par RFI
Article publié le 06/05/2009 Dernière mise à jour le 07/05/2009 à 08:36 TU
Des témoins disent avoir entendu, mercredi matin, des tirs non loin de la proximité de Goz Beïda dans la partie orientale du Tchad. Ndjamena a confirmé, mercredi, l'arrivée dans le pays, à partir du Soudan, d'hommes armés embarqués dans plusieurs centaines de véhicules. Khartoum a aussitôt démenti toute implication, dans ces mouvements de troupes. L’Union africaine (UA) a exprimé son inquiétude au sujet de l’évolution de la situation à l’est du Tchad et a appelé les « parties concernées à la retenue et au sens des responsabilités ». Le ministre tchadien des Affaires étrangères a été reçu, ce mercredi matin, à Paris par le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner. Les rebelles de l’Union des forces de la résistance (UFR) déclarent que « l’objectif final est Ndjamena ». Toutefois les autorités tchadiennes n’ont pas confirmé des accrochages dans l’est du pays.
Près de cette localité, l'UFR aurait massé selon des sources concordantes environ 400 véhicules. Equipée de matériel anti-aérien, la rébellion a riposté aux bombardements et affirme avoir abattu un hélicoptère. Aucun bilan de ces affrontements entre les forces aériennes tchadiennes et les colonnes rebelles n'est encore disponible. Mais les officiers de l'armée que nous avons pu joindre démentent fermement la perte d'un appareil.
Présente dans les environs de Goz Beïda, l'Union des forces de la résistance dispose également, selon nos sources, d'une quatrième colonne infiltrée beaucoup plus au sud dans les environs d'Am Timan, une ville qui aurait été fortement dégarnie par l'armée gouvernementale. Si l'UFR affirme avoir pour but final Ndjamena, beaucoup de questions se posent encore sur les objectifs réels de cette incursion rebelle. Dans la capitale, l'entrée de la rébellion sur le territoire tchadien est dans tous les esprits mais selon nos informations aucun déploiement significatif de l'armée n'est encore constaté à Ndjamena.
Les réactions se sont multipliées depuis que les autorités tchadiennes ont confirmé, mardi, l'arrivée dans l’est du pays, à partir du Soudan, d'hommes armés embarqués dans plusieurs centaines de véhicules. À Paris,le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a reçu, mercredi matin, son homologue tchadien Moussa Faki Mahamat, pour étudier les moyens diplomatiques face à cette offensive rebelle. Eric Chevalier, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a démenti l’idée d’une intervention opérationnelle des forces françaises présentes au Tchad.
Porte-parole du ministère français des Affaires étrangères
« Il n'est pas du tout prévu dans ces accords qu'il y ait intervention opérationnelle des forces françaises. »
Dans un entretien à RFI, le ministre tchadien de la Défense Moussa Faki Mahamat a déclaré que son pays n’avait pas, pour l’heure, besoin d’aide pour contenir l’offensive rebelle : « Nous avons un accord de coopération technique avec la France qui est toujours valide. Pour l’instant, l’armée tchadienne a toutes les capacités de faire face à cette nouvelle situation ».
La France participe avec 800 hommes à la Mission de l’Onu au Tchad et en Centrafrique (Minurcat). 1 150 militaires français sont également déployés dans le cadre du dispositif Epervier, pour une mission de formation et d’assistance logistique et sanitaire à l’armée tchadienne.
Une autre question évidente se pose maintenant, celle des conséquences humanitaires de cette nouvelle incursion rebelle dans l'est du Tchad. C'est dans la zone de Goz Beida que sont implantés des camps de réfugiés du Darfour, placés sous la protection des casques bleus. L’Union africaine (UA) a fait part, ce mercredi, de sa préoccupation, face à la présente situation au Tchad. Le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, s’est déclaré particulièrement inquiet « des informations faisant état d’incursions de rebelles armés », dans la région de Goz Beïda et Abéché, et a condamné « le recours à la force comme moyen de règlement des situations de tension et de crise en toute circonstance ».
Inquiétude, aussi, de l'ONG Oxfam, qui intervient sur les sites des déplacés. Le directeur d'Oxfam Grande-Bretagne Roland Van Hauwermeiren craint qu'il n'y ait de nouveaux mouvements de populations fuyant les zones d'affrontement.
Directeur d'Oxfam en Grande Bretagne
« Je n'ai pas encore arrêté de programme, comme la crise est assez fraîche et jeune, et principalement concentrée dans une zone. »
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