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Conjoncture mondiale

L’inflation au plus haut

par Myriam Berber

Article publié le 11/06/2008 Dernière mise à jour le 11/06/2008 à 16:56 TU

Le taux d'inflation de la zone euro ne cesse d'augmenter depuis 2007.(Photo : UE/RFI)

Le taux d'inflation de la zone euro ne cesse d'augmenter depuis 2007.
(Photo : UE/RFI)

En France comme partout dans le monde, le problème de l’inflation prend de l’ampleur. En cause principalement : l’augmentation du prix du pétrole et des matières premières agricoles. Pour enrayer l’inflation, l’offensive s’organise. Les dirigeants des banques centrales américaine et européenne ont laissé sous-entendre une remontée des taux d’intérêt.

Plus de 0,5% pour le seul mois de mai. La flambée du coût des matières premières a porté l’inflation en France à 3,3% sur un an. En Espagne également, le rythme de l’inflation s’est accéléré en mai pour atteindre 4,7% sur un an, le plus haut depuis au moins 11 ans. Le spectre de l’inflation secoue également l’Afrique et l’Asie. Le Burkina Faso enregistre une poussée inflationniste de plus de 6,9%. En Egypte, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 21,1% en mai 2008 par rapport à l'année précédente.

Les monarchies pétrolières ne sont pas épargnées. Les recettes pétrolières record grâce à la flambée des cours du brut ont favorisé des liquidités abondantes, dans certains cas, la masse monétaire dans les pays du Golfe a gonflé de plus de 20%. Ceci a eu pour résultat d’alimenter l’inflation. En 2007, elle a atteint 11% aux Emirats arabes unis et 14% au Qatar. L’Arabie Saoudite, connue pour sa maîtrise de l’inflation, annonce un taux de 4,1% en 2007. L’inflation inquiète également en Asie où les manifestations se multiplient contre la vie chère et les prix élevés du carburant. D’autant que l’Inde, la Malaisie et l’Indonésie viennent de revoir leur politique de subventions à l’essence. En Chine, l’inflation sur un an était de 8,5% en avril 2008, après avoir atteint un pic de 8,7% en février.

Augmenter le loyer de l’argent

Désormais, la priorité est de combattre l’inflation et non plus seulement lutter contre les menaces de récession liées à la crise des crédits hypothécaires à risques (« subprimes »). Ces deux dangers appellent des remèdes contradictoires : baisser les taux d’intérêt pour soutenir la croissance et les relever pour enrayer l’inflation. La Banque centrale du Canada a annoncé, mardi, à la surprise générale le maintien de son taux directeur à 3%. Et ce malgré la stagnation de l'économie canadienne. La Banque centrale de Chine a choisi d’augmenter, pour la cinquième fois de l'année, le taux de réserves obligatoires des banques commerciales, afin de limiter le crédit disponible et juguler l’inflation. Mardi toujours, les banques centrales de Corée du Sud, d’Inde, de Thaïlande et des Philippines sont intervenues pour défendre leurs monnaies, en recul face au dollar et frappées par la hausse des prix des matières premières.

Un durcissement de la politique monétaire semble également nécessaire pour les dirigeants des banques centrales américaine et européenne. Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke a indiqué, mardi, que son institution « résisterait fortement à une érosion des attentes d’inflation à long terme, car un dérapage de ces attentes risquerait de déstabiliser la croissance autant que l’inflation ». Des propos interprétés par les investisseurs comme l’annonce d’une prochaine hausse des taux américains. La Fed qui a fait baisser ses taux directeurs depuis septembre de 5,25 % à 2 %, pourrait mettre fin à ce cycle lors de la prochaine réunion de son comité de politique monétaire, avant la fin de l’année. Peu avant Ben Bernanke, le ministre du Trésor Henry Paulson avait, lui aussi, déclaré que « pour enrayer la chute du billet vert, des interventions de change n’étaient pas à exclure ».

Des dispositifs de gel des prix

La banque centrale européenne a maintenu, la semaine dernière, son taux directeur à 4%, pour le douzième mois consécutif mais son président Jean-Claude Trichet a évoqué, lundi, une éventuelle hausse de taux lors de la prochaine réunion monétaire le 3 juillet pour contrer les pressions inflationnistes, affirmant qu'elle n'était « pas certaine mais possible ». L’objectif de base de l’Institut de Francfort est de juguler les risques de l’inflation. Jean-Claude Trichet aime à rappeler que sa mission est de protéger les citoyens de la zone euro, en évitant une hausse de l'inflation grâce à sa politique de taux d’intérêt. Des taux trop bas encouragent, en effet, la hausse des prix à la consommation. La flambée du prix du pétrole et des matières premières ont porté l’inflation dans la zone euro à 3,6%, alors la BCE s’est fixé pour but de la maintenir sous la barre des 2%.

Pour contenir les prix mais aussi les menaces de pénuries alimentaires, plusieurs gouvernements, dont la Russie, ont également décidé de jouer sur le niveau des taxes à l’exportation de certains produits comme le blé, l’orge, le lait et les produits laitiers. La Chine a d’une part mis en place un dispositif de gel des prix et, d’autre part, offert des aides aux agriculteurs pour augmenter les productions de produits laitiers. L’Egypte, la Jordanie ou encore le Maroc multiplient les subventions ou baissent les taxes sur les importations. Ces mesures et d’autres devraient être évoquées, vendredi 13 et samedi 14 juin 2008, lors de la réunion des ministres de l'Economie des huit pays les plus industrialisés (G8) à Osaka, au Japon.