Article publié le 03/05/2009 Dernière mise à jour le 03/05/2009 à 13:42 TU
Un couple masqué fait ses courses au marché « Central de abastos », l'un des plus grands marchés de Mexico, le 2 mai 2009.
( Photo : Carlos Jasso/ AFP )
Avec notre correspondant à Mexico, Patrice Gouy
Avec l’expansion de la grippe A dans le monde, le Mexique est montré du doigt, ce qui chatouille l’orgueil national. La ministre des Relations extérieures, Patricia Espinoza, s’en est pris en particulier à la Chine. Ce pays a fermé ses frontières aux exportations de porcs mexicains et a supprimé le vol direct Mexico - Shanghai.
La goutte qui fait déborder le vase est l'attitude discriminatoire du gouvernement chinois à l’égard de 170 passagers. A leur arrivée, les touristes ont été mis en quarantaine dans un hôpital car parmi eux voyageait une personne atteinte du virus A/H1N1. La chef de la diplomatie recommande donc à ses concitoyens d’éviter de se rendre dans ce pays tant qu’il n’aura pas rectifié sa position.
« Le monde stigmatise le Mexique et les Mexicains... »
Par ailleurs, la ministre s’est déclarée surprise que le Pérou, l’Argentine, Cuba et l’Equateur, considérés comme des pays frères, aient suspendu leurs vols vers le Mexique. Une voix réconfortante, celle de l’Espagne. Son ambassadeur considère « lamentable que le monde stigmatise le Mexique et les Mexicains comme responsable d’un problème sanitaire mondial. Le diplomate a rappelé que « cette épidémie doit renforcer la solidarité et la coopération internationale.»
La discrimination existe aussi entre Mexicains
Au Mexique, à Tlayacapan, petite bourgade de l'Etat de Morelos, à 60 km de Mexico, où de nombreux citadins ont leur maison de campagne, la rumeur dit que les villageois montent des barricades la nuit pour empêcher les habitants de la capitale d’entrer. Sur le marché, les paysans sont sur la défensive dès qu’une personne équipée d’un masque de protection veut se faire servir, elle est aussitôt soupçonnée d’être porteuse du virus de la grippe. Plusieurs jardiniers ont préféré se mettre en congés sans solde plutôt que de côtoyer ceux par qui le mal pourrait arriver.
Cette épidémie de grippe polarise la société
Dans la ville voisine de Cuautla, plusieurs infirmières de l’hôpital ont abandonné leur poste en apprenant qu’il y avait un cas de grippe A dans leur service. Dans l’Etat de Querétaro, le gouverneur a carrément demandé aux habitants de la capitale de rester chez eux et de ne pas venir dans son Etat pourtant très touristique. Cette épidémie de grippe polarise la société. Les habitants des campagnes pensent que l’air pur et la vie saine les protège contre ce type de virus citadin. Pour ces provinciaux, le mal vient de la capitale qui avait déjà mauvaise réputation à cause de sa pollution et de sa délinquance.
...Et de l'homme au porc |
Avec notre correspondante à Toronto, Annouck Desgroseilliers Au Canada, à la mi-avril, alors qu'il rentrait d'un voyage au Mexique, le travailleur agricole en cause a présenté des symptômes de grippe. Quelques jours plus tard, à la ferme où il travaille, 220 porcs sur un troupeau de 2 000 étaient aussi atteints de la maladie. Selon les analyses effectuées par les autorités sanitaires canadiennes, les bêtes souffraient du même virus A/H1N1 que celui responsable de l'épidémie actuelle chez l'humain. Le travailleur s'est remis de ses symptômes de même que les porcs. Mais les autorités sanitaires ont mis le troupeau en quarantaine par mesure de précaution. Elles craignent que les porcs malades ne transmettent à leur tour le virus aux personnes avec lesquelles ils seraient en contact. Il n'est pas rare que les porcs soient infectés par des virus humains, mais ce serait le premier cas enregistré dans l'épidémie actuelle de grippe. Les producteurs canadiens de porc s'inquiètent déjà des répercussions de cette annonce sur leurs exportations qui sont en baisse depuis le début de la crise. De leur côté, les autorités sanitaires répètent que la consommation de viande porcine demeure sans risque. |