par Myriam Berber
Article publié le 07/07/2008 Dernière mise à jour le 07/07/2009 à 14:14 TU
Les dirigeants des pays du G8 (Italie, Russie, Allemagne, Royaume-Uni, Japon, Etats-Unis, Canada, France) et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
(Photo : Reuters)
Dans une ambiance ultra-sécuritaire, les dirigeants des pays du G8 ont commencé, lundi 7 juillet 2008, leurs travaux par une session africaine. Sept pays africains (Afrique du Sud, Algérie, Sénégal, Ghana, Tanzanie, Nigeria, Ethiopie) ont répondu présents pour aborder la question de l’aide au développement. Ces pays attendent fermement du G8 que les promesses prises en 2005, lors du sommet de Gleneagles en Ecosse, ne restent pas lettre morte. Selon eux, moins d’un quart des 25 milliards de dollars d’aide supplémentaire promis à Gleneagles pour 2010 ont effectivement été débloqués. Les pays du G8 ont débattu également avec les pays africains du calendrier d’autres engagements d’aide au continent, et notamment celui de verser 60 milliards de dollars pour lutter contre le sida et la malaria, annoncé en 2007 à Heiligendamm en Allemagne. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, présent à Toyako a annoncé, lundi, qu’il allait proposer aux Vingt-Sept de créer un fonds doté d’un milliard d’euros pour soutenir l'agriculture dans les pays en développement.
Cette journée africaine de Toyako sera suivie, mardi, par le sommet du G8 proprement dit, consacré à l’économie mondiale. L’impact de la crise pétrolière dans le monde devrait largement occuper les discussions, et notamment l'étude des moyens susceptibles de ramener le calme sur le marché de l’or noir. Autour de 145 dollars le baril, le pétrole déstabilise les économies. L’inflation qui en résulte menace la reprise d’une économie mondiale qui n’est toujours pas complètement remise de la crise des crédits hypothécaires à risques (« subprimes »).
Pétrole cher et inflation
Les pays du G8 devraient redire leur souhait de voir l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) augmenter sa production pour faire baisser les cours. Ils devraient également appeler à une plus grande transparence des informations du marché du pétrole, notamment concernant les stocks et la taille des flux financiers qui entrent sur le marché. Le G8 devrait rappeler son souhait que les pays émergents réduisent leurs subventions à l’essence pour modérer la demande intérieure, et donc les cours. La nécessité d’économiser l’énergie en développant des sources d’énergies alternatives devrait être mentionnée.
Le G8 devrait aussi s’engager à lutter contre la crise alimentaire, en appelant à lever les restrictions aux exportations de denrées. La France souhaite que les propositions faites au sommet de la FAO début juin par Nicolas Sarkozy en faveur d’un partenariat mondial sur la sécurité alimentaire soient reprises. Autre sujet de discussion à l’ordre du jour de cette réunion : les pressions inflationnistes. Le doublement du prix du baril conjugué à l’augmentation des prix denrées alimentaires en un an a poussé l’inflation à des niveaux records. La dépréciation du dollar devrait aussi être évoquée en raison de son lien avec la hausse du pétrole. La faiblesse continue du dollar contribue, en effet, à orienter les investisseurs à miser sur les matières premières, comme le pétrole, dont les transactions sont libellées en dollar. Le président américain George Bush, qui assiste à son dernier sommet, devrait redire son souhait d’un dollar fort.
La question de l’après Kyoto
Le climat, priorité de la présidence japonaise, sera abordé lors de la journée de mercredi, avec une réunion en format G13 : G8 plus la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud. La France a demandé que les pays émergents soient autour de la table. Peu d’avancées sont attendues. La question de l’après Kyoto en 2012 reste ouverte. L’an dernier, à Heiligendamm, le G8 s’est engagé à examiner une réduction d’au moins 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Les débats s’annoncent houleux. Le Canada, les Etats-Unis et la Russie militent pour que les pays émergents, comme la Chine et l’Inde, réduisent leurs émissions de CO2. De leur côté, ces derniers attendent que les pays du G8 donnent l’exemple les premiers. Lors de ce sommet, le Japon, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis devraient proposer la création par la Banque mondiale d’un fonds pour les technologies propres qui aiderait à financer les projets d’énergie non polluante dans les pays en développement. Pour l’heure, le projet repose sur les promesses des pays donateurs, qui devront se concrétiser dès la fin de l’année.
En marge du sommet, se tiennent de nombreuses réunions bilatérales, et parmi elles ce lundi une rencontre entre les présidents français et algérien. Nicolas Sarkozy a fait savoir, lundi à Toyako, après l’entretien avec Abdelaziz Bouteflika, que le président algérien serait bien à Paris, dimanche 13 juillet 2008, pour le lancement de l'Union pour la méditerranée (UPM). Cela fait des semaines que l'Algérie entretenait le suspens. La plupart des 44 chefs d'Etat et de gouvernement invités devraient finalement en être, à l'exception du Libyen Mouammar Kadhafi, qui n'y délèguera qu'un simple observateur.
A écouter
« C'est la première fois qu'autant de dirigeants africains étaient invités à un sommet du G8...Sur le Zimbabwe, France et Etats-Unis demandent des sanctions à l'ONU, tandique que l'UA et l'Afrique du Sud veulent privilégier un gouvernement d'union nationale... »
08/07/2008
« Si on prend l'engagement d'il y a trois ans de doubler l'aide au développement d'ici 2010, chacun s'accorde à dire qu'on en est loin. »
08/07/2008
A lire