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Mali/Terrorisme

Radicalisation des islamistes

par  RFI

Article publié le 03/06/2009 Dernière mise à jour le 04/06/2009 à 05:19 TU

Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a, pour la première fois, annoncé avoir tué l'un de ses otages. Il s'agit du touriste britannique Edwin Dyer. Le groupe terroriste l'a fait savoir sur internet. L’otage avait été enlevé au Niger, fin janvier. Ses ravisseurs exigeaient la libération d'un islamiste détenu en Grande-Bretagne. La branche nord-africaine du réseau al-Qaïda a donc mis ses menaces à exécution. Les autorités maliennes se concertent actuellement avec des officiels britanniques et suisses pour définir une stratégie. Le groupe islamiste détient toujours un otage suisse.

Photo non datée de l'otage britannique Edwin Dyer, publiée le 18 février 2009.(Photo : Reuters)

Photo non datée de l'otage britannique Edwin Dyer, publiée le 18 février 2009.
(Photo : Reuters)

Dans un communiqué mis en ligne sur un site islamiste, la branche nord-africaine du réseau terroriste revendique l'assassinat d’Edwin Dyer qui avait été enlevé le 22 janvier dernier au Niger, près de la frontière malienne, avec trois autres touristes européens. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a condamné mercredi cet « acte épouvantable et barbare ».

Au Mali, il n’y a pas encore de détails sur la manière dont l’otage britannique aurait été tué par les islamistes. Le climat est plutôt lourd à Bamako. Officiels britanniques et maliens, ainsi qu’officiels maliens et suisses se concertent avec, à la clé : que faut-il faire, comment s’organiser ?

On sait avec précision que l’otage britannique était aux mains d’Abdelhamid Abou Zeid qui détient toujours un ressortissant suisse. Zeid n’est pas un enfant de cœur et dans cette bande sahélo-saharienne, il est considéré comme « très, très dangereux ». 

On assiste donc à une radicalisation des ravisseurs islamistes et il faut s’attendre, cette fois-ci aussi, à une radicalisation des pays de cette zone, dans la lutte contre les islamistes.

Mercredi matin, le Premier ministre britannique Gordon Brown a donné le ton et la couleur en disant « je pourchasserai les terroristes », ajoutant que le Mali aura tout le soutien nécessaire de la Grande-Bretagne pour lutter contre le terrorisme.

Edwin Dyer avait été enlevé en même temps que trois autres touristes. Deux d'entre eux, une Allemande et une Suissesse, ont été relâchées le 22 avril dernier dans le nord du Mali. Il reste donc un ressortissant suisse aux mains des terroristes ; des terroristes qui avaient également enlevé, puis libéré, deux diplomates canadiens.

La Suisse s'est dite « bouleversée » par l'assassinat de l'otage britannique. Malgré tout, Berne s'engage à poursuivre ses efforts pour obtenir la libération de Werner Greiner.

La branche maghrébine du réseau al-Qaïda exigeait la remise en liberté du Jordanien Abou Qatada, considéré comme l'un des membres les plus dangereux du « Londonistan », la mouvance islamiste radicale implantée à Londres.

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

Figure de proue de la mouvance islamiste radicale à Londres, Abou Qatada, aujourd’hui âgé de 48 ans, est arrivé en Grande-Bretagne sous un faux passeport en 1993. Surnommé l' « ambassadeur d'Oussama Ben Laden en Europe », ce Jordanien d’origine palestinienne a été arrêté une première fois en octobre 2002 par les autorités britanniques qui voient en lui une source d'inspiration aux attaques du 11 septembre 2001 contre les États-Unis. On a en effet trouvé 18 cassettes vidéo de ses prêches dans l'appartement de Hambourg utilisé par trois des pirates de l'air.

Brièvement relâché, Abou Qatada a été à nouveau emprisonné en août 2005 après les attentats du 7 juillet à Londres et depuis, les Britanniques cherchent par tous les moyens à l’expulser vers la Jordanie où il a été condamné à deux reprises, en 1998 et 2000 à quinze ans de travaux forcés pour « financement d'un groupe interdit », « liens avec al-Qaïda » et préparation d’attentats.

Mais invoquant les risques de torture qui pourraient être infligés à son client dans les geôles jordaniennes, l’avocate d’Abou Qatada fait appel sur appel. Le dernier date de février 2009 et a été fait auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. Son examen pourrait prendre au moins deux ans et c’est un nouveau revers pour Londres après la décision de cette même cour d’octroyer 2 800 euros d’indemnités à ce religieux radical pour détention arbitraire.