Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France

Le spectre de la déflation

par Myriam Berber

Article publié le 12/06/2009 Dernière mise à jour le 12/06/2009 à 16:32 TU

L’inflation en France a enregistré une baisse de 0,3% en mai 2009 par rapport à la même période l’an dernier. Ce recul s’explique principalement par la baisse des matières premières et en particulier celle du pétrole. Le spectre de la déflation se rapproche. Un ralentissement semblable des prix est observable ailleurs en Europe.

Recul général des prix en France et partout ailleurs en Europe.  
(Photo : Reuters)

Recul général des prix en France et partout ailleurs en Europe.
(Photo : Reuters)

On s’attendait à un recul de l’inflation en France et l’Institut national des statistiques (Insee) le confirme. Selon l’Insee, les prix à la consommation ont baissé de 0,3% en mai 2009. Il faut remonter à 1957 pour retrouver une telle baisse annuelle des prix. Ils avaient progressé de 0,2% le mois précédent. Cette forte baisse reflète essentiellement celle des cours des matières premières et notamment du pétrole, qui avaient flambé au printemps et début de l’été 2008. Le cours du pétrole avait ainsi atteint plus de 147 dollars le 11 juillet, il n’en vaut plus que 70 aujourd’hui.

Cette bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des consommateurs pourrait cependant s'avérer néfaste à long terme. Ce mouvement porte en lui un risque, celui de la déflation, c’est-à-dire un recul généralisé et prolongé des prix. Un phénomène jugé dangereux par les économistes. La déflation est généralement le signe d’une récession très grave qui s’auto-entretient et dont il est difficile de sortir. Cette baisse prolongée des prix peut, en effet, se conjuguer à une chute des profits, de l’investissement, de la consommation et donc du produit intérieur brut.

Un remontée des prix avant fin 2009 ?

Un scénario rejeté par la ministre française de l’Economie et des Finances pour qui « la France n’en est pas là ». Selon Christine Lagarde, « cette inflation négative au cours des derniers mois reflète surtout l'influence de la chute du prix du pétrole ». Toujours selon elle, cette inflation en mai « devrait rester temporaire » et « ne traduit nullement une entrée en déflation de l’économie française ».

Pour preuve, l’inflation hors énergie et certains produits alimentaires ne décroche pas. Elle a progressé de 1,6% sur un an. Un point de vue partagé par de nombreux économistes, dont le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui anticipe une remontée des prix avant la fin 2009, dès que l’effet de la baisse des prix de l’énergie sera dissipé.

Un ralentissement semblable des prix est également observable en Europe au mois de mai : moins 0,5% en Irlande, moins 0,8% en Espagne, moins 0,4% en Belgique, tandis qu’en Allemagne, la plus grande économie de la zone euro, l’inflation a été nulle en mai. Dans la zone euro, l’inflation est également attendue à zéro en mai 2009.