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Italie / G8

Régulation financière et réchauffement climatique : le G8 se mobilise

par Myriam Berber

Article publié le 07/07/2009 Dernière mise à jour le 07/07/2009 à 21:25 TU

Les dirigeants des huit pays les plus riches se réunissent du 8 au10 juillet 2009, en Italie, à l’Aquila, une ville frappée par un séisme en avril dernier. L’état de l’économie mondiale, la régulation financière mais aussi la lutte contre le réchauffement climatique et l’aide au développement sont les dossiers forts de cette rencontre. Un autre débat agite les huit membres du club : le G8 doit-il rester figé dans sa composition actuelle, ou bien s’élargir afin d'inclure les grandes économies émergentes?
La salle de réunion où les membres du G8 tiendront leurs groupes de travail, à L'Aquila, le 7 juillet 2009.(Photo : Reuters)

La salle de réunion où les membres du G8 tiendront leurs groupes de travail, à L'Aquila, le 7 juillet 2009.
(Photo : Reuters)

La relance de l’économie mondiale, et notamment les stratégies de sortie de crise devraient largement occuper les discussions des chefs d’Etats des sept pays les plus industrialisés (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Italie) et de la Russie (G8). L’occasion de faire le bilan de l’état de l’économie mondiale entre deux sommets du G20, celui de Londres en avril, et celui de Pittsburg, aux Etats-Unis, en septembre.

Les travaux de réforme du capitalisme avancent pas à pas. Si des efforts ont été accomplis sur la question des paradis fiscaux, beaucoup reste encore à faire sur la surveillance des marchés et la régulation financière. Dans ce domaine, les Italiens, hôtes de ce G8, comptent présenter un accord sur les normes internationales baptisé « cadre de Lecce » qui couvrirait la rémunération des patrons, la gouvernance des entreprises, le système bancaire, la fiscalité et la régulation des marchés financiers.  

Limiter le réchauffement en dessous de 2°C

Les détracteurs de cet accord estiment qu’il reprend les règles existantes, qu’il est trop large pour être efficace et trop inoffensif car il n’inclut pas assez de sanctions. Des divergences apparaissent notamment entre l’Allemagne et la France, avocates d’une régulation plus dure et la Grande-Bretagne, opposée à l’adoption de règles trop contraignantes pour préserver les intérêts de la City. Les résistances sont également nombreuses du côté des banques qui ne semblent pas prêtes à tirer un trait sur leur système passé.

Autre sujet de discussion à l’ordre du jour de cette réunion : la lutte contre le réchauffement climatique. A l’approche de la conférence de Copenhague de décembre sur le climat, les pays du G8 qui émettent 40% des émissions de gaz à effet de serre, doivent s’accorder sur l’objectif de limiter le réchauffement global en dessous de deux degrés celsius, ce qui nécessitera une réduction des émissions de CO2 globales d'au moins 50%  en 2050. Mais cela ne sert à rien si les pays émergents ne sont pas associés à ces décisions.

Le G8 est mort

En effet, à quoi bon réfléchir au dérèglement climatique sans la Chine, troisième économie mondiale en plein développement. Ou discuter du prix du pétrole sans l'Arabie Saoudite, premier producteur mondial ? Aussi puissants soient-ils, les huit pays les plus riches du monde ne peuvent plus régler, seuls, les problèmes majeurs de la planète. Ce sommet du G8 sera donc suivi jeudi et vendredi par une réunion en format G13 (G8 plus Chine, Inde, Mexique, Brésil, Afrique du Sud) et une autre au format G20 (les pays riches et les puissances émergentes). Sur certains sujets, le G8 et le G20 ont déjà adopté des positions communes. Dans une tribune publiée mardi 7 juillet dans le quotidien Libération, les présidents français Nicolas Sarkozy et brésilien Luiz Inacio Lula da Sivla ont affirmé qu’« au-delà de l’économie et du système financier, il fallait  accorder une attention prioritaire à la dimension sociale de la mondialisation pour faire face à la crise ».  

Comme certains chefs d’Etat, bon nombre d’experts estiment que le G8 est appelé à se réformer ou disparaître. Mais l’idée d’une réunion en format G13 ou G20 soulève de nombreuses réticences et notamment du Japon, farouchement attaché au principe du G8. L’unique pays asiatique membre du G8 redoute l’entrée de la Chine et de l’Inde qui pourraient porter un coup à son influence. Le Japon s’oppose également à l’entrée de la Chine, car cette dernière lui bloque l’accès à un droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU.

Les chefs d’Etats du G8 termineront leurs travaux vendredi par une matinée consacrée à l’Afrique à laquelle participeront notamment l’Ethiopie, l’Angola, le Nigéria, la Libye et l’Algérie. Le Gabonais Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine (UA) est également invité. Les pays en développement attendent fermement du G8 que les propositions prises en 2005, lors du sommet de Gleneagles en Ecosse ne restent pas lettre morte. Selon eux, moins d’un quart des 25 milliards de dollars d’aide supplémentaire promis à Gleneagles pour 2010 ont effectivement été débloqués.

Silvio Berlusconi accueille le sommet G8 en Italie

L'endroit choisi est pour le moins original. Il s'agit de la ville l'Aquila en avril devenue le théâtre d'un tremblement de terre désastreux - aujourd'hui, hôte pour les 8 dirigeants les plus puissants de la planète.

Une occasion en or pour Silvio Berlusconi qui veut faire oublier les récents scandales autour de sa personne. En tout cas, le président Giorgio Napolitano a appelé à une «trêve» des polémiques avant cet « important et délicat rendez-vous ».

L'Aquila - ce vaste champ de ruines servira de scène géante à Silvio Berlusconi. Entre églises effondrées et tas de décombres, le chef du gouvernement italien compte redorer son image, ternie par les scandales entourant sa vie privée. Le décor sera tout autre que celui dont le «Cavaliere» a le secret : exit donc les jolies filles torse-nu, les Noemis et les Patricias. Voici les hommes et les femmes victimes du séisme, figurants malgré eux d'une opération de communication. Cela donne des images un peu moins pimentées, mais si émouvantes que le public oubliera peut-être les frasques de Silvio Berlusconi.

Au début, les Italiens pensaient que leur Premier ministre faisait l'une de ses fameuses blagues, quand il annonçait - au lendemain du tremblement de terre en avril - vouloir déplacer le sommet du G8 de l'île de Sardaigne vers l'Aquila. «Génial», disait les uns, «quel mauvais goût», répondaient les autres. Pour l'intéressé lui-même, ce sommet sera l'occasion de retrouver sa crédibilité, surtout à l'étranger... à moins que de nouvelles photos gênantes ne soient publiées. Une menace d’ores et déjà agitée par le Sunday Times.

RFI