par RFI
Article publié le 09/06/2009 Dernière mise à jour le 09/06/2009 à 16:11 TU
L'annonce de la mort de celui qui était considéré comme le doyen des chefs d'Etat africains a provoqué un hommage unanime à travers tout le continent et nul doute que plusieurs dirigeants feront le déplacement de Libreville, vendredi, pour l'arrivée de la dépouille mortelle.
Le roi du Maroc, Mohammed VI regrette la perte d'un « fidèle ami du royaume », tout comme le président sénégalais Abdoulaye Wade qui salue la mémoire d'un « ami et un frère qui a oeuvré toute sa vie au service de son pays et de l'Afrique ».
Le chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, qui s'était un temps brouillé avec le président Bongo salue un « acteur clé de l'émancipation politique africaine ».
« La Côte d'Ivoire, c'est une question de succession mal réglée ; je souhaite que le Gabon ne rentre pas dans la même situation. »
Le président tchadien Idriss Deby Itno, qui se dit « profondément bouleversé » par le décès de son « grand ami », a décrété un deuil national de trois jours dans son pays.
« C'est le baobab de l'Afrique centrale qui vient de tomber. »
Quant à l'Union des forces de la résistance (UFR) qui rassemble la plupart des factions rebelles tchadiennes, elle rappelle « les efforts du président pour ramener la paix » au Tchad.
Même émotion à Bangui où le pouvoir assure que « c'est une très grande perte pour la République centrafricaine pour laquelle le président Bongo s'était impliqué dans le processus délicat de réconciliation et de pacification ».
« L'Afrique vient de perdre un sage », affirme pour sa part Alain Akouala, le porte-parole du gouvernement du Congo.
A l'Union africaine, même consternation où on déplore « la perte d'un très grand fils de l'Afrique qui a apporté des contributions significatives aux questions du continent ».
Seule voix discordante, celle de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (RADDHO). Pour cette organisation militante, « Il faut fermer la page d'une certaine forme de gestion et de gouvernance en Afrique avec un pouvoir absolu du président qui est une espèce de parrain ».
Le président américain Barack Obama se dit « attristé » par la disparition d'Omar Bongo et souligne son « engagement important à résoudre les conflits à travers le continent ». Les deux mots qui reviennent le plus sont bien : « ami » et « sage ».
Nicolas Sarkozy a salué, lundi, la mémoire d'un « grand et fidèle ami de la France ». Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a évoqué, lui aussi, un « ami ». Selon l'ancien président français, Jacques Chirac, et son épouse Bernadette, Omar Bongo était « un sage qui a œuvré pour la paix et la stabilité ». Le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet a rappellé, de son côté, que le président gabonais « a été de tous les conflits en tant que médiateur ».
Secrétaire d'Etat français à la coopération
« La disparition du doyen africain, président depuis 40 ans, forcément, elle aura un impact sur l’avenir des relations entre le continent africain, le continent européen, mais aussi entre le Gabon et la France. »
Et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le confirme : « Omar Bongo aura joué un rôle clé dans la recherche de la paix et la stabilité ».
Rares sont les voix discordantes. La députée européenne Eva Joly, ancienne juge d'instruction dans l'affaire Elf, a souligné qu'Omar Bongo a davantage servi les intérêts de la France que ceux de ses concitoyens.
Député européenne, ancienne juge d'instruction dans l'affaire Elf
« C’est exactement le symbole de la Françafrique. A travers lui et ses comptes, beaucoup de fonds ont quitté le Gabon au profit des hommes politiques français. »
Enfin, le commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, Louis Michel, dit espérer que la succession du président Bongo permettra de créer « un nouvel espace démocratique au Gabon ».
Commissaire européen à la Coopération et au Développement
« Ce qui m’a toujours frappé, c’est qu’il avait une grande fascination pour la France. Donc, toutes critiques venues ou portées par des Français, le touchait indiscutablement. »
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