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France

Malgré la crise, la consommation résiste encore

par Myriam Berber

Article publié le 24/12/2008 Dernière mise à jour le 24/12/2008 à 17:12 TU

La consommation des ménages a enregistré une hausse timide de 0,3% en novembre 2008 par rapport à octobre. Cette progression s’explique principalement par les dépenses en biens d’équipement du logement et en particulier celles liées aux produits de l’électronique grand public. Mais la consommation des ménages les plus pauvres se contracte.

Pour Noël, des employés d'un magasin « Joué Club » emballent des cadeaux commandés par des clients, à Bordeaux, le 26 novembre 2008.(Photo : AFP)

Pour Noël, des employés d'un magasin « Joué Club » emballent des cadeaux commandés par des clients, à Bordeaux, le 26 novembre 2008.
(Photo : AFP)

Malgré la crise, la plupart des ménages français ne feront pas l’impasse sur les achats de Noël. Mais les premiers indicateurs de la fin novembre et du début décembre laissent penser pour l'instant que les Français vont se montrer particulièrement économes. Selon les distributeurs, ils achètent autrement. Ils font des cadeaux plus utiles, moins chers et passent davantage de temps à comparer les prix, préférant les magasins discount aux grandes marques. La tendance à acheter au dernier moment s’est aussi confirmée cette année. En cette période de crise, les consommateurs profitent des promotions des derniers jours pour faire leurs emplettes. Chronopost, chargé de livrer des achats en ligne, aurait pulvérisé son record historique en acheminant 436 220 colis en une seule journée.

Alors que tous les pans de l’économie souffrent - production industrielle, commerce extérieur, investissement -, la consommation des ménages français décroche moins vite que chez nos voisins européens. En novembre, les dépenses en produits manufacturés ont progressé de 0,3%, après avoir baissé de 0,5% en octobre, selon des données publiées mardi par l’Institut national des statistiques (Insee). Les économistes tablaient plutôt sur une contraction de 0,2%. Pour bon nombre de spécialistes, cette résistance coïncide avec le repli de l’inflation qui ne progresse plus sur un an que de 1,6% en novembre contre 2,7% le mois précédent. Il s’agit du taux le plus bas depuis septembre 2007. Cette baisse des prix reflète essentiellement celle des prix du pétrole.

Restrictions pour les plus pauvres

Ce sont surtout les achats d’électronique grand public et d’équipement du logement qui ont soutenu la consommation des ménages, avec une hausse de 3,4% sur novembre. En revanche, les ménages ont continué à réduire leurs dépenses en matière d’habillement, et même si la prime à la casse du gouvernement commence à redynamiser les ventes de voitures neuves, l’automobile a poursuivi sa chute de 2,1% en novembre. Selon le ministre de la Relance, Patrick Devedjian, cette prime à la casse de 1 000 euros devrait entrainer « la vente de l’ordre de 100 000 voitures supplémentaires sur une année ».

Mais si la consommation globale des ménages se maintient en France, celle des plus pauvres se contracte. 66% des ménages pauvres ont restreint leurs dépenses alimentaires, et 59% affirment qu'ils dépenseront moins à Noël que l'an passé, selon le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) qui a publié, le 23 décembre 2008, un nouveau baromètre social à la demande du haut-commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch. « Tous les Français disent ressentir les effets de la crise, mais celle-ci touche essentiellement les plus faibles », estime Mathieu Angotti, co-auteur de l’enquête du Crédoc, citant plusieurs « facteurs de fragilité » : avoir de faibles revenus, avoir moins de trente ans, des enfants, être au chômage ou locataire. La situation de loin la plus critique est celle des familles monoparentales.

L’e-commerce freiné par la crise

En général, en période de crise, la population restreint les dépenses de loisirs, d’habillement et les achats d’électro-ménager. Chez les plus pauvres, on retrouve une contraction de ces trois postes, mais il faut y ajouter l’alimentation, le téléphone et les dépenses de santé. Près de 30% des ménages pauvres renoncent ainsi aux soins dentaires et optiques. Et si la crise conduit tout le monde à comparer davantage les prix, les ménages pauvres, selon le Crédoc,  privilégient plus que les autres les magasins à bas prix (discount) et se refusent tout achat « coup de tête ».

Le commerce en ligne fait également les frais de la crise. Le mouvement est moins sensible, mais bien réel. La Fédération des entreprises de vente à distance (Fevad) a révisé ses prévisions pour la fin de l’année. Le chiffre d’affaires des cybermarchands, qui avait progressé de 34% en 2007, ne devrait plus grimper que de 27% en 2008 pour représenter 20,4 milliards d’euros. Les années précédentes, les internautes choisissaient la Toile pour son côté pratique : éviter les bousculades dans les magasins, faire les courses la nuit. Cette année, le prix est la première motivation des acheteurs en ligne pour près de 70 % d’entre eux, selon la Fevad. Les consommateurs à petit budget choisissent le réseau Internet pour faire la chasse aux bonnes affaires et profiter de promotions encore plus importantes. « On ressent les effets de la crise. Pour la première fois, le montant moyen de la transaction est stable à 93 euros, alors qu'il augmentait de 3% à 4% d'un trimestre à l'autre. Et pour la première fois, les internautes déclarent utiliser davantage les comparateurs de prix », explique Marc Lolivier, délégué général de la Fevad.