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Japon G8

Réchauffement climatique : un engagement a minima

par Myriam Berber

Article publié le 08/07/2008 Dernière mise à jour le 08/07/2008 à 15:54 TU

La rivière Gan en Chine, premier pollueur de la planète.(Photo : AFP)

La rivière Gan en Chine, premier pollueur de la planète.
(Photo : AFP)

Les dirigeants des sept pays les plus industrialisés (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Italie) et de la Russie (G8) se sont mis d’accord, mardi 8 juillet 2008, sur la nécessité d'une réduction d'au moins 50% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2050. Ce texte qui n’est pas contraignant pour les signataires, ouvre la voie aux négociations de l’ONU pour un accord mondial à la fin 2009.

En 2007, à Heiligendamm en Allemagne, les dirigeants du G8 s’étaient simplement engagés à examiner une réduction d’au moins 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Mais cette fois, sur les rives du lac Toyako dans l’île d’Hokkaido au Japon, ils sont allés plus loin. Lors de leur deuxième journée de discussions, les chefs d'Etat du G8 ont souhaité « envisager et adopter lors des négociations sous l’égide de l’ONU sur les changements climatiques un objectif de réduction d’au moins 50% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2050 », selon une déclaration adoptée mardi 8 juillet 2008.

Pour cela, les Etats-Unis ont infléchi leur position. Ils avaient jusqu’à présent refusé tout engagement chiffré et daté que ne partageraient pas les grands pays émergents, comme la Chine et l’Inde. Washington a toutefois obtenu qu'aucune date précise ne soit mentionnée pour les objectifs à réaliser à moyen terme, avant 2050. Sur ce point, le président américain George W. Bush a obtenu gain de cause en gommant du texte soumis par la présidence japonaise, la date de 2025. En effet, le texte évoque l’importance d’arrêter « des objectifs à moyen terme et des plans nationaux» de réductions des émissions, définis pays par pays, sans spécifier la date retenue pour ce « moyen terme » ou « la valeur numérique » des réductions à atteindre.

Un accord mondial pour 2009

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso s’est déclaré « heureux » que cet accord « garde le monde sur les rails pour un accord mondial en 2009 », lors de la future conférence climat de l’ONU, à Copenhague. De leur côté, les pays du G5 (la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud) ont jugé « insuffisants », ce mardi, les progrès accomplis par le G8 sur la question du changement climatique. Ils ont demandé au G8 d'établir des objectifs à moyen terme de réduction des émissions polluantes. « Il est essentiel que les pays développés montrent la voie et réduisent en 2020 leurs émissions de gaz à effet de serre (...) d'au moins 25 à 40% par rapport à leur niveau de 1990 et en 2050 de 80 à 95% » par rapport à cette même date, ont-ils déclaré dans un texte commun, lu par le président mexicain, Felipe Calderon.

Cette question climatique sera à nouveau au menu de la journée de mercredi, avec une réunion au format G13 : G8 plus G5 et une autre au format G16 avec l’Indonésie, la Corée du Sud et l’Australie. Cette absence d’objectifs contraignants fait dire à bon nombre d’experts et aux associations de défense de l’environnement que cet engagement du G8 a tout de l’effet d’annonce. Selon Greenpeace, « le G8 repousse une nouvelle fois l’action ». Le WWF, quant à lui, regrette « l’absence d’objectifs chiffrés et concrets à moyen terme ». 

Deux fonds pour lutter contre le réchauffement climatique

Depuis la conférence de Bali sur le climat en décembre 2007, les négociations internationales se sont, en effet, intensifiées pour parvenir à un accord à la fin 2009 sur la suite à donner à la première phase d’engagements du protocole de Kyoto qui expire fin 2012. Première phase à laquelle Washington n’a pas adhéré. Selon la convention de l’ONU sur le climat qui reconnait une responsabilité historique des pays industrialisés dans le réchauffement climatique, ces derniers sont invités à donner l’exemple afin d’inciter les pays émergents à s'engager à leur tour dans des programmes de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Toujours dans le but de lutter contre le réchauffement climatique, les dirigeants du G8 ont, par ailleurs, annoncé qu’ils soutiendraient le lancement de 20 projets expérimentaux de capture et stockage de carbone d’ici à 2010 en apportant notamment 10 milliards de dollars par an au cours des prochaines années. Les pays du G8 soutiennent également la création par la Banque mondiale de deux fonds pour lutter contre le réchauffement climatique, auxquels ils apporteront six milliards de dollars. Le premier, baptisé Fonds pour les technologies propres, devrait accorder des prêts à taux préférentiels à des pays pauvres qui souhaitent mettre en place des programmes environnementaux. Par exemple : développer les énergies renouvelables ou encore monter des projets de technologie à basse consommation d’hydrocarbures, dans l’idée de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le deuxième fonds, baptisé Fonds stratégique pour le climat, devrait financer des programmes test sur les façons innovantes de gérer le changement climatique.