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Soudan / Darfour / Justice internationale

Première comparution d’un chef rebelle devant la CPI

par  RFI

Article publié le 18/05/2009 Dernière mise à jour le 19/05/2009 à 08:46 TU

Bahar Idriss Abou Garda dans le box des accusés de la Cour pénale internationale le 18 mai 2009.(Photo : Phil Nijhuis/Reuters)

Bahar Idriss Abou Garda dans le box des accusés de la Cour pénale internationale le 18 mai 2009.
(Photo : Phil Nijhuis/Reuters)

Bahar Idriss Abou Garda, 46 ans, s'est présenté de son plein gré devant la Cour pénale internationale (CPI). Le chef du Front uni de résistance (FUR), une faction dissidente du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE), est soupçonné d'avoir planifié et dirigé - avec deux autres chefs rebelles - une attaque contre une base des soldats de maintien de la paix de l'Union africaine (UA), en septembre 2007, à Haskanita, dans le nord du Darfour. Une attaque qui avait fait douze morts.

L’audience a été très brève, moins de trente minutes, et très formelle : pas une objection de la défense ou du bureau du procureur. Pas même une déclaration du chef rebelle dans l’enceinte du tribunal pour dire qu’il est innocent des crimes qui lui sont reprochés. Bahar Idriss Abou Garda est en fait apparu comme un suspect modèle et le juge Cuno Tarfusser l’a même félicité d’être venu volontairement devant la Cour. « Vous envoyez un bon message », a déclaré, dès le début de l’audience, le magistrat italien.

Concentré, vêtu d’un costume gris, le président du FUR a écouté calmement le greffier lui signifier les trois crimes qui lui sont imputés par le bureau procureur du TPI : meurtre, attaque contre des troupes de maintien de la paix et pillage de la base des soldats de l’UA. Pour savoir maintenant s’il fera l’objet d’un procès, Bahar Idriss Abou Garda devra attendre la décision des juges qui sera rendue après l’audience de confirmation des charges, le 12 octobre prochain.

Toujours suspect et donc pas formellement encore accusé, le chef rebelle a quitté la Cour pénale internationale comme il était venu : en homme libre. Il a d’ailleurs tenu une conférence de presse dans la foulée de sa comparution pour clamer son innocence et promettre qu’il allait collaborer avec la justice internationale.

Une première dans l’histoire de la CPI

On pourrait même dire que cette comparution est une première, au moins à deux titres, dans l’histoire de cette cour. C’est la première fois qu’une personne suspectée par la CPI se présente de son plein gré devant les juges. C’est aussi la première fois qu’un Soudanais se retrouve devant la justice internationale. Depuis 2005 et l’ouverture des premières enquêtes du bureau du procureur Luis Moreno-Ocampo concernant le Darfour, trois personnalités avaient déjà été mises en cause : le président soudanais Omar el-Béchir, son ministre des Affaires humanitaires, Ahmed Haroun, et Ali Kosheib, le chef de la milice janjawid. Ils n’ont jusque là pas montré de volonté de comparaître devant la Cour.

Assurément, se présentant devant la CPI, Bahar Idriss Abou Garda vient d’envoyer le message suivant : les rebelles du Darfour collaborent avec la justice internationale, lorsqu’ils sont suspectés de crimes, alors que le gouvernement soudanais, lui, multiplie les obstructions et les invectives contre la Cour pénale internationale.