par Myriam Berber
Article publié le 03/07/2009 Dernière mise à jour le 03/07/2009 à 21:28 TU
A première vue, un problème de maintenance est la première hypothèse pour expliquer le crash de l’A310. Tous les soupçons s’orientent vers la Yemenia Airways. Déjà en juillet 2007, cet appareil avait subi un contrôle SAFA (programme européen d'évaluation de la sécurité des aéronefs étrangers) à Marseille, au cours duquel les inspecteurs avaient relevé une vingtaine d'anomalies majeures. Une fois ces anomalies rectifiées, l'A310 avait pu redécoller. Par la suite, il n’était jamais revenu se poser en France.
Des défauts de maintenance
Même si elle ne figurait pas sur la liste noire des compagnies interdites de vol dans l’Union européenne, la compagnie yéménite était sous étroite surveillance de l’UE pour des erreurs dans la maintenance de ses appareils. Des manquements avaient été décelés par les autorités compétentes de la France, de l’Allemagne et de l’Italie lors d’inspections au sol (cf. Règlement de la Commission européenne du 24 juillet 2008).
Autre fait important : en février 2009, lors d’un contrôle mené au siège de la compagnie à Saana, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) avait décidé de suspendre le certificat de navigabilité des deux A310 qui volaient sous immatriculation française ainsi que l’agrément de l’atelier de maintenance de la Yemena Airways.
En revanche, les deux autres A310 sous immatriculation yéménite avaient toujours l’autorisation de voler sur l’Europe, car leur certificat de navigabilité dépendait de la direction de la Cama, l’aviation civile yéménite. L’avion qui s’est écrasé lors de son approche sur l’aéroport de Moroni, capitale des Comores, disposait d’une immatriculation yéménite. Déjà en 2004, un audit mené par l’Organisation de l’aviation civile international (OACI) avait souligné les défaillances de la Cama dans son rôle de contrôle de la sécurité aérienne.
La liste mondiale des transporteurs aériens interdits
Les autorités françaises et des membres de la communauté comorienne de France ont mis en cause l'état de l'appareil et des défauts de maintenance. Des accusations rejetées par Yemenia Airways pour qui l’A310 accidenté était en parfait état de vol et de fonctionnement. Sa dernière inspection datant du 2 mai 2009 avait été effectuée sous la supervision d’un agent d’Airbus.
Cette affaire soulève une nouvelle fois des questions sur la sécurité des compagnies «low cost». Pour le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau, la compagnie Yemenia a « de très gros efforts à accomplir si elle ne veut pas faire partie de la liste noire des transporteurs aériens interdits ». Interviewé vendredi matin sur la chaine privée de radio RTL, le secrétaire d'Etat français a également annoncé la mise en ligne sur le site internet de la Direction de l'aviation civile (DGAC) de la liste noire des compagnies interdites, et a réitéré son souhait de la mise en place d'une liste mondiale. Les responsables de Yemenia ont été convoqués à Bruxelles la semaine prochaine.