, au cours des trois quatre dernières années, parallèlement à l'armée, beaucoup de troupes paramilitaires se sont développées.

Il y a des gardes pour les civils en ajoutant la police on peut compter encore 200 000 personnes supplémentaires : toutes ces forces de sécurité en présence dans le pays sont devenues très importantes et nous devons les maintenir.

Ces paramilitaires ne sont pas que des Tamouls mais aussi des villageois qui se sont procurés des armes, des fusils pour protéger leur village contre les attaques terroristes du LTTE et, en plus de ces villageois, il y a d'anciens groupes de militants Tamouls qui ont quittés la guerilla. Certains villageois ont été proches des LTTE d'autres opéraient indépendamment des Tigres . Ils ont rejoint les forces de l'armée : ils combattent aujourd'hui les hommes du LTTE et fournissent des informations au gouvernement. Mais les paramilitaires du LTTE  font pression et intimident fortement les villageois tamouls.»

L'armée sri lankaise dispose maintenant d’une capacité de  200 000 hommes. En fait , cela a doublé ces quatre à cinq dernières années.  En plus, il y a un nombre important de troupes paramilitaires qui ont été impliquées dans le conflits  .

Ce sont des gardiens privés, des vigiles en ajoutant la police peut-être, on peut compter encore 200 000 personnes supplémentaires. Nous avons maintenant un dispositif de sécurité très étendu qu’il va falloir continuer à entretenir .

Racket, viol des femmes, meurtres - c'est apparement le lot quotidien des civils tamouls maltraités par les paramilitaires dans cette phase finale du conflit. Pour quelqu'un comme Jehan Perera qui a consacré une grande partie de sa vie à la recherche d'une solution de compromis politique entre cinghalais et tamouls, il n'y a pas de quoi crier victoire, c'est un échec. On est loin d'une possible réconciliation entre tamouls et cinghalais.

En face de cette puissante armée sri-lankaise, on a quand même une forte résistance des Tigres tamouls. On sait que des dizaines de miliers de civils sont toujours présents dans cette zone dite démilitarisée, où en fait se concentrent les combats. Cela ralentit l'action de l'armée, mais les Tigres ont aussi accumulé des forces pour résister.

Prabhakaran, outre le fait qu'il se dit lui même invincible, est présenté comme une sorte de génie de la guerre. Il est arrivé en deux décennies à doter son mouvement séparatiste d'une capacité militaire à l'égal de son adversaire. C'est pour cela que durant un  temps les Tigres avaient le contrôle de plus d'un tiers du territoire. Le tournant est à situer autour de l'année 2005, où la marine sri-lankaise notamment a réussi à prendre les unités navales des Tigres à revers. Cela a été un facteur déterminant de la défaite des Tigres sur le plan conventionnel, car il restera toujours la menace des attentats. Jehan Perera revient sur cette puissance de feu accumulée par les Tigres et qui leur sert aujourd'hui à retarder leur défaite.

«Une partie de ces armements lourds viennent de l’armée sri-lankaise elle-même. Ces armes ont été récupérées par les LTTE à une époque où l'armée sri-lankaise avait implanté des petits campements éparpillés dans le nord et l’est du pays et les LTTE qui étaient plus nombreux pillaient ces camps, tuaient les soldats et prenaient leur armes. Plus récemment, les Tigres menaient des assauts contre des camps plus importants: ils récupéraient des tanks et de l'artillerie lourde. Aussi en mer, ils sont parvenus à capturer des navires de la flotte de l'armée sri lankaise.  

Piller l'armée régulière a été l'un des moyens par lequel les Tigres ont récupéré des armes. L'autre façon pour eux de s'équiper c'est la contrebande sur le marché mondial. Avant, le LTTE générait beaucoup d'argent au travers de la communauté tamoul grâce au commerce et parfois à des trafics illégaux. Ils achetaient les armes sur le marché et comme le Sri Lanka est une île, ils arrivaient à faire de la contrebande par la mer.»

La diaspora, elle, est à vif aujourd'hui, comme on a pu le voir lors des manifestations violentes de ce début de semaine dans ce que l'on appelle le quartier "Little Jaffna" de Paris. Il faut préciser qu'il y a des chercheurs qui travaillent sur ce dossier et qui n'osent plus s'exprimer publiquement parce qu'ils ont reçu des menaces de mort. D'après les sources bien informées, ce sont des gens qui ont financé une guerilla pendant des années. Certains s'aperçoivent aujourd'hui que ses combattants sont capables de retourner le feu contre leur propre peuple, en positionnant les civils face à l'ennemi.