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Guinée-Bissau

La violence politique risque de déstabiliser le pays

par  RFI

Article publié le 06/06/2009 Dernière mise à jour le 06/06/2009 à 19:46 TU

A trois semaines seulement de la présidentielle, une nouvelle vague de violence politique touche la Guinée-Bissau. Au moins quatre personnes dont deux personnalités ont été tuées vendredi 5 juin dans la capitale : l'un des principaux candidats à l'élection, le ministre de l'Administration territoriale Baciro Dabo ainsi que l'ex-ministre de la Défense Helder Proença. Les autorités dénoncent une « tentative de coup d'Etat » dans laquelle les deux hommes auraient été impliqués. De leur côté, les représentants de la communauté internationale en Guinée-Bissau ont souhaité, ce samedi, le maintien de l'élection présidentielle au 28 juin.

Raimundo Pereira, le président de la transition en Guinée-Bissau. ( Photo : AFP )

Raimundo Pereira, le président de la transition en Guinée-Bissau.
( Photo : AFP )

En trois mois, un président, un chef d'état-major, un ancien ministre de la Défense et un candidat à la magistrature suprême ont été abattus. L'ancien Premier ministre,  Faustino Fudut Imbali, donné pour mort vendredi par une source hospitalière et des radios locales, « a été sévèrement battu par les militaires venus l'arrêter » mais « est en vie », a-t-on indiqué ce samedi de source militaire.

 Trois mois après le sanglant assassinat du président Nino Vieira, la Guinée-Bissau s'enfonce dans la violence politique. Cette violence qui a pour soubassement une lutte pour le pouvoir, s'effectue sur fond de règlements de comptes entre factions dissidentes du PAIGC, le parti au pouvoir, mais aussi entre les clans et les regroupements ethniques qui traversent les institutions politiques et militaires du pays.

Officiellement, une dizaine de personnalités sont accusées de comploter contre le régime de transition. Ce qui est certain, c'est que la plupart des personnes arrêtées étaient des adversaires politiques déclarés de l'actuel Premier ministre Carlos Gomez et du chef des forces armées le commandant Zamora Induta.

Vers un report de la présidentielle?

A Bissau certains notent que les opposants sont depuis deux mois systématiquement inquiétés. Ainsi Coumba Yalla le chef de file du principal parti d'opposition a renforcé il y a quelques jours, la sécurité autour de sa résidence, se disant menacé. Le Premier ministre Carlos Gomes actuellement en visite privée à Lisbonne a refusé de commenter les évènements et ne compte par rentrer dans son pays avant le 12 juin prochain.

Cette violence déstabilise à la fois l'armée et les institutions du pays. Certains responsables politiques plus lucides que d'autres ont suggéré de reporter l'élection présidentielle du 28 juin et d'organiser entre temps une grande concertation nationale afin de tenter de rebâtir les bases politiques du pays.

C'est pourtant la compétition électorale qui alimente cette violence. Car à Bissau depuis quelques mois, l'impunité est totale et tous les coups sont permis. « La situation risque fort de déboucher sur une guerre civile », analyse un opposant qui préfère garder l'anonymat pour raison de sécurité.

La campagne démarre ce samedi et le climat risque d'être tendu. Pour l'heure, les autorités bissau-guinéennes n'ont pris aucune décision. Mais la loi électorale oblige en cas de décès d'un candidat à reporter l'échéance.

Inquiétudes

La dérive de la Guinée-Bissau commence à provoquer l'inquiétude de la communauté internationale qui semble pourtant incapable de prendre la mesure du danger. Ban Ki-moon le secrétaire général de l'ONU se dit « consterné », et l'Union européenne condamne la mort des deux leaders politiques, Baciro Dabo et Helder Proença. L'ancienne puissance coloniale, le Portugal, est profondément inquiète mais espère que l'élection présidentielle pourra se dérouler comme prévu à la date du 28 juin.

La RADDHO, l'une des principales ONG de défense des droits de l'homme en Afrique, dont le siège est à Dakar, redoute elle « une somalisation de la Guinée-Bissau ».

Sur place, le Mouvement de la société civile dit quant à lui ne plus avoir confiance dans les autorités. Son porte-parole Mamadou Keita déclare sur RFI : « Notre mouvement condamne avec véhémence ces actes et regrette les morts en même temps nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle envoie le plus rapidement possible une force de paix afin de garantir le fonctionnement normal des institutions de l’Etat et de garantir donc l’intégrité des citoyens et la souveraineté de nos institutions ».